PÉKIN : Les 13 millions d'habitants de Xi'an, en Chine, ont débuté jeudi un confinement strict en raison d'un rebond de l'épidémie de Covid-19 à un mois et demi des Jeux Olympiques d'hiver de Pékin, tandis qu'ailleurs dans le monde, le nouveau variant Omicron poursuit sa fulgurante progression, entraînant de nouvelles restrictions en Europe.
La Chine mène une stratégie "zéro Covid" qui consiste à tout faire pour limiter au maximum les nouveaux cas, généralement limités à quelques dizaines par jour seulement. Le pouvoir a redoublé de vigilance à l'approche de l'ouverture des JO le 4 février.
Ainsi, après l'apparition d'une centaine de cas dans la ville, tous les habitants de Xi'an doivent depuis jeudi minuit rester chez eux "sauf raison impérative". Une seule personne par foyer étant autorisée à sortir faire les courses tous les deux jours. Toutes les entreprises "non essentielles" ont dû fermer. Les habitants ne peuvent plus quitter la ville sans autorisation, et l'ensemble de la population va être dépistée.
Ce mesures draconiennes contrastent avec le faible nombre de cas enregistrés en Chine, où le Covid-19 n'a contaminé qu'un peu plus de 100.000 personnes depuis le début de la pandémie.
Au Royaume-Uni, un record de 106.000 nouveaux cas a été enregistré pour la seule journée de mercredi. Le pays, parmi les plus durement touchés au monde (plus de 147.500 morts), tente d'accélérer la vaccination. Près d'un million de doses de rappel sont administrées chaque jour.
L'Espagne a également enregistré un record quotidien de plus de 60.000 cas mercredi. Face à cette flambée, le gouvernement va rendre à nouveau obligatoire le port du masque à l'air libre à partir de Noël.
De nouvelles mesures entrent en vigueur jeudi en Suède: le télétravail doit être privilégié, et les événements publics réunissant plus de 500 personnes devront exiger un pass vaccinal.
"Omicron devient, ou est déjà devenu, dominant dans plusieurs pays y compris au Danemark, au Portugal et au Royaume-Uni, où les chiffres sont multipliés par deux tous les un jour et demi à trois jours, entraînant des taux inédits de transmission", a déclaré le Dr Hans Kluge, directeur de l'OMS pour l'Europe.
L'illusion des rappels
Le patron de l'organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a mis en garde contre l'illusion selon laquelle il suffirait d'administrer des doses de rappel pour se sortir de la pandémie.
"Des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d'y mettre fin, en détournant les doses disponibles vers les pays qui ont déjà des taux de vaccination élevés, offrant ainsi au virus plus de possibilités de se répandre et de muter", a-t-il souligné.
Aux Etats-Unis, la soirée de remise des Oscars d'honneur, organisée tous les ans à Los Angeles et prévue le mois prochain, va être reportée en raison de la menace d'Omicron. L'édition 2022 des Oscars n'est pour l'instant pas remise en cause et est toujours prévue le 27 mars.
Omicron est déjà largement dominant (73% des nouvelles contaminations) aux Etats-Unis.
Moins de risques d'hospitalisation
Deux études britanniques publiées mercredi montrent toutefois que les infections au variant Omicron sont moins susceptibles de provoquer des hospitalisations par comparaison avec le variant Delta, confirmant une tendance d'abord observée en Afrique du Sud.
Ces études préliminaires - l'une venant d'Ecosse, l'autre d'Angleterre - ont été saluées par les experts, qui se sont toutefois montrés prudents.
"C'est une bonne nouvelle avec des nuances", a dit un co-auteur de l'étude écossaise, Jim McMenamin.
Selon cette étude, les risques d'hospitalisation à cause d'Omicron sont réduits de deux tiers par rapport à Delta. L'étude anglaise constate, elle, une réduction de 40 à 45% des hospitalisations pour une nuit ou plus.
Les données cliniques des dernières semaines laissent penser qu'Omicron n'est pas plus dangereux que ses prédécesseurs, notamment Delta. Mais les scientifiques mettent en garde contre un effet d'optique.
Car si Omicron est moins dangereux, il est beaucoup plus contagieux. Les conséquences pourraient donc être graves sur le plan collectif.
Le nombre de cas, qui semble doubler tous les deux à trois jours, pourrait entraîner mécaniquement une hausse du nombre de patients hospitalisés –notamment les non vaccinés et les personnes dites fragiles (très âgées, ou immunodéprimées par exemple)— et une fois de plus submerger les systèmes de santé. Même considéré pour le moment comme moins mortel, le variant Omicron risque ainsi d'entraîner davantage de décès.
La pandémie a fait au moins 5.368.777 de morts dans le monde depuis fin 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles mercredi. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le bilan réel pourrait être deux à trois fois supérieur.