Exode pour les fêtes aux Etats-Unis malgré l'avancée d'Omicron

Des passagers traversent l'aéroport national Ronald Reagan de Washington le 24 novembre 2021 à Arlington, en Virginie.(AFP)
Des passagers traversent l'aéroport national Ronald Reagan de Washington le 24 novembre 2021 à Arlington, en Virginie.(AFP)
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Publié le Vendredi 24 décembre 2021

Exode pour les fêtes aux Etats-Unis malgré l'avancée d'Omicron

  • Selon les estimations de l'American Automobile Association, plus de 109 millions de personnes devaient quitter leur région immédiate par avion
  • Avec 171.000 cas quotidiens en moyenne sur sept jours, selon le site Covid Act Now, la vague due à Omicron, déjà largement dominant parmi les nouvelles infections

WASHINGTON : Des millions d'Américains ont commencé à voyager à travers les Etats-Unis pour les fêtes malgré l'avancée rapide du variant Omicron, qui ravive les craintes liées à la pandémie et suscite une nouvelle ruée sur les tests de dépistage.

Avec 171.000 cas quotidiens en moyenne sur sept jours, selon le site Covid Act Now, la vague due à Omicron, déjà largement dominant parmi les nouvelles infections, est sur le point de dépasser le pic de celle due au variant Delta.

Même si les politiques et restrictions varient d'un Etat à l'autre, le président Joe Biden a donné le ton mardi en incitant ses compatriotes à ne "pas paniquer" et, grâce aux vaccins et aux tests, à fêter Noël avec leurs proches comme prévu -- en évitant toutefois les trop grands rassemblements.

Résultat: les voyages traditionnels pour rejoindre la famille souvent à l'autre bout du pays battaient leur plein jeudi.

Selon les estimations de l'American Automobile Association, plus de 109 millions de personnes devaient quitter leur région immédiate par avion, train ou en voiture entre le 23 décembre et le 2 janvier -- soit une hausse de 34% par rapport à l'an dernier.

A titre d'exemple, la compagnie aérienne American Airlines avait prévu 5.300 vols jeudi, autant que les deux jours précédents. "Cela représente 86% de notre programme de vol pour la même période de 2019", lors des dernières fêtes de fin d'année avant que le Covid-19 ne vienne longuement faire obstacle à l'essentiel des déplacements, a dit la compagnie.

Mais la propagation d'Omicron, y compris parmi les équipages des compagnies aériennes, pourrait compliquer les projets de nombreux passagers.

United Airlines a ainsi indiqué à l'AFP qu'elle annulait environ 120 vols vendredi.

"Le pic de cas d'Omicron à travers le pays cette semaine a eu un impact direct sur nos équipages et les personnes qui gèrent nos opérations", a expliqué la compagnie, qui a dit s'efforcer de trouver des solutions pour que les passagers affectés partent comme prévu.

Avec Omicron, moins de monde et des masques pour le Nouvel An à Times Square

Face à une très forte hausse des contaminations au coronavirus, la traditionnelle fête du Nouvel An à Times Square aura lieu avec des capacités réduites et avec masque obligatoire, a annoncé jeudi la mairie de New York, où les annulations d'événements se multiplient.

Moment emblématique de la capitale culturelle américaine, qui a lieu depuis le début du XXe siècle, la traditionnelle descente de la boule sur Times Tower et le lâcher de confettis avaient eu lieu dans une place vide en 2020, à cause de la pandémie qui avait meurtri New York.

Pour 2021, le maire démocrate Bill de Blasio avait promis mi-novembre le retour des foules, avec vaccination obligatoire. Mais un mois plus tard, Times Square doit encore revoir ses plans à la baisse. 

15.000 spectateurs pourront être accueillis dans les espaces réservés, contre 58.000 habituellement. De plus, le public devra porter un masque, bien que la fête ait lieu en extérieur.

Sur fond d'arrivée du variant Omicron, la ville de New York, près de 9 millions d'habitants, fait face à une forte hausse des contaminations, avec un record de 11.000 nouveaux cas mercredi, selon le maire. Mais la vaccination permet à ce stade d'éviter un afflux important de malades dans les hôpitaux comme ce fut le cas au printemps 2020, quand la ville avait été durement frappée.

Néanmoins, de nombreux restaurants et salles de spectacle, frappés par des cas de Covid dans les équipes, ont dû momentanément fermer. Après plusieurs pièces de théâtre et comédies musicales touchées à Broadway, le New York City Ballet a dû annoncer mercredi une pause pour la représentation du célèbre Casse-Noisette.

Au moins 34.000 New-Yorkais ont perdu la vie depuis le printemps 2020 et la ville, notamment Manhattan, n'a jamais vraiment retrouvé son effervescence légendaire d'avant la crise sanitaire. 

Ruée sur les tests 

Les mouvements de voyageurs s'accompagnent d'un rythme de vaccination qui semble repartir à la hausse, notamment pour les doses de rappel dont 1,3 million ont été inoculées sur 24 heures selon les derniers chiffres rendus publics mercredi.

"Le meilleur cadeau que vous puissiez vous faire est une dose de rappel" qui protège "bien mieux" contre les formes graves de la maladie, a tweeté Cyrus Shahpar, responsable de la Maison Blanche pour les données sur le Covid-19.

En plus de ce frémissement côté vaccins, c'est une vraie ruée sur les sites de tests et les kits pour se dépister soi-même que l'on constate ces derniers jours.

Dans le quartier new-yorkais du Queens, où le gouvernement fédéral a ouvert trois nouveaux sites, Gabriel Arevalo explique vouloir s'assurer qu'il est négatif avant les fêtes.

"Même si je suis vacciné, je sais qu'on peut toujours être porteur du virus, alors j'essaie simplement de m'assurer que je n'expose pas inutilement d'autres personnes, surtout en ce moment, pendant les vacances et en hiver, où on est tous les uns sur les autres", dit-il.

Globalement, les autorités américaines espèrent que la politique vaccins-tests-masques suffira à passer le cap sans multiplier les nouvelles restrictions.

L'économie américaine scrute Omicron et retient son souffle à la veille de Noël

Les consommateurs américains avaient largement avancé leurs achats de Noël par crainte des pénuries, le pic des dépenses ayant été enregistré en octobre, et la première économie du monde est désormais menacée par Omicron d'un côté, par l'inflation de l'autre.

Les dépenses des consommateurs américains ont ainsi ralenti en novembre, enregistrant une hausse de 0,6%, réduite de moitié par rapport à celle d'octobre, selon les données du département du Commerce publiées jeudi.

"Les consommateurs ont dépensé avec moins d'enthousiasme en novembre, car ils ont déplacé leurs achats des fêtes plus tôt dans la saison et ont continué à faire face à l'escalade des prix et à la disponibilité réduite des produits", a commenté Lydia Boussour, économiste pour Oxford Economics.

Les difficultés mondiales d'approvisionnement avaient fait craindre que la hotte du Père Noël ne soit pas remplie. Mais les problèmes logistiques, et notamment la congestion dans les ports, se sont atténués ces dernières semaines, selon la Maison Blanche.

"Les marchandises sont transportées, les cadeaux sont livrés et les rayons ne sont pas vides", avait salué mercredi Joe Biden.

Rebond de la confiance des consommateurs 

Et c'est désormais l'inflation qui inquiète.

Ainsi, les revenus des Américains ont un peu augmenté (+0,4%) en novembre, mais ce gain a été effacé par l'inflation, faisant reculer (-0,2%) les revenus et le pouvoir d'achat pour le quatrième mois d'affilée.

La hausse des prix sur un an, en effet, est au plus haut depuis 1982, avec une inflation annuelle en novembre de 6,8% selon l'indice CPI, et de 5,7% selon l'indice PCE, à cause, notamment, des prix de l'énergie, qui sont supérieurs de 34% à ceux de l'an passé.

L'opposition reproche à l'administration Biden une politique inflationniste, et fustige le gigantesque plan de réformes environnementales et sociales du président, comprenant 1.750 milliards de dollars d'investissement sur 10 ans.

Joe Manchin, un sénateur démocrate dont le vote est indispensable à l'adoption de ce plan, a posé son veto dimanche, disant craindre que ces dépenses ne fassent qu'alimenter l'inflation. Joe Biden espère cependant toujours pouvoir sauver son plan.

Cela n'a toutefois pas entamé la confiance des consommateurs, qui a même rebondi en décembre, selon l'estimation finale de l'enquête de l'Université du Michigan publiée jeudi.

Le moral est bon notamment parmi les ménages situés dans le tiers inférieur de l'échelle des revenus, qui s'attendent à voir leurs salaires grimper dans les mois à venir.

La pénurie de main d'oeuvre qui touche les emplois les moins bien payés, dans la restauration ou la logistique par exemple, pousse en effet les employeurs à proposer de meilleurs salaires pour attirer les candidats.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont ainsi restées inchangées aux Etats-Unis la semaine passée, à un niveau toujours très bas.

Omicron pourrait aggraver l'inflation

"Tout, des dépenses de consommation aux ventes de logements et aux investissements, était solide en novembre avant l'arrivée du variant Omicron", soulignent Diane Swonk et Yelena Maleyev, économistes pour Grant Thornton.

Les commandes de biens durables, c'est-à-dire ceux utilisés pendant trois ans ou plus comme les voitures, les appareils électroménagers ou électroniques, ont elles progressé plus que prévu en novembre (+2,5%), grâce notamment aux commandes d'avions et de matériels de transport.

Quant aux maisons neuves, leurs ventes ont grimpé en novembre, mais après un mois d'octobre revu en très forte baisse, et leurs prix continuent de monter, selon les chiffres du département du Commerce publiés jeudi.

Partout dans le pays, des évènements sont annulés, les restaurants voient les réservations chuter, les contaminations perturbent le fonctionnement des entreprises, et la situation devrait encore se dégrader.

Les deux économistes de Grant Thornton prévoient ainsi un mois de janvier difficile pour l'économie américaine.

Et cela pourrait contribuer à faire encore flamber les prix, ajoutent-elles: "le consensus parmi les membres de la Fed (la banque centrale américaine, NDLR) est que les variants perturbent plus les chaînes d'approvisionnement, y compris la main-d'oeuvre, que la demande et sont, par conséquent, plus inflationnistes".

La mairie de New York a ainsi confirmé jeudi que la traditionnelle fête du Nouvel An à Times Square aurait bien lieu, même si elle a imposé des capacités réduites et le port du masque obligatoire.

Pour faire face à la nouvelle vague, Washington compte aussi désormais sur deux pilules contre le Covid-19.

Au lendemain de l'autorisation de celle développée par le laboratoire Pfizer, l'Agence américaine du médicament (FDA) a donné son feu vert jeudi à la pilule de Merck, destinée aux adultes à hauts risques.

Et au cas où la vague Omicron submergerait malgré tout le système hospitalier américain, les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire des Etats-Unis, ont assoupli jeudi leurs directives concernant la mise à l'isolement des soignants contaminés par le Covid-19.

Ces derniers pourront, s'ils sont asymptomatiques, reprendre le travail après sept jours de quarantaine -- contre dix jours auparavant -- et l'obtention d'un test négatif. "Ce temps d'isolement peut être raccourci en cas de pénuries de personnel", précisent même les CDC.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »