PARIS: Une "mauvaise surprise" mais "on échappe au huis clos" : au lendemain de l'annonce par le Premier ministre Jean Castex du retour à une jauge sanitaire dans les enceintes sportives, le sport français oscille entre inquiétude et pragmatisme.
Face à l'envolée des contaminations ces derniers jours, l'exécutif a annoncé plusieurs mesures lundi, dont certaines vont à nouveau toucher le sport professionnel français : à partir de lundi et pendant trois semaines, "les grands rassemblements seront limités à une jauge de 2.000 personnes en intérieur et 5.000 personnes en extérieur", a indiqué M. Castex lundi.
Par ailleurs, les buvettes devront fermer avec l'interdiction de "la consommation de boisson et d'aliments dans tous les cinémas, théâtres, équipements sportifs et les transports collectifs", annoncée par le Premier ministre.
Ces deux mesures risquent de plomber les recettes des clubs de basket, de hand, de volley, de rugby et de football, déjà durement touchés depuis le début de la crise sanitaire.
"La mauvaise surprise, c'est qu'avec le retour de jauges, c'est une baisse des recettes, s'inquiète le président de Metz (D1 féminine de handball), Thierry Weizman. Cela diminue les recettes de 50%, de 4.000 spectateurs normalement, on va passer à 2.000. Plus l'impact sur les buvettes, sur les prestations VIP qu'on ne va pas pouvoir assumer parce que c'est très compliqué (le service debout est arrêté), ça c'est embêtant."
Le handball masculin sera toutefois épargné par ces mesures, puisque le championnat ne reprendra pas avant février pour laisser place à l'Euro, du 13 au 30 janvier en Hongrie et Slovaquie.
Soutien aux clubs pour compenser ?
En revanche, pas de coupure pour le rugby français, qui s'inquiète de ces nouvelles restrictions : "Le rugby est un sport de convivialité dont les ressources, à plus de 60% en moyenne, sont liées à la présence du public et aux partenaires lors des matches, relève le directeur général de la LNR, Emmanuel Eschalier. Un nouveau soutien aux clubs sera donc indispensable pour (...) compenser."
"Comme le Premier ministre l'a indiqué, des aides supplémentaires seront étudiées pour pallier les restrictions imposées. Le ministère a déjà consacré 107 millions d'euros en 2020 et 100 M EUR en 2021 à la compensation de perte de billetterie", a indiqué le ministère des Sports à l'AFP.
Un geste dont le Stade Brestois, pensionnaire de Ligue 1, "espère" bénéficier à nouveau, pour "aider à passer la vague, parce que ça commence à être difficile financièrement", a rappelé le directeur général du club breton Pascal Robert.
A l'automne 2020, l'enveloppe de 107 M EUR avait davantage profité au football (48 M EUR) et au rugby (40 M EUR) qu'au handball, basket et volley (4 M EUR), qui génèrent moins de recettes.
A l'inverse, le président du club de basket de Strasbourg, Martial Bellon, accueille les nouvelles restrictions avec pragmatisme : "On échappe au huis clos (...) Ce n'est pas une situation satisfaisante mais je crois qu'il faut rester raisonnable."
«Manque à gagner énorme»
Concernant le football, la situation est particulièrement frustrante pour le Vannes OC (National 2, quatrième échelon), club amateur qui espérait remplir son stade en accueillant le Paris Saint-Germain lundi (21h10) en seizièmes de finale de la Coupe de France.
"Le manque à gagner est énorme, regrette le président du club, Maxime Ray. Pour des questions de sécurité nous avons dû neutraliser une tribune de 2.600 places pour les seuls supporters du PSG (...) qui devait rapporter 100.000 euros (et) n'en rapportera finalement que 5.000. Plus de 2.000 autres places ont été neutralisées en raison des nouvelles jauges. Le manque à gagner y est là aussi de 50.000 euros sans compter les réceptifs (buvette et chapiteau VIP) qui n'auront pas lieu et qui vont également faire perdre 50.000 euros."
"Un siège sur deux, ça avait un vrai sens", a quant à lui regretté le directeur général du RC Strasbourg Alain Plet, critiquant "une jauge à 5.000 assez incompréhensible".
Toujours en Coupe de France, Lens, qui doit recevoir Lille mardi, avait "demandé à son futur adversaire" et à la Fédération (FFF) d'avancer la rencontre "au dimanche 2 janvier", pour échapper à l'application de la jauge. "Impossible", a répondu le président du Losc Olivier Létang mardi, au site l'Equipe.fr.