En Afghanistan, les femmes victimes de violences abandonnées à leur sort

 Sur cette photo prise le 11 décembre 2021, une survivante de violences sexistes regarde la télévision dans un refuge pour femmes et filles afghanes victimes de violences sexistes à Kaboul. (AFP)
Sur cette photo prise le 11 décembre 2021, une survivante de violences sexistes regarde la télévision dans un refuge pour femmes et filles afghanes victimes de violences sexistes à Kaboul. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 02 janvier 2022

En Afghanistan, les femmes victimes de violences abandonnées à leur sort

  • En Afghanistan, où traditions patriarcales, pauvreté et manque d'éducation freinent depuis des décennies les droits des femmes, 87% d'entre elles ont déjà vécu une forme de violence physique, sexuelle ou psychologique, selon l'ONU
  • Les talibans assurent pourtant avoir changé

KABOUL : Mariée à sept ans à un homme de 80, puis à un autre, Fatema a enduré les viols, la faim et les coups jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et tente de se suicider.

Après une énième fuite, elle se cache aujourd'hui dans un des rares refuges pour femmes resté ouvert en Afghanistan depuis l'arrivée au pouvoir des talibans mi-août.

Les larmes aux yeux, la jeune femme de 22 ans raconte les violences conjugales comme cette fois, à 10 ans, où "ma tête s'est écrasée contre un clou dans le mur et mon crâne a craqué".

"J'en suis presque morte", ajoute-t-elle.

En Afghanistan, où traditions patriarcales, pauvreté et manque d'éducation freinent depuis des décennies les droits des femmes, 87% d'entre elles ont déjà vécu une forme de violence physique, sexuelle ou psychologique, selon l'ONU.

Sous l'ancien gouvernement, le pays de 38 millions d'habitants ne comptait que 24 refuges -- quasiment tous financés par la communauté internationale et mal vus par une partie de la société. Déjà très imparfait, ce système de protection s'est effondré.

Si le refuge de Fatema ferme, elle n'aura nulle part où aller: son père est décédé, ses belles-familles souhaitent la tuer. Dans son foyer, une vingtaine d'autres survivantes se cachent de leurs anciens bourreaux.

« Recommencer de zéro »

Sous couvert d'anonymat, la directrice d'une ONG raconte à l'AFP avoir suivi avec inquiétude la prise de contrôle progressive de l'Afghanistan par les talibans.

Dans les provinces les plus instables, elle s'est préparée des mois à l'avance, renvoyant les pensionnaires le souhaitant dans leurs familles et en transférant d'autres.

Puis il a fallu, en panique, déplacer une centaine de femmes et d'employées vers Kaboul. Quand la capitale est tombée, les dernières sont retournées dans leurs familles, parties chez des amis ou avec le personnel.

"Nous devons recommencer de zéro," déplore la directrice, qui n'a pas encore obtenu l'autorisation de rouvrir ses refuges.

Les talibans assurent pourtant avoir changé. Fin novembre, le porte-parole du mouvement Suhail Shaheen a affirmé à Amnesty International que les femmes battues pouvaient saisir les tribunaux.

Leur chef suprême, Hibatullah Akhundzada, a dénoncé en décembre les mariages forcés.

Les combattants islamistes ne se sont pas prononcés officiellement sur les refuges ni n'ont ordonné leur fermeture, offrant même leur protection à certaines ONG. Insuffisant pour rassurer celles-ci: la plupart ont fermé leurs centres.

Les talibans ont rendu plusieurs visites à celui hébergeant Fatema, laissant une impression mitigée et l'"avenir incertain", selon une employée. Ils "disent que ce n'est pas un endroit sûr pour les femmes, que leur place est à la maison."

Une autre est moins inquiète. Ils "sont venus, ont regardé les chambres, vérifié qu'il n'y avait pas d'hommes", raconte-t-elle. "C'était bien mieux que ce à quoi nous nous attendions".

Selon plusieurs sources, certains centres officiellement fermés continuent à abriter des femmes n'ayant aucun point de chute.

Menaces

Avant même la prise de Kaboul par les talibans, beaucoup de victimes ne savaient ni où, ni comment recevoir de l'aide et de graves manquements ont souvent été imputés aux institutions étatiques.

Zakia, menacée de mort par le père du mari qui la battait, se souvient que les employées du ministère des Femmes, chargé théoriquement de la protéger, "ne m'ont même pas écoutée et m'ont dit que ma situation n'était pas si mauvaise".

Le ministère, fermé par les talibans, l'a accusée "de mentir", raconte Mina, 17 ans, qui a fui à 15 ans avec sa petite-sœur un oncle violent.

Mais le système restait vital. Désormais, de nombreuses femmes, mais aussi les employées des refuges, "risquent des violences et la mort", selon Amnesty International.

Plusieurs employées disent avoir été menacées au téléphone par des talibans cherchant des membres de leurs familles. Une fonctionnaire de l'ancien ministère des Femmes raconte que des talibans ont tenté d'obtenir d'elle les adresses des refuges.

L'heure est d'autant plus critique que la situation s'aggrave. "Quand la situation économique empire, les hommes sont sans travail, les cas de violence augmentent", décrit cette fonctionnaire.

Une inquiétude partagée par Alison Davidan, représentante d'ONU Femmes en Afghanistan: "La situation a probablement empiré (...) mais les services ont de façon générale diminué", dit-elle, précisant que l'ONU négocie la réouverture de refuges.

C'est aussi la mission que s'est fixée Mahbouba Seraj, une figure centrale de la lutte pour les droits des Afghanes. Son refuge resté ouvert a été inspecté par les talibans qui l'ont "en quelque sorte laissé tranquille".

Mme Seraj souhaite continuer de discuter avec les islamistes, ayant l'espoir "qu'il va y avoir des changements".

Mais elle s'inquiète surtout pour les victimes qui ne se manifestent plus: "Personne ne va s'occuper d'elles".

*Le nom des témoins a été changé

 


Les dernières heures du pape racontées par le média officiel du Vatican

Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur. (AFP)
Short Url
  • "Il n'a pas souffert, tout est arrivé très vite", ont raconté les personnes présentes à Vatican News
  • "Une mort discrète, presque à l'improviste, sans longues attentes et trop de bruit pour un pape qui a toujours fait preuve d'une grande réserve sur ses conditions de santé", a commenté le média du Saint-Siège

CITE DU VATICAN: "Merci de m'avoir fait retourner sur la place" Saint-Pierre: ces mots, adressés par François à son infirmier pour l'avoir encouragé à un ultime tour en papamobile le dimanche de Pâques, sont parmi les derniers du pape avant sa mort.

Ces propos adressés à son fidèle infirmier personnel, Massimiliano Strappetti, ont été rapportés mardi par Vatican News, le média officiel du Saint-Siège.

Après la traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, le pape François s'était offert dimanche un bain de foule surprise à bord de sa papamobile place Saint-Pierre au milieu des milliers de fidèles réunis pour célébrer Pâques.

Avant de se lancer, il avait demandé à son infirmier: "Tu crois que je peux le faire?" Et Massimiliano Strappetti l'avait rassuré. Il avait alors parcouru pendant près de quinze minutes les allées de la place et béni des nourrissons dans une ambiance survoltée, encadré par de nombreux gardes du corps.

Selon Vatican News, le pape s'était ensuite reposé l'après-midi dans son appartement de la résidence Sainte-Marthe au Vatican, puis avait dîné.

Lundi, aux environs de 05H30 (03H30 GMT), les premiers signes d'un malaise sont apparus. Plus d'une heure plus tard, après avoir fait un salut de la main à son infirmier, il est tombé dans le coma, et est finalement mort à 07H35 locales.

"Il n'a pas souffert, tout est arrivé très vite", ont raconté les personnes présentes à Vatican News. "Une mort discrète, presque à l'improviste, sans longues attentes et trop de bruit pour un pape qui a toujours fait preuve d'une grande réserve sur ses conditions de santé", a commenté le média du Saint-Siège.

Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin en présence d'une multitude de fidèles et de dignitaires étrangers, puis un conclave sera convoqué pour élire son successeur.


Le Vatican diffuse les premières images du pape dans son cercueil

Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet. (AFP)
Short Url
  • Le Vatican a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe où il vivait
  • Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet

CITE DU VATICAN: Le Vatican a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe où il vivait.

Sur ces photos datant de lundi soir après la mise en bière, le pape, décédé d'un AVC à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains ensèrent un chapelet.

 


Le Vatican prépare les obsèques du pape, où sont attendus Trump et Macron

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées sont attendus aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité. (AFP)
Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées sont attendus aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité. (AFP)
Short Url
  • A l'issue de la messe qui débutera à 10H00 locales (08H00 GMT), le cercueil sera transféré à la basilique Sainte-Marie-Majeure dans le centre de Rome, dédiée à la Vierge, où le pape sera enterré conformément à sa volonté exprimée dans son testament
  • Le Saint-Siège a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe du Vatican, où il vivait

CITE DU VATICAN: Les funérailles du pape François se dérouleront samedi matin sur la place Saint-Pierre au Vatican, où sont attendus des centaines de milliers de fidèles mais aussi des dirigeants étrangers comme les présidents américain Donald Trump, français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky.

A l'issue de la messe qui débutera à 10H00 locales (08H00 GMT), le cercueil sera transféré à la basilique Sainte-Marie-Majeure dans le centre de Rome, dédiée à la Vierge, où le pape sera enterré conformément à sa volonté exprimée dans son testament.

Le Saint-Siège a diffusé mardi matin les premières images du pape François dans son cercueil ouvert, encadré de deux gardes suisses dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe du Vatican, où il vivait.

Sa dépouille sera transférée à la basilique Saint-Pierre mercredi matin à 07H00 GMT afin d'être exposée aux fidèles, sans catafalque, une demande du souverain pontife argentin qui a souhaité introduire plus de simplicité et de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Sur des photos et une vidéo réalisées lundi soir après la mise en bière, le pape, qui a succombé lundi matin à un accident vasculaire cérébral (AVC) à 88 ans, porte une mitre blanche et une chasuble rouge, tandis que ses mains ensèrent un chapelet.

Soeur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Synode des évêques, qui s'est recueillie lundi soir devant le cerceuil, a confié à des journalistes avoir vécu un moment "très émouvant, très touchant", éprouvant "à la fois de la tristesse et de l'action de grâce pour tout ce qu'il a donné jusqu'au bout".

"Pour nous, c'est le temps du deuil. L'Eglise c'est comme une grande famille et dans un moment comme ça, pour ceux qui ont côtoyé le pape de près, qui l'ont servi, on perd quelqu'un d'assez proche", a-t-elle ajouté.

Pour la première fois depuis le décès du pape, les cardinaux sont réunis à huis clos depuis 09H00 (07H00 GMT), notamment pour décider des modalités des funérailles papales. Les 135 cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans, auront aussi la lourde tâche d'élire son successeur lors du conclave, qui devrait débuter début mai.

"Révolutionnaire" 

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées sont attendus aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Donald Trump a annoncé qu'il viendrait avec sa femme Melania, malgré les critiques dures et répétées du pape contre sa politique anti-migrants. "Nous sommes impatients d'y être!" a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Emmanuel Macron sera présent lui aussi: "Nous serons aux obsèques du pape, comme il se doit", a-t-il déclaré depuis l'île de La Réunion, où il est en déplacement.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a remercié lundi celui qui "a prié pour la paix en Ukraine et pour les Ukrainiens", prévoit également d'assister à la cérémonie en la basilique Saint-Pierre.

Le décès du chef des 1,4 milliard de catholiques fait mardi la une de toute la presse internationale: plusieurs journaux italiens mentionnent le "pape des laissés pour compte". "Perdimus Papam", titre Libération, tandis que le quotidien britannique The Guardian évoque la mort d'un pape "révolutionnaire".

Au Vatican mardi matin, des centaines de journalistes des quatre coins du monde affluent tandis que la police italienne a bouclé les accès à la place Saint-Pierre pour encadrer l'entrée des touristes et fidèles.

Hommages unanimes 

De l'Iran à l'Allemagne en passant par les Etats-Unis, l'UE, l'ONU, le Liban, Israël ou l'Autorité palestinienne, les dirigeants du monde entier ont rendu un hommage unanime à François.

Pékin a présenté mardi ses "condoléances" et dit vouloir continuer à développer ses relations avec le Vatican.

Son compatriote, la star du football Lionel Messi qu'il avait rencontré, a évoqué "un pape différent, proche, argentin... Repose en paix, pape François", a-t-il écrit sur Instagram.

Déjà affaibli par une sévère pneumonie, le premier pape sud-américain et jésuite de l'Histoire, sorti de l'hôpital le 23 mars, avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours en dépit de l'avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois.

Apparu épuisé dimanche, à l'occasion des célébrations de Pâques, il s'était tout de même offert un bain de foule en "papamobile" sur la place Saint-Pierre.

En 12 ans de règne, "Papa Francesco" s'est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l'environnement et la justice sociale, sans remettre en cause les positions de l'Eglise sur l'avortement ou le célibat des prêtres.

Opposant acharné au commerce des armes, l'ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d'innombrables appels à la paix.

Face au drame de la pédocriminalité dans l'Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.