Paralysie politique, flambée de Covid: la présidence Biden craque de toutes parts

De retour à la Maison Blanche après un week-end en famille, le président démocrate, porteur d'un épais masque noir, s'est dirigé vers le Bureau ovale sans adresser un mot ni un regard aux journalistes qui l'attendaient à sa descente d'hélicoptère. (AFP)
De retour à la Maison Blanche après un week-end en famille, le président démocrate, porteur d'un épais masque noir, s'est dirigé vers le Bureau ovale sans adresser un mot ni un regard aux journalistes qui l'attendaient à sa descente d'hélicoptère. (AFP)
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Publié le Mardi 21 décembre 2021

Paralysie politique, flambée de Covid: la présidence Biden craque de toutes parts

  • Les républicains considèrent que «Build Back Better» ferait basculer l'Amérique dans le «socialisme», l'ultime repoussoir politique aux Etats-Unis
  • Impuissant face au sénateur d'un petit Etat rural de 1,7 million habitants, le président semble l'être aussi face à la nouvelle vague du Covid-19 qui s'abat sur le pays

WASHINGTON: Paralysé par le veto d'un unique sénateur à ses gigantesques réformes environnementales et sociales censées armer les Etats-Unis face aux défis du XXIème siècle, impuissant face à la flambée de Covid-19, Joe Biden voyait lundi sa présidence craquer de toutes parts.


De retour à la Maison Blanche après un week-end en famille, le président démocrate, porteur d'un épais masque noir, s'est dirigé vers le Bureau ovale sans adresser un mot ni un regard aux journalistes qui l'attendaient à sa descente d'hélicoptère. 


Son agenda ne prévoit, pour l'heure, aucune apparition publique lundi.


Son plan "Build Back Better", 1 750 milliards de dollars de dépenses devant faire triompher l'Amérique face au changement climatique et à la concurrence de la Chine, a reçu un coup peut-être fatal ce week-end après que le sénateur démocrate Joe Manchin, doté de facto d'un droit de veto, a décidé de voter contre.


Le président de 79 ans s'est jusqu'ici contenté d'un tweet, dans lequel il se dit "plus déterminé que jamais" à défendre ce projet devant, entre autres, faire nettement baisser le coût de l'insuline.


Le chef de file des démocrates du Sénat, Chuck Schumer, tentait lui de remonter le moral des troupes en promettant dans un communiqué: "Nous allons voter sur une version révisée" du grand projet, "et nous continuerons à voter jusqu'à ce que nous ayons quelque chose." 

Revirement «inexplicable»
Mais que pourra-t-il bien rester du projet le plus important de la présidence Biden sans la voix de Joe Manchin?


Après l'avoir révélé dimanche sur Fox News, la chaîne conservatrice qu'affectionnait Donald Trump, l'élu de Virginie-Occidentale a répété lundi dans une interview à la radio West Virginia Metro News qu'il ne voterait pas en faveur de ces "réformes très très ambitieuses" visant à baisser le coût de la garde d'enfants ou des médicaments, à soutenir le pouvoir d'achat des ménages ou à encourager l'achat de voitures électriques.


Ce centriste craint un effet inflationniste et juge que les aides devraient être plus ciblées.


Sans lui, plus de majorité aux démocrates au Sénat. Et impossible de compter, comme Joe Biden l'a fait récemment pour voter de gigantesques dépenses d'infrastructures, sur des voix de l'opposition: les républicains considèrent que "Build Back Better" ferait basculer l'Amérique dans le "socialisme", l'ultime repoussoir politique aux Etats-Unis.


La Maison Blanche a laissé s'exprimer sa frustration dimanche dans un communiqué d'une virulence inédite de sa porte-parole Jen Psaki, fustigeant "un revirement soudain et inexplicable" et une "violation" des engagements de Joe Manchin.


"Ce n'est pas le président, ce sont ses collaborateurs" qui ont fait "des choses inexcusables", a dit le sénateur de manière assez énigmatique lundi, après avoir brutalement mis fin aux discussions, lui qui a été pendant des semaines l'objet de toutes les attentions de la Maison Blanche.


Ce revirement entame encore un peu plus le crédit politique de Joe Biden, dont la cote de confiance est déjà très basse, à un an d'élections législatives de mi-mandat qui pourraient tourner au désastre pour les démocrates.


Le président, ancien sénateur qui se targue de maîtriser comme personne le jeu parlementaire, s'était en effet personnellement investi auprès de Joe Manchin - au grand dam des progressistes de son parti, qui se sentent floués.

Omicron 
Impuissant face au sénateur d'un petit Etat rural de 1,7 million habitants, le président semble l'être aussi face à la nouvelle vague du Covid-19 qui s'abat sur le pays, déjà le plus endeuillé au monde par la pandémie, avec plus de 800 000 décès à ce jour. 


Partout dans le pays, les files s'allongent devant les centres de dépistage, les compétitions sportives et les spectacles sont annulés, les universités renvoient les étudiants chez eux... Un désastre pour Joe Biden qui, après le chaos de la présidence Trump, s'était fait élire sur la promesse de mettre fin à la pandémie.


Mais comment tenir cette promesse dans un pays profondément divisé où le pouvoir de l'Etat fédéral est, de toute façon, limité? Où toute contrainte, qu'il s'agisse du port du masque ou des vaccins, fait l'objet de polémiques et de nombreux recours judiciaires?


Joe Biden doit s'adresser aux Américains mardi au sujet du variant Omicron. Son conseiller sur la crise sanitaire, Anthony Fauci, a annoncé la couleur dimanche: "Nous allons avoir des semaines ou des mois difficiles à mesure que nous nous approchons de l'hiver".


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.