PARIS : Candidate pas encore déclarée, mais c'est tout comme: Christiane Taubira a affiné ces derniers jours sa stratégie avant un mois de janvier "décisif", entourée de fidèles collaborateurs, pour "dessiner le chemin de la victoire" à l'Elysée autour d'une gauche qu'elle veut réunie.
Depuis quelques semaines, l'ancienne garde des Sceaux sous François Hollande a une obsession: "Convaincre la gauche que l'élection n'est pas perdue" et "mener la bataille de l'union", résume Christian Paul, actuel maire de Lormes (Nièvre), qui fait campagne à ses côtés.
Mi-décembre, la Guyanaise a annoncé "envisager" sa candidature à l'élection présidentielle d'avril 2022, une formule qui ne laisse en réalité que peu de doute sur ses intentions.
"Il n'y avait aucune trace d'indécision, mais le souci de construire sans violence à l'égard des autres candidats de gauche une union des forces", explique M. Paul, ex-frondeur lors du quinquennat de M. Hollande.
Parmi ses confidents, on la décrit "hyper motivée et déterminée" après que "sa réflexion a mûri" face à "la montée de l'extrême droite" et "la panne stratégique" à gauche.
Depuis, elle se prépare. Ces derniers jours, elle a largement consulté depuis Cayenne où elle passe les fêtes en famille.
Autour d'elle, un noyau dur de quelques fidèles s'est rapidement constitué.
Son ancien directeur de cabinet et son ancienne conseillère presse au ministère de la Justice l'aident au quotidien dans l'élaboration de la campagne, tout comme Axel Urgin, un énarque aujourd'hui élu à la mairie de Créteil... et ancien directeur de cabinet de Christian Paul lorsque celui-ci était secrétaire d'État à l'Outre-mer dans le gouvernement Jospin entre 2000 et 2002.
M. Paul fait aussi partie de cette garde rapprochée, où apparaissent également Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche, et Clara Paul-Zamour, chargée de la communication.
Au total, une équipe de 40 personnes aux profils "très variés" entoure Mme Taubira, sans compter les quelque 200 contributeurs thématiques -- haut fonctionnaires, chercheurs, élus locaux, représentants associatifs... -- qui lui font remonter des notes pour élaborer "une vision audible de gauche" détaillant "où elle veut mener le pays".
"Elle souhaite dessiner le chemin pour gagner en avril 2022", lance une source proche au fait des velléités de Mme Taubira.
Plusieurs pôles - organisation du planning de campagne et production d'idées surtout - sont aujourd'hui en ordre de marche. L'équipe compte aussi s'appuyer sur les plus de 80 comités du collectif de citoyens "Taubira pour 2022", dans le but de mobiliser localement et sur les réseaux sociaux.
«Prête»
Début janvier, Christiane Taubira devrait égrainer quelques mesures fortes lors de déplacements et d'interventions médiatiques savamment choisies.
"Pas question de faire 600 propositions", répète-t-on toutefois parmi ses proches. "L'effet de catalogue est quasiment nul lors d'une présidentielle", veut croire Christian Paul.
Parmi les thématiques phares: la transition écologique, le pouvoir d'achat, la santé publique, l'éducation ou encore l'engagement citoyen.
Avant une primaire pour départager un candidat unique à gauche? "Il faut que les conditions soient réunies", assure-t-on dans l'entourage de l'ancienne députée.
Comprendre: la participation de l'écologiste Yannick Jadot, en plus de celle de la socialiste Anne Hidalgo, pourrait, entre autres, "faire bouger les choses".
"Ce rassemblement a besoin de temps, mais ça va forcément se décanter", prophétise une autre source proche, qui assure que "les équipes se parlent". "Si ça ne se décante pas par l'unité, ça se décantera par la dynamique" dans un mois de janvier "décisif", juge cette même source à un peu plus de trois mois du premier tour.
Un sondage Viavoice publié jeudi par le journal Libération indique que 65% des électeurs de gauche estiment qu'une primaire ouverte est "une bonne idée". Et 39% se disent prêt à voter pour Mme Taubira le 10 avril, plus que pour tous ses concurrents dont Jean-Luc Mélenchon de LFI (38%).
"Elle est prête", assure Fabien Bazin, président PS du conseil départemental de la Nièvre.
En attendant, Mme Taubira a donné rendez-vous "à la mi-janvier" à ses sympathisants. Son équipe: "Ce ne sera qu'une étape. Elle se prépare à une campagne courte et intense".