En Angleterre, mer et rivières transformées en «égouts à ciel ouvert»

«J'ai surfé dans des eaux d'égout sur cette côte, c'est répugnant», témoigne Stu Davies, membre de l'association Surfers Against Sewage (SAS), interrogé sur la digue de la station balnéaire de Brighton. (Photo, AFP)
«J'ai surfé dans des eaux d'égout sur cette côte, c'est répugnant», témoigne Stu Davies, membre de l'association Surfers Against Sewage (SAS), interrogé sur la digue de la station balnéaire de Brighton. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 22 décembre 2021

En Angleterre, mer et rivières transformées en «égouts à ciel ouvert»

«J'ai surfé dans des eaux d'égout sur cette côte, c'est répugnant», témoigne Stu Davies, membre de l'association Surfers Against Sewage (SAS), interrogé sur la digue de la station balnéaire de Brighton. (Photo, AFP)
  • Les eaux usées non traitées évacuées dans la mer et les rivières charrient leurs lots de rejets nauséabonds, suscitant l'ire des riverains qui se mobilisent contre ces pratiques
  • Selon une analyse du Financial Times, les investissements dans les infrastructures pour les eaux usées ont chuté de près de 20% depuis les privatisations

BRIGHTON: « Un égout à ciel ouvert ». Stu Davies surfe parfois dans des conditions pestilentielles dans le sud de l'Angleterre où, comme ailleurs au Royaume-Uni, des compagnies des eaux procèdent à des déversements dangereux pour la nature et pour la santé. 

Les eaux usées non traitées évacuées dans la mer et les rivières charrient leurs lots de rejets nauséabonds, suscitant l'ire des riverains qui se mobilisent contre ces pratiques, autorisées dans certaines circonstances.  

« J'ai surfé dans des eaux d'égout sur cette côte, c'est répugnant », témoigne Stu Davies, membre de l'association Surfers Against Sewage (SAS), interrogé sur la digue de la station balnéaire de Brighton. 

A deux pas, l'ouverture grillagée d'un déversoir d'orage pointe discrètement, donnant directement sur la plage et la populaire jetée, avant d'être lentement immergée par la marée montante. Des infrastructures similaires jalonnent les côtes britanniques. 

En cas de rejet, « vous remarquez tout à coup l'odeur d'égout, vous sentez les excréments et vous pouvez en voir, ainsi que d'autres choses jetées par les gens dans les toilettes », détaille-t-il. Il y a la couleur aussi, « brunâtre ». 

Par très fortes pluies, les compagnies des eaux peuvent procéder à ces déversements afin d'éviter l'engorgement d'un réseau d'égout datant souvent de l'époque victorienne et donc des remontées vers les bâtiments. 

Selon SAS, qui milite pour des eaux propres, les compagnies des eaux ont signalé plus de 5 500 rejets sur l'année achevée fin septembre, soit une hausse de 87,6% en un an. 

L'association, qui a développé une application pour alerter nageurs et surfeurs, relève que de plus en plus de rejets interviennent lors d'« épisodes de pluie normaux », et non des précipitations exceptionnelles. Elle estime aussi le chiffre largement sous-estimé car il ne concerne que les eaux côtières.  

Ces rejets sont utilisés comme « un moyen régulier de rejeter des eaux usées », soutient Hugo Tagholm, directeur de SAS. 

Otites à répétition 

Les cours d'eau ne sont pas épargnés. Selon l'Agence de l'environnement, seulement 14% des rivières anglaises étaient considérées comme satisfaisantes d'un point de vue écologique en 2020. 

Le Dr Christian Dunn, du département de sciences naturelles de l'université galloise de Bangor, parle d'une « potion mortelle » combinant eaux usées, pollution agricole et industrielle, susceptible d'exterminer toute vie aquatique.  

Les nageurs font les frais aussi de la présence d'agents pathogènes. Par une grise matinée de décembre, Susan Moate ne renonce pas à sa plongée quotidienne dans l'eau froide et opaque de la rivière Ouse, qui coule à Lewes. 

Plus question pour cette professeur de violon de 38 ans d'immerger sa tête, après des otites à répétition. Normal, lui a dit le médecin, quand on nage « dans de l'eau sale ». 

Même constat à Whitstable, station balnéaire sur l'estuaire de la Tamise, avec ses huîtres... et l'usine de traitement des eaux Southern Water. « Beaucoup d'habitants nous disent qu'ils ont été malades, ou que leur chien l'a été », explique Elane Heffernan, du groupe SOS Whitstable. 

L'entreprise de traitement des eaux a été condamnée en juillet à une amende record de 90 millions de livres (106 millions d'euros) après avoir reconnu près de 7 000 rejets illégaux dans la mer et des rivières entre 2010 et 2015. 

Ces divers déversements ont duré « 61 704 heures au total, l'équivalent de plus de sept ans », a souligné l'Agence de l'environnement. Certains habitants vont jusqu'à boycotter le paiement de leurs factures d'eau --avec le soutien du chanteur Bob Geldof. 

« Nous savons que notre performance doit s'améliorer », concède Southern Water dans un communiqué, disant consacrer « 2 milliards de livres pour réduire les incidents polluants de 80% d'ici 2025 ».  

En novembre, l'Agence de l'environnement et le régulateur du secteur ont annoncé enquêter après que certaines entreprises ont admis des rejets non autorisés. 

Sous forte pression de l'opinion, le gouvernement a fini par inclure dans sa nouvelle loi post-Brexit sur l'environnement, l'obligation pour les compagnies des eaux de réduire « significativement » les rejets des déversoirs d'orage. 

Sans attendre ce projet et avant la mise en service en 2025 d'un nouveau système d'égouts, la City de Londres, responsable des questions sanitaires pour le port de la capitale, a appelé mercredi l'Etat à renforcer ses contrôles sur les déversements dans la Tamise. 

Pour Hugo Tagholm, il faut aller plus loin et les contraindre à investir bien davantage dans leurs infrastructures, avec l'objectif de zéro rejet dans les eaux de baignade d'ici 2030.  

Car depuis la privatisation du traitement de l'eau en 1989, juge-t-il, ces entreprises privilégient « les profits plutôt que les gens ou la planète ».  

Selon une analyse du Financial Times, les investissements dans les infrastructures pour les eaux usées ont chuté de près de 20% depuis les privatisations. 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.