L’artiste marocain Nabil el-Makhloufi évoque l’importance des «situations énigmatiques» de ses œuvres

Nabil el-Makhloufi, Passage. (Photo fournie)
Nabil el-Makhloufi, Passage. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 24 décembre 2021

L’artiste marocain Nabil el-Makhloufi évoque l’importance des «situations énigmatiques» de ses œuvres

  • Nabil el-Makhloufi a passé son enfance à Fès et a manifesté très tôt des dons pour le dessin
  • Tout comme l’ambivalence, la fragilité est une notion que l’artiste marocain tient à saisir dans ses œuvres

LONDRES: L’artiste marocain Nabil el-Makhloufi possède un talent particulier qui consiste à transmettre des émotions contradictoires dans ses œuvres. Ainsi, ses images de scènes de foule peuvent sembler tout à la fois harmonieuses et dissonantes. On ne sait pas vraiment ce qui se passe, ni si ce qui se passe est bon, mauvais, ou entre les deux.

Si ce sentiment d’ambivalence est voulu, explique El-Makhloufi, il n’est pas artificiel.

«Je suis confronté au même casse-tête que le spectateur», confie-t-il ainsi. «Les situations énigmatiques ou menaçantes qui attisent la curiosité et les sentiments inquiétants constituent une part importante de mon travail.»

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Nabil el-Makhloufi, Milky Way II. (Photo fournie)

Cette capacité à se tenir à l’écart et à observer la dynamique et les interactions non verbales des groupes est peut-être plus prononcée chez El-Makhloufi dans la mesure où il a vécu une grande partie de sa vie comme un étranger dans son pays d’adoption, l’Allemagne. Cette expérience, précise-t-il, lui a donné l’opportunité de contempler et de faire contraster son «arabité» avec la culture allemande.

«J’aime l’ouverture d’esprit des gens, en Allemagne. Vous pouvez parler directement et de tout», explique-t-il à  Arab News. «C’est une grande différence par rapport à la culture arabe, dans laquelle il y a beaucoup de tabous. J’éprouve un amour inconditionnel pour le Maroc, mais l’Allemagne m’a ouvert les yeux.»

«Ce qui est positif dans le fait de vivre ici, c’est que j’ai assez de distance pour réfléchir à toutes les questions qui concernent mon identité arabe», poursuit-il. «Donc, pour moi, dans une certaine mesure, il est important de ne pas s’intégrer afin de ne pas perdre ce sentiment.» Il sourit, laissant entendre qu’il plaisante.

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Nabil el-Makhloufi possède un talent particulier qui consiste à transmettre des émotions contradictoires dans ses œuvres. (Photo fournie)

El-Makhloufi s’est installé à Leipzig après avoir visité cette ancienne commune d’Allemagne de l’Est alors qu’il avait une petite vingtaine d’années. Il a immédiatement été attiré par la richesse de sa scène culturelle. Quand il s’est rendu dans l’école des arts visuels de la ville, il a beaucoup apprécié l’effervescence de l’endroit et «l’odeur de peinture qui y régnait». C’est là qu’il poursuivra son éducation artistique, au-delà du diplôme qu’il avait obtenu à l’école d’art de Rabat.

Le fait de suivre ses études à Leipzig répondait également à son désir de tracer sa propre voie. En raison des liens étroits entre le Maroc et la France, de nombreux artistes marocains se sont rendus à Paris pour y étudier. El-Makhloufi a estimé que l’Allemagne lui offrirait un autre défi – notamment celui d’apprendre une nouvelle langue – et apporterait une nouvelle dimension à son développement d’artiste.

Ce créateur a passé son enfance à Fès et a manifesté très tôt des dons pour le dessin. Malheureusement, l’art n’était pas enseigné dans son école primaire. Son apprentissage artistique précoce n’a donc pas reçu de structure formelle. L’un de ses oncles, qui «dessinait tout ce qui l’entourait», fut sa principale source d’inspiration.

Au lycée, l’art faisait partie du programme, ce qui lui a fourni une solide formation technique. Il a ensuite naturellement étudié l’art à Rabat, où la scène culturelle est bien plus dynamique que dans sa ville natale, relativement conservatrice.

Ces années de formation au Maroc ont encore aujourd’hui une influence majeure sur les œuvres d’El-Makhloufi. «Toutes mes peintures font toujours directement référence à la culture arabe», déclare-t-il.

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Nabil el-Makhloufi, La Foule. (Photo fournie)

Naturellement, sa vie d’étranger joue également un rôle important dans son art. La migration est une question à laquelle il a profondément réfléchi. Il ne s’agit pas seulement des difficultés récentes, et largement médiatisées, qu’éprouvent les réfugiés, mais aussi des modèles plus anciens, qui remontent à plusieurs générations. Cependant, même si certaines de ses peintures semblent rendre ce lien évident – comme The Consideration, dans laquelle un homme regarde attentivement la maquette en bois d’un bateau –, son travail est toujours ouvert à de nombreuses interprétations, insiste l’artiste.

«Dans cette image, j’essaie de traduire le fait d’être seul face à une décision – rien qui soit nécessairement en rapport avec les bateaux et la migration, mais plutôt avec une décision existentielle, que l’on pourrait prendre à tout moment», explique-t-il.

De même, alors que Passage représente des personnes entassées dans des bateaux, ce qui évoque immédiatement les histoires des réfugiés qui tentent de traverser la mer Méditerranée ou la Manche sur des bateaux surchargés, El-Makhloufi confie qu’il y voit une histoire universelle plus large, celle de l’aspiration humaine à la réalisation de soi.

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Nabil el-Makhloufi, The Consideration. (Photo fournie)

«Le bateau transportant des réfugiés que j’ai peint est comme un processus par lequel passe chaque être humain», déclare-t-il. «Il y a toujours une transition d’une situation à une autre. Il y a toujours un développement de sa propre personnalité. C’est une situation humaine universelle. J’essaie d’exprimer la fragilité de cette transition.»

Tout comme l’ambivalence, la fragilité est une notion qu’il tient à saisir dans ses œuvres. Notamment dans The Leap («Le Bond»), qui présente l’image d’un jeune homme en plein vol – peut-être en train d’exécuter un plongeon dans l’eau, ou non: sa destination n’est pas claire.

«C’est une célébration de la jeunesse. Cette image représente la jeunesse arabe, mais elle possède également un côté tragique», déclare El-Makhloufi. «Les jeunes désirent voler, mais, dans le même temps, leurs circonstances restent très incertaines.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le premier sac Birkin d'Hermès vendu près de 8,6 millions d'euros à Paris

(AFP)
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  • Le premier sac Birkin d'Hermès, conçu spécialement pour Jane Birkin en 1984, a été vendu aux enchères, jeudi à Paris, pour 8,582 millions d'euros
  • Ce grand fourre-tout en cuir noir est le premier exemplaire de ce qui est devenu l'un des sacs les plus célèbres et les plus chers au monde

PARIS: Le premier sac Birkin d'Hermès, conçu spécialement pour Jane Birkin en 1984, a été vendu aux enchères, jeudi à Paris, pour 8,582 millions d'euros frais inclus, a indiqué la maison d'enchères Sotheby's.

Ce grand fourre-tout en cuir noir est le premier exemplaire de ce qui est devenu l'un des sacs les plus célèbres et les plus chers au monde.

Jusqu'à présent, le sac le plus cher jamais vendu aux enchères était un Kelly Hermès en crocodile, serti de diamants et rehaussé d'or blanc, ajdugé à plus de 513.000 dollars (438.000 euros), selon Sotheby's.

Ce "prototype historique réalisé à la main", gravé des initiales J.B., se distingue par plusieurs particularités qui en font une pièce unique, notamment sa taille, ses anneaux métalliques fermés, sa bandoulière non-détachable ou encore la présence d'un coupe-ongles intégré. Des traces d'autocollants sont aussi visibles sur le cuir patiné.

Icône de mode au look effortless chic (presque sans effort, ndlr), Jane Birkin privilégiait le côté pratique des choses.

Lors d'un vol Paris-Londres, la chanteuse et actrice anglaise, décédée en 2023, se plaint à son voisin de ne pas trouver un sac adapté à ses besoins de jeune maman.

Ce dernier n'est autre que Jean-Louis Dumas, gérant d'Hermès de l'époque. Un fourre-tout avec un espace dédié aux biberons voit ainsi le jour en 1984 et porte le nom Birkin.

Quarante ans plus tard, ce sac à main en cuir est devenu le produit emblématique du sellier-maroquinier. Produit en très petite quantité, il cultive une image d'exclusivité, avec un prix pouvant varier grandement, de quelques milliers d'euros pour les modèles les plus simples, jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros pour les plus luxueux.

Outre le sac Birkin, la vente "Fashion Icons" de Sotheby's proposait des pièces emblématiques issues de défilés de créateurs tels que Christian Dior, John Galliano, Thierry Mugler ou encore Alexander McQueen.


Le musée de Djeddah expose 1 000 objets rares retraçant l’histoire de l'islam

La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
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  • La première galerie retrace l'évolution de la céramique et de la verrerie du Ier au Xe siècle de l'Hégire (du VIIe au XVIe siècle)
  • La deuxième galerie met en lumière le travail des métaux islamiques, avec des objets décorés de manière complexe et des récipients d'usage quotidien

DJEDDAH : La Maison des Arts Islamiques, le premier musée du Royaume entièrement dédié à l’art islamique, abrite une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique.

Situé dans le parc de Djeddah, le musée expose plus de 1 000 objets qui donnent un aperçu des valeurs islamiques et du patrimoine culturel et historique de la région, a rapporté l'Agence de presse saoudienne (SPA).

Le musée comprend six galeries, chacune explorant une facette distincte du patrimoine islamique.

La première galerie retrace l'évolution de la céramique et de la verrerie du Ier au Xe siècle de l'Hégire (du VIIe au XVIe siècle), mettant en valeur la poterie, un artisanat de l'Antiquité qui a connu un développement majeur sous l'impulsion des artisans musulmans.

La deuxième galerie met en lumière le travail du métal islamique, avec des objets décorés de manière complexe et des récipients d'usage quotidien.

La troisième galerie présente 500 pièces de monnaie de l'époque du prophète Mahomet à l'époque moderne, offrant un aperçu de l'histoire économique du monde musulman.

La quatrième galerie se concentre sur l'influence de l'art islamique sur les autres civilisations et sur la manière dont les cultures européennes se sont engagées dans les traditions artistiques islamiques.

La cinquième galerie présente des manuscrits coraniques rares, des pièces de calligraphie arabe et des tablettes de bois utilisées pour la mémorisation du Coran.

La dernière galerie présente des textiles islamiques, notamment des pièces provenant des revêtements intérieurs et extérieurs de la sainte Kaaba et un rare rideau de la porte Shammi de la mosquée du Prophète à Médine, fabriqué à l'époque ottomane au XIIIe siècle de l'ère chrétienne.

La visite du musée s'achève à la bibliothèque, qui propose une large sélection de livres en arabe et en anglais sur l'histoire, la culture et la littérature islamiques.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le musée national Zayed explore l'histoire des Émirats arabes unis

Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région. (Fourni)
Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région. (Fourni)
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  • Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a d'illustres voisins, dont le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena

DUBAI : Alors que le musée national Zayed ("Zayed National Museum") s'apprête à ouvrir ses portes dans la capitale des Émirats arabes unis, Arab News s'est entretenu avec le directeur Peter Magee au sujet des objectifs du musée et de ce à quoi les visiteurs peuvent s'attendre.

La date d'ouverture n'a pas encore été annoncée, mais le centre se concentrera sur l'histoire des Émirats arabes unis et plus particulièrement sur le cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan. Il explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région.

"L'histoire du musée est guidée par les valeurs durables du père fondateur des Émirats arabes unis, le cheikh Zayed bin Sultan Al-Nahyan", a expliqué M. Magee. "Nous examinons ces valeurs et la manière dont elles l'ont guidé, mais aussi la manière dont elles reflètent les valeurs sociales qui existent dans les Émirats arabes unis, tant dans le passé que dans le présent - et dans l'avenir.

"C'est un musée national centré sur les Émirats arabes unis, mais il s'intéresse bien sûr aux liens régionaux qui existaient avec d'autres pays du golfe Persique, de l'océan Indien et même d'autres régions.

L'une des pièces maîtresses est la reconstitution grandeur nature d'un bateau Magan de l'âge du bronze, construit avec des roseaux et des cordes en fibre de palmier. Magee et son équipe ont navigué à bord de ce bateau pendant deux jours sur les eaux du golfe Persique.

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Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a d'illustres voisins, dont le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena. (Fourni)

Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a pour voisins illustres le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena.

"J'aime à penser que chacun de ces musées et institutions est sa propre étoile et qu'en les combinant, ils forment une constellation qui peut être lue de manière cohérente aussi bien ensemble qu'individuellement", a déclaré M. Magee.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com