GAZA CITY: Pour Wijdan, qui habite Gaza, Noël est une période spéciale, non seulement en raison de sa foi chrétienne, mais aussi parce que c'est la seule période de l'année où elle est autorisée à rendre visite à ses enfants, adultes, en Cisjordanie.
Lors de chaque Noël, Israël accorde à un certain nombre de chrétiens de la bande de Gaza des permis qui leur permettent de passer par le terminal d'Erez pour retrouver leurs proches à Bethléem et célébrer cette fête religieuse.
Wijdan, qui préfère ne pas donner son nom complet pour ne pas perdre son permis, a hâte de voir son fils et sa fille cette année, après avoir raté cette occasion l'année dernière à cause de la pandémie. Toutefois, elle éprouve de la tristesse, car son mari ne pourra pas l’accompagner, ni un autre de ses enfants.
«Il y a six ans, Israël a empêché mon mari et mon fils d'obtenir des permis et je suis la seule qui ait l’autorisation de voyager en Cisjordanie. Cela signifie que nous ne pouvons pas, en tant que famille, fêter Noël ensemble», déplore-t-elle à Arab News.
«C'est une opportunité que j’ai chaque année et je ne peux pas la laisser passer. Je dois voir ma fille et sa famille, ainsi que mon autre fils qui habite là-bas. C'est difficile pour moi, mais c'est la seule chose possible.»
Après une interruption de deux ans, Israël a accordé cette année des permis de voyage à cinq cents chrétiens qui vivent à Gaza. L'Autorité palestinienne des affaires civiles, qui communique avec Israël sur la question, a déclaré que les permis seraient accordés soit à des familles entières, soit à certains membres seulement.
«Chaque année, je prie et je souhaite que toute la famille obtienne des laissez-passer afin que nous puissions tous nous réunir à une même table à Noël. Mais, cette année encore, mon vœu ne se réalisera pas», soupire Wijdan.
En raison des problèmes économiques, du siège israélien et du conflit en cours, le nombre de chrétiens à Gaza est en baisse.
Selon l'église du monastère latin de Gaza, le territoire n'abrite désormais que 1 100 chrétiens, contre plus de 1 300 en 2014.
Selon les chiffres qu’a publiés en 2018 le Bureau central des statistiques, 1% seulement des habitants des territoires palestiniens sont chrétiens. La plupart d’entre eux sont concentrés à Bethléem et à Ramallah, en Cisjordanie.
Les célébrations de Noël dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, se limitent à des événements religieux dans les églises et à quelques activités festives dans des salles fermées.
Depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire, la vieille coutume qui consiste à allumer les lumières des arbres de Noël dans la ville de Gaza a été suspendue.
George Anton, qui habite Gaza, pense qu'il est essentiel de célébrer Noël en public. «Aller à Bethléem, au-delà de l'aspect religieux, cela vous rend heureux, et le fait de fêter Noël dans la rue vous permet de vous donne le sentiment d’être libre de ne pas avoir de restriction», déclare-t-il à Arab News.
«Ce que nous voulons, c’est pouvoir célébrer avec les enfants et découvrir de nouveaux endroits. Nos célébrations se limitent à des rituels religieux et familiaux à l'intérieur des maisons.»
Wijdan poursuit: «Nous prions pour le jour où nous pourrons visiter nos familles et nos amis pendant les vacances, ainsi qu’à d'autres occasions.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com