LE CAIRE: L'Égypte a émis mardi ses toutes premières obligations souveraines vertes, les premières au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la volonté du pays de mettre en œuvre des projets d'énergie renouvelable pour lutter contre la pollution.
Les obligations vertes sont des titres de créance (dette) qui permettent d'obtenir des financements pour des projets liés au climat ou à l'environnement, explique un communiqué du ministère égyptien des Finances.
L'État a fait appel aux banques Crédit agricole, CIB et HSBC Holding pour le conseil structurel. Citigroup, Crédit agricole, Deutsche Bank et HSBC ont été engagées comme cogérantes de ce projet.
Le ministre égyptien des Finances, Mohamed Maait, a annoncé que la mise en vente des obligations souveraines vertes sur les marchés mondiaux renforcerait la confiance des investisseurs étrangers dans l'économie égyptienne. Cette initiative favorisera de même la croissance actuelle et future du pays, attirera les investisseurs intéressés par les revenus environnementaux et financiers, et améliorera la notation environnementale du pays.
Par ailleurs, l'Égypte dispose d'un portefeuille de projets verts éligibles d'une valeur de 1,9 milliard de dollars: 16 % sont consacrés aux énergies renouvelables, 19 % aux transports non polluants, 26 % à la gestion durable de l'eau et des eaux usées, et 39 % à la réduction et au contrôle de la pollution.
Selon M. Maait, Vigeo Eiris, une société du groupe américain de services financiers Moody's, a réalisé un examen et une évaluation indépendants, conformément aux priorités stratégiques de l'Égypte en matière de durabilité.
«La deuxième partie nous a donné un avis solide en faveur de la qualité des projets écologiques éligibles», a-t-il ajouté.
D’après le ministre des Finances, les recettes des obligations vertes seront consacrées au financement de projets qui traduisent l'engagement de l'Égypte envers les objectifs de développement durable des Nations unies.
Marina Weiss, directrice régionale de la Banque mondiale (BM) pour l’Égypte, a déclaré que la BM était prête à partager son savoir et son expérience avec le gouvernement, et à fournir l'assistance technique nécessaire à l'allocation des fonds après l'émission des obligations vertes et à la préparation des rapports annuels nécessaires.
Varnam Pedgoli, en charge des obligations durables chez HSBC, et Antoine Rose, responsable du développement durable au Crédit agricole, ont déclaré que le plan d’action de l'Égypte en matière d’obligations vertes était conforme aux principes des obligations vertes de l'Association internationale des marchés de capitaux (ICMA). Il intègre en effet les procédures suivies pour assurer la transparence tout en maintenant les meilleures pratiques internationales.
Pour l'économiste Abdelrahman Taha, l'économie verte est une tendance mondiale qui aura un impact positif sur le budget de l'Égypte et renforcera le volume des investissements étrangers. Il estime que les obligations vertes seront très populaires en Égypte.