PARIS: A gauche, seule famille politique dont le casting reste incertain à moins de 100 jours du premier tour de la présidentielle, les prochaines semaines vont être décisives, entre efforts pour l'union et écrémage des candidatures.
Janvier 2022 a été souvent cité par les responsables de gauche comme la date butoir de toutes les ambitions. A savoir: libre à tous de candidater. Mais à la fin du mois, il n'en restera qu'un ou deux.
Pour cela, une sélection darwinienne devra s'opérer. Car pour l'heure subsistent cinq candidatures principales à gauche, auxquelles il faut ajouter l'ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, qui "envisage" de se présenter mi-janvier.
Elle et la socialiste Anne Hidalgo plaident pour une primaire qui déboucherait sur une candidature unique, au moins dans l'espace de la "social-écologie".
"Le mois de janvier, c'est le mois de la gauche comme celui de novembre a été celui de la droite", avant le vote du congrès LR début décembre, prévoit Mathilde Imer, l'une des responsables de la "Primaire populaire".
Ce collectif citoyen avait vu venir depuis longtemps le statu quo à gauche où aucun candidat ne rivalise dans les sondages avec les droites et Emmanuel Macron. Il organise du 27 au 30 janvier une "investiture populaire", qui se déroulera avec ou sans le consentement des candidats, avec en jeu le soutien des centaines de milliers (actuellement plus de 300.000) d'inscrits.
"On voit bien le flottement qui existe entre candidats qui se regardent les uns les autres. Or le rassemblement a déjà eu lieu chez les citoyens", assure Mathilde Imer.
Janvier est aussi la fenêtre de tir choisie par Christiane Taubira, qui mise sur son prestige auprès d'une partie de la gauche. "La primaire n'est qu'une des options, il faut qu'il y ait les conditions", glisse à l'AFP un membre de son entourage.
"Elle était attendue mais aussi redoutée par les autres candidats", souligne Guillaume Lacroix, président du PRG et soutien de Mme Taubira, qui l'assure: "Les échanges vont bon train".
Le mauvais joueur
Pas avec les écologistes en tout cas, qui pensent que c'est trop tard. "On ne se réveille pas à 100 jours de l'élection", cingle Delphine Batho, coordinatrice des porte-parole de Yannick Jadot. "Notre stratégie c'est l'écologie, l'écologie, l'écologie", dit-elle, inflexible. Les mains tendues de Mmes Taubira et Hidalgo ? "Nous ne sommes pas là pour régler les problèmes des socialistes".
François Lamy, ex-ministre socialiste passé à l'automne conseiller de Yannick Jadot, tacle une "candidature de Taubira qui ajoute un peu plus de confusion. Pas besoin d'attendre la mi-janvier pour savoir qu'elle ne mettra personne d'accord".
Le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon, en tête à gauche mais sans tuer le match dans les sondages, est du même avis: "Ce ne serait pas sérieux de dire +on recommence tout à zéro à moins de 100 jours+", a-t-il pesté lundi.
"Taubira n'arrivera pas à créer de dynamique, ce n'est pas l'art oratoire qui fait l'élection mais le contenu", parie l'ancien porte-parole de l'écologiste Sandrine Rousseau, Thomas Portes, pourtant "pas défavorable à l'union mais il y a deux ans", et désormais membre de la campagne de l'Insoumis.
Dans l'entourage d'Anne Hidalgo, comme chez les candidats rivés autour des 2%, Fabien Roussel (PCF) et Arnaud Montebourg ("Remontada"), on fait mine d'écarter tout renoncement.
La maire de Nantes Johanna Rolland, directrice de campagne de la socialiste, note que "ce qui peut faire bouger les choses (...), c'est que Yannick Jadot puisse dire +oui la gauche et les écolos participent à une primaire+".
Un partisan de l'union souffle aussi en privé que la clé est le candidat écologiste, dont la campagne peine à décoller: "Celui qui pâtit des appels à l'union et passe pour le mauvais joueur c'est Jadot. Mais le jour où il fait un pas de côté, c'est le tour de Mélenchon. Le piège peut se refermer sur lui et il l'a très bien compris, c'est pour ça qu'il tape."