BAGDAD : Bagdad n'est "pas content" que Washington menace de fermer son ambassade et de retirer ses soldats et diplomates du pays, car un tel retrait serait "dangereux", a déclaré mercredi le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein.
Plusieurs sources politiques et diplomatiques ont confirmé à l'AFP que le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, avait posé la semaine dernière un ultimatum à l'Irak: soit les attaques -- notamment les tirs de roquettes visant son ambassade à Bagdad -- cessent, soit Washington ferme son ambassade et rappelle ses 3.000 soldats et ses diplomates.
"Un retrait américain pourrait mener à plus de retraits" d'autres pays, également engagés dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), ce qui serait "dangereux car l'EI menace l'Irak mais également toute la région", a-t-il poursuivi.
"Nous espérons que les Etats-Unis reviendront sur leur décision" qui est pour l'instant "préliminaire", a encore dit le chef de la diplomatie irakienne.
"Certains à Washington évoquent Benghazi, mais c'est une analyse erronée, tout comme cette décision est une erreur", a-t-il ajouté, en référence à la mort de quatre Américains, dont l'ambassadeur, dans une attaque contre la représentation américaine à Benghazi, en Libye, en 2012.
D'octobre 2019 à juillet 2020, une quarantaine d'attaques à la roquettes ont visé l'ambassade américaine et des bases irakiennes abritant des soldats américains.
"Attaquer des ambassades, c'est attaquer le gouvernement car il est responsable de leur protection", a estimé le ministre irakien.
Les attaques contre les intérêts américains sont depuis quelques mois revendiquées par d'obscurs groupes qui disent agir pour bouter hors d'Irak "l'occupant américain", des faux-nez des partis et factions armées pro-Iran installées dans le paysage politique irakien depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.
Ces groupes se sont engagés dans un bras de fer avec le gouvernement Kazimi, pris en étau entre ses alliés américain et iranien, et qui passe pour plus pro-Washington que son prédécesseur.