MOSCOU: Les prix au comptant du gaz naturel sur le marché européen ont connu une nouvelle flambée la semaine dernière.
Le 13 décembre, le prix du contrat néerlandais de référence à échéance d’un mois a dépassé le précédent record historique de 116 euros par MWh établi le 5 octobre. Le prix a grimpé de 18% au cours de la semaine se terminant le 17 décembre et de 79% au cours du mois jusqu'au 22 décembre.
La flambée des prix la semaine dernière s'est produite alors que les médias rapportaient que les volumes des exportations de gaz russe vers l'Europe via le gazoduc Yamal-Europe diminuaient fortement chaque jour.
Cette information est confirmée par les données de Gazprom montrant que du samedi 18 décembre au 21 décembre, les flux quotidiens vers l'Europe via la Biélorussie ont chuté de 41%.
Les volumes expédiés via le gazoduc Yamal-Europe, d'une capacité nominale de 33 milliards de mètres cubes (mmc), pourraient avoir atteint 28 mmc depuis le début de l’année, soit 20% des exportations russes vers l'Europe.
Au cours des 11 premiers mois de l’année, le gaz russe expédié à la fois vers l'UE et le Royaume-Uni via tous les gazoducs a représenté environ 46% des importations totales de gaz par gazoduc de la région au cours de cette période.
Il s'agit d'une estimation approximative basée sur les données compilées dans un rapport récent de l’Institut d’études énergétiques d’Oxford.
Il convient de noter que les volumes de gaz sur le gazoduc Yamal-Europe avaient connu une baisse en août dernier.
Cette baisse a été causée par un incendie dans une usine de traitement de gaz dans le nord-ouest de la Sibérie qui fournit la matière première pour le gazoduc. Selon les estimations des analystes de l'époque, l'accident aurait coûté à la Russie quelque 8 milliards de mètres cubes de gaz naturel en volumes d'exportation perdus.
Mais les analystes récemment contactés par Arab News au sujet de la flambée des prix du gaz en Europe en décembre ont indiqué qu'il ne sert à rien de dramatiser la situation.
«En effet, il y a eu un certain déclin de Yamal-Europe ces derniers jours, mais les volumes ne sont pas si importants», a déclaré à Arab News Kirill Bakhtine, analyste pétrolier et gazier chez Sinara Financial Group, basé à Moscou.
«Le gazoduc a maintenant été inversé, et le gaz circule maintenant de l'Allemagne vers la Pologne pour répondre à la demande des consommateurs polonais. L'inversion du tuyau est un facteur temporaire et peut se produire tous les quelques mois», a expliqué Bakhtine.
«Gazprom a ralenti les exportations via Yamal-Europe parce que les clients européens demandent moins de gaz... en raison des prix très élevés. Ils tirent plutôt du gaz de leur stock», a déclaré à Arab News le directeur exécutif et analyste principal du pétrole et du gaz de BCS Global Markets, basé à Moscou.
Répondant à la question d'Arab News sur la raison de la flambée des prix de décembre, Smith a expliqué: «Actuellement, l'Europe est froide et calme, ce qui signifie que la demande de gaz pour le chauffage est en hausse, la demande d'électricité est en hausse et la production éolienne est très faible, ce qui signifie que la production au gaz fonctionne à des niveaux élevés malgré les prix si élevés du gaz.»
Mais Bakhtine et Smith semblent plus préoccupés par ce qui se passerait vers la fin de la période hivernale en février-mars 2022, alors que la saison de chauffage devrait encore battre son plein.
«L'Europe est entrée en novembre avec ses installations souterraines de stockage de gaz remplies à 77%, contre 90 à 95% en temps normal.»
«Pendant la saison de chauffage normale, le remplissage serait réduit de 60 à 65 points de pourcentage. C'est une situation risquée… si l'hiver s'avère plus froid et qu'aucun approvisionnement substantiel n'arrive à cause des prix élevés, alors le taux d'occupation des stockages pourrait tomber en dessous du seuil critique de 10%», a averti Bahktine.
«Les clients de Gazprom peuvent jouer à ce jeu de vider du gaz du stockage pendant un certain temps, mais cela soulève la possibilité de pénuries totales vers la fin de l'hiver», a soutenu Smith.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com