PARIS: L'exécutif a "fait le choix" de "laisser circuler le virus" pour atteindre l'immunité collective face à la Covid-19, un pari "très risqué" compte tenu des incertitudes autour du variant Omicron et son impact sur les hôpitaux, a estimé dimanche l'infectiologue Eric Caumes.
Dans une interview au Journal du Dimanche, le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré que "cette cinquième vague sera peut-être la dernière", Omicron étant tellement contagieux qu'il "va entraîner une immunité renforcée".
"J'ai été étonné qu'il le dise", a réagi sur LCI Eric Caumes, ex-chef du service de maladies infectieuses à l'hôpital de La Pitié Salpêtrière à Paris: "je suis persuadé que ce ne sera pas la dernière vague. Mais ça sera peut-être la dernière de cette intensité".
Selon l'infectiologue, "le choix qui a été fait, c'est de laisser circuler le virus", en n'imposant notamment pas de restrictions au moment des fêtes de fin d'année, alors que les contaminations ont explosé.
Si les pouvoirs publics avaient voulu ralentir l'épidémie, "ils l'auraient fait" mais "ils ne l'ont pas fait pour des raisons économiques et morales".
"C'est un pari très risqué. Il faut espérer qu'ils ne se trompent pas", compte tenu du fait qu'Omicron est "clairement moins grave" que le variant Delta.
"Mais on est dans l'espérance, pas la réalité. La réalité on la connaîtra dans 15 jours, pas avant", a poursuivi le Pr Caumes, qui redoute que la flambée des contaminations envoie de nombreuses personnes non vaccinées dans des hôpitaux déjà "à genoux".
"On est obligés de faire des places pour les patients Covid, d'annuler des interventions chirurgicales, et ça c'est encore le Delta", encore responsable de la montée des hospitalisations en réanimation.
Le Pr Caumes a néanmoins estimé qu'il fallait "revenir à l'école" lundi, car "il y a des vrais problèmes collatéraux chez les enfants, qui ne sont pas très malades de ce virus".
Il a en outre jugé qu'il n'y avait "aucune raison" de généraliser le port du masque FFP2, prôné par le député LR Eric Ciotti, soutien de Valérie Pécresse. Ces masques, plus filtrants, doivent "être réservé aux soignants avant tout", a assuré le médecin, évoquant une "fausse polémique".
Dans son entretien au JDD, Olivier Véran a affirmé n'avoir porté que "trois fois dans (sa) vie" des masques FFP2, "à chaque fois à la demande des équipes dans des services de réanimation".
"Je porte toujours mon masque chirurgical, fabriqué en France", a-t-il précisé.