Exode pour les fêtes aux Etats-Unis malgré l'avancée d'Omicron

Des passagers traversent l'aéroport national Ronald Reagan de Washington le 24 novembre 2021 à Arlington, en Virginie.(AFP)
Des passagers traversent l'aéroport national Ronald Reagan de Washington le 24 novembre 2021 à Arlington, en Virginie.(AFP)
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Publié le Vendredi 24 décembre 2021

Exode pour les fêtes aux Etats-Unis malgré l'avancée d'Omicron

  • Selon les estimations de l'American Automobile Association, plus de 109 millions de personnes devaient quitter leur région immédiate par avion
  • Avec 171.000 cas quotidiens en moyenne sur sept jours, selon le site Covid Act Now, la vague due à Omicron, déjà largement dominant parmi les nouvelles infections

WASHINGTON : Des millions d'Américains ont commencé à voyager à travers les Etats-Unis pour les fêtes malgré l'avancée rapide du variant Omicron, qui ravive les craintes liées à la pandémie et suscite une nouvelle ruée sur les tests de dépistage.

Avec 171.000 cas quotidiens en moyenne sur sept jours, selon le site Covid Act Now, la vague due à Omicron, déjà largement dominant parmi les nouvelles infections, est sur le point de dépasser le pic de celle due au variant Delta.

Même si les politiques et restrictions varient d'un Etat à l'autre, le président Joe Biden a donné le ton mardi en incitant ses compatriotes à ne "pas paniquer" et, grâce aux vaccins et aux tests, à fêter Noël avec leurs proches comme prévu -- en évitant toutefois les trop grands rassemblements.

Résultat: les voyages traditionnels pour rejoindre la famille souvent à l'autre bout du pays battaient leur plein jeudi.

Selon les estimations de l'American Automobile Association, plus de 109 millions de personnes devaient quitter leur région immédiate par avion, train ou en voiture entre le 23 décembre et le 2 janvier -- soit une hausse de 34% par rapport à l'an dernier.

A titre d'exemple, la compagnie aérienne American Airlines avait prévu 5.300 vols jeudi, autant que les deux jours précédents. "Cela représente 86% de notre programme de vol pour la même période de 2019", lors des dernières fêtes de fin d'année avant que le Covid-19 ne vienne longuement faire obstacle à l'essentiel des déplacements, a dit la compagnie.

Mais la propagation d'Omicron, y compris parmi les équipages des compagnies aériennes, pourrait compliquer les projets de nombreux passagers.

United Airlines a ainsi indiqué à l'AFP qu'elle annulait environ 120 vols vendredi.

"Le pic de cas d'Omicron à travers le pays cette semaine a eu un impact direct sur nos équipages et les personnes qui gèrent nos opérations", a expliqué la compagnie, qui a dit s'efforcer de trouver des solutions pour que les passagers affectés partent comme prévu.

Avec Omicron, moins de monde et des masques pour le Nouvel An à Times Square

Face à une très forte hausse des contaminations au coronavirus, la traditionnelle fête du Nouvel An à Times Square aura lieu avec des capacités réduites et avec masque obligatoire, a annoncé jeudi la mairie de New York, où les annulations d'événements se multiplient.

Moment emblématique de la capitale culturelle américaine, qui a lieu depuis le début du XXe siècle, la traditionnelle descente de la boule sur Times Tower et le lâcher de confettis avaient eu lieu dans une place vide en 2020, à cause de la pandémie qui avait meurtri New York.

Pour 2021, le maire démocrate Bill de Blasio avait promis mi-novembre le retour des foules, avec vaccination obligatoire. Mais un mois plus tard, Times Square doit encore revoir ses plans à la baisse. 

15.000 spectateurs pourront être accueillis dans les espaces réservés, contre 58.000 habituellement. De plus, le public devra porter un masque, bien que la fête ait lieu en extérieur.

Sur fond d'arrivée du variant Omicron, la ville de New York, près de 9 millions d'habitants, fait face à une forte hausse des contaminations, avec un record de 11.000 nouveaux cas mercredi, selon le maire. Mais la vaccination permet à ce stade d'éviter un afflux important de malades dans les hôpitaux comme ce fut le cas au printemps 2020, quand la ville avait été durement frappée.

Néanmoins, de nombreux restaurants et salles de spectacle, frappés par des cas de Covid dans les équipes, ont dû momentanément fermer. Après plusieurs pièces de théâtre et comédies musicales touchées à Broadway, le New York City Ballet a dû annoncer mercredi une pause pour la représentation du célèbre Casse-Noisette.

Au moins 34.000 New-Yorkais ont perdu la vie depuis le printemps 2020 et la ville, notamment Manhattan, n'a jamais vraiment retrouvé son effervescence légendaire d'avant la crise sanitaire. 

Ruée sur les tests 

Les mouvements de voyageurs s'accompagnent d'un rythme de vaccination qui semble repartir à la hausse, notamment pour les doses de rappel dont 1,3 million ont été inoculées sur 24 heures selon les derniers chiffres rendus publics mercredi.

"Le meilleur cadeau que vous puissiez vous faire est une dose de rappel" qui protège "bien mieux" contre les formes graves de la maladie, a tweeté Cyrus Shahpar, responsable de la Maison Blanche pour les données sur le Covid-19.

En plus de ce frémissement côté vaccins, c'est une vraie ruée sur les sites de tests et les kits pour se dépister soi-même que l'on constate ces derniers jours.

Dans le quartier new-yorkais du Queens, où le gouvernement fédéral a ouvert trois nouveaux sites, Gabriel Arevalo explique vouloir s'assurer qu'il est négatif avant les fêtes.

"Même si je suis vacciné, je sais qu'on peut toujours être porteur du virus, alors j'essaie simplement de m'assurer que je n'expose pas inutilement d'autres personnes, surtout en ce moment, pendant les vacances et en hiver, où on est tous les uns sur les autres", dit-il.

Globalement, les autorités américaines espèrent que la politique vaccins-tests-masques suffira à passer le cap sans multiplier les nouvelles restrictions.

L'économie américaine scrute Omicron et retient son souffle à la veille de Noël

Les consommateurs américains avaient largement avancé leurs achats de Noël par crainte des pénuries, le pic des dépenses ayant été enregistré en octobre, et la première économie du monde est désormais menacée par Omicron d'un côté, par l'inflation de l'autre.

Les dépenses des consommateurs américains ont ainsi ralenti en novembre, enregistrant une hausse de 0,6%, réduite de moitié par rapport à celle d'octobre, selon les données du département du Commerce publiées jeudi.

"Les consommateurs ont dépensé avec moins d'enthousiasme en novembre, car ils ont déplacé leurs achats des fêtes plus tôt dans la saison et ont continué à faire face à l'escalade des prix et à la disponibilité réduite des produits", a commenté Lydia Boussour, économiste pour Oxford Economics.

Les difficultés mondiales d'approvisionnement avaient fait craindre que la hotte du Père Noël ne soit pas remplie. Mais les problèmes logistiques, et notamment la congestion dans les ports, se sont atténués ces dernières semaines, selon la Maison Blanche.

"Les marchandises sont transportées, les cadeaux sont livrés et les rayons ne sont pas vides", avait salué mercredi Joe Biden.

Rebond de la confiance des consommateurs 

Et c'est désormais l'inflation qui inquiète.

Ainsi, les revenus des Américains ont un peu augmenté (+0,4%) en novembre, mais ce gain a été effacé par l'inflation, faisant reculer (-0,2%) les revenus et le pouvoir d'achat pour le quatrième mois d'affilée.

La hausse des prix sur un an, en effet, est au plus haut depuis 1982, avec une inflation annuelle en novembre de 6,8% selon l'indice CPI, et de 5,7% selon l'indice PCE, à cause, notamment, des prix de l'énergie, qui sont supérieurs de 34% à ceux de l'an passé.

L'opposition reproche à l'administration Biden une politique inflationniste, et fustige le gigantesque plan de réformes environnementales et sociales du président, comprenant 1.750 milliards de dollars d'investissement sur 10 ans.

Joe Manchin, un sénateur démocrate dont le vote est indispensable à l'adoption de ce plan, a posé son veto dimanche, disant craindre que ces dépenses ne fassent qu'alimenter l'inflation. Joe Biden espère cependant toujours pouvoir sauver son plan.

Cela n'a toutefois pas entamé la confiance des consommateurs, qui a même rebondi en décembre, selon l'estimation finale de l'enquête de l'Université du Michigan publiée jeudi.

Le moral est bon notamment parmi les ménages situés dans le tiers inférieur de l'échelle des revenus, qui s'attendent à voir leurs salaires grimper dans les mois à venir.

La pénurie de main d'oeuvre qui touche les emplois les moins bien payés, dans la restauration ou la logistique par exemple, pousse en effet les employeurs à proposer de meilleurs salaires pour attirer les candidats.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont ainsi restées inchangées aux Etats-Unis la semaine passée, à un niveau toujours très bas.

Omicron pourrait aggraver l'inflation

"Tout, des dépenses de consommation aux ventes de logements et aux investissements, était solide en novembre avant l'arrivée du variant Omicron", soulignent Diane Swonk et Yelena Maleyev, économistes pour Grant Thornton.

Les commandes de biens durables, c'est-à-dire ceux utilisés pendant trois ans ou plus comme les voitures, les appareils électroménagers ou électroniques, ont elles progressé plus que prévu en novembre (+2,5%), grâce notamment aux commandes d'avions et de matériels de transport.

Quant aux maisons neuves, leurs ventes ont grimpé en novembre, mais après un mois d'octobre revu en très forte baisse, et leurs prix continuent de monter, selon les chiffres du département du Commerce publiés jeudi.

Partout dans le pays, des évènements sont annulés, les restaurants voient les réservations chuter, les contaminations perturbent le fonctionnement des entreprises, et la situation devrait encore se dégrader.

Les deux économistes de Grant Thornton prévoient ainsi un mois de janvier difficile pour l'économie américaine.

Et cela pourrait contribuer à faire encore flamber les prix, ajoutent-elles: "le consensus parmi les membres de la Fed (la banque centrale américaine, NDLR) est que les variants perturbent plus les chaînes d'approvisionnement, y compris la main-d'oeuvre, que la demande et sont, par conséquent, plus inflationnistes".

La mairie de New York a ainsi confirmé jeudi que la traditionnelle fête du Nouvel An à Times Square aurait bien lieu, même si elle a imposé des capacités réduites et le port du masque obligatoire.

Pour faire face à la nouvelle vague, Washington compte aussi désormais sur deux pilules contre le Covid-19.

Au lendemain de l'autorisation de celle développée par le laboratoire Pfizer, l'Agence américaine du médicament (FDA) a donné son feu vert jeudi à la pilule de Merck, destinée aux adultes à hauts risques.

Et au cas où la vague Omicron submergerait malgré tout le système hospitalier américain, les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire des Etats-Unis, ont assoupli jeudi leurs directives concernant la mise à l'isolement des soignants contaminés par le Covid-19.

Ces derniers pourront, s'ils sont asymptomatiques, reprendre le travail après sept jours de quarantaine -- contre dix jours auparavant -- et l'obtention d'un test négatif. "Ce temps d'isolement peut être raccourci en cas de pénuries de personnel", précisent même les CDC.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.

 


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.