Ethiopie: les rebelles annoncent un repli vers le Tigré 

Un soldat des Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) observe à Wichale, en Éthiopie, le 13 décembre 2021. (AFP)
Un soldat des Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) observe à Wichale, en Éthiopie, le 13 décembre 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 21 décembre 2021

Ethiopie: les rebelles annoncent un repli vers le Tigré 

  • Lundi, la porte-parole du Premier ministre, Billene Seyoum, a déclaré que l'annonce du TPLF servait à masquer des déconvenues militaires
  • Jusqu'ici, le TPLF qualifiait d'«absolument pas envisageable» un retrait de ces deux régions, réclamé par le gouvernement comme préalable à des négociations

NAIROBI: Les rebelles éthiopiens du Tigré, qui avaient avancé ces derniers mois dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, sont en train de se replier vers leur région afin d'"ouvrir la porte" à l'aide humanitaire, a annoncé lundi à l'AFP leur porte-parole.


Cette annonce ouvre une nouvelle phase de ce conflit meurtrier qui oppose depuis plus d'un an les forces pro-gouvernementales aux rebelles tigréens et a déclenché une profonde crise humanitaire.


"Nous avons décidé de nous retirer de ces zones vers le Tigré. Nous voulons ouvrir la porte à l'aide humanitaire", a déclaré Getachew Reda, porte-parole du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).


Jusqu'ici, le TPLF qualifiait d'"absolument pas envisageable" un retrait de ces deux régions, réclamé par le gouvernement comme préalable à des négociations. 


De leur côté, les rebelles exigeaient des autorités fédérales qu'elles mettent fin au "siège" humanitaire du Tigré. 


"Nous menons des retraits phase par phase. Nous avons commencé à retirer nos forces il y a quelques semaines. Nous l'annonçons maintenant", a expliqué lundi M. Getachew, affirmant notamment que les rebelles ont "quitté" Lalibela. 


Cette ville classée par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, célèbre pour ses églises taillées dans le roc datant des XIIe et XIIIe siècles, a plusieurs fois changé de mains, tout comme d'autres localités.

photo

Ethiopie: Washington dit espérer qu'un repli des rebelles au Tigré «ouvre la porte» à la diplomatie

Les Etats-Unis ont dit lundi espérer que le repli annoncé par les rebelles au Tigré, dans le nord de l'Ethiopie, "ouvre la porte" à la diplomatie pour mettre fin au conflit.


"Si nous assistons bien à un mouvement des forces tigréennes refluant vers le Tigré, c'est quelque chose que nous saluons" et "nous espérons que cela ouvre la porte plus largement à la diplomatie", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price.


Il n'a été en mesure de confirmer le repli annoncé par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui avait avancé ces derniers mois dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, et qui a annoncé lundi être retourné au Tigré. "Nous sommes au courant de ces informations", s'est-il borné à dire.


"Nous exhortons depuis longtemps à la cessation des hostilités, et notamment au retour au Tigré des forces du TPLF" et à "une résolution négociée du conflit", a souligné le porte-parole américain.

«Pertes considérables»

Depuis fin octobre, les deux parties revendiquent chacune des avancées territoriales majeures mais les communications sont coupées dans les zones de combats et l'accès des journalistes y est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain.


Pendant un temps, les rebelles affirmaient se trouver à environ 200 km de la capitale Addis Abeba.


Fin novembre, les médias d'Etat avaient annoncé l'arrivée sur le front du Premier ministre Abiy Ahmed, un ancien lieutenant colonel de l'armée, pour y mener une "contre-offensive". Le gouvernement a ensuite revendiqué plusieurs victoires. 


Lundi, la porte-parole du Premier ministre, Billene Seyoum, a déclaré à l'AFP que l'annonce du TPLF servait à masquer des déconvenues militaires. 


"Le TPLF a subi des pertes considérables au cours des dernières semaines et prétend ainsi (faire) une +retraite stratégique+ pour maquiller une défaite", a-t-elle dit. 


"Il y a toujours des poches dans la région Amhara où ils sont encore, de même que d'autres fronts où ils tentent d'ouvrir le conflit."


La guerre a éclaté en novembre 2020 après qu'Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale dans la région septentrionale du Tigré afin d'en destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.


Abiy Ahmed avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré, puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.


Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.

Ethiopie: les dates marquantes du conflit au Tigré

Voici les principales dates du conflit meurtrier qui oppose depuis plus d'un an les forces pro-gouvernementales aux rebelles du Tigré (nord) qui ont annoncé lundi un repli vers leur région.


Le conflit a fait plusieurs milliers de morts et déclenché une profonde crise humanitaire.

Intervention militaire 

Le 4 novembre 2020, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019 pour avoir résolu le conflit avec l'Erythrée, lance une opération militaire contre les autorités régionales du Tigré, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qu'il accuse d'avoir attaqué deux bases de l'armée fédérale.


Le 13, l'ONU s'alarme d'une "crise humanitaire à grande échelle" à la frontière avec le Soudan, où des dizaines de milliers de civils ont fui.


La présence de troupes venues de l'Erythrée voisine, ennemie jurée du TPLF depuis une guerre frontalière (1998 à 2000) est signalée.


Le 28, Abiy Ahmed déclare l'opération militaire "terminée" après que l'armée a pris la capitale régionale Mekele. Mais les combats se poursuivent. 

Exactions, «désastre humanitaire»

Le 26 février 2021, Amnesty International accuse des soldats érythréens d'avoir tué "des centaines de civils" en novembre à Aksoum.


Le 10 mars, Washington dénonce des "actes de nettoyage ethnique" au Tigré occidental, contrôlé par les forces de la région voisine de l'Amhara appuyant l'armée éthiopienne.


Le 23 mars, Abiy Ahmed reconnaît la présence de troupes érythréennes au Tigré, puis annonce leur départ. 

Contre-offensive rebelle

Le parti d'Abiy Ahmed remporte une majorité écrasante aux élections législatives et régionales du 21 juin. 


Le 28, les rebelles entrent dans Mekele, dix jours après avoir lancé une contre-offensive.


Le 3 juillet, un haut responsable onusien déclare que plus de 400 000 personnes ont "franchi le seuil de la famine" au Tigré.


Le 5 août, les rebelles prennent la ville de Lalibela, en région Ahmara, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Mobilisation générale

Le 10 août, Abiy Ahmed appelle la population à rejoindre les forces armées.


Fin octobre, le TPLF revendique la prise de Dessie et Kombolcha, villes stratégiques sur l'axe reliant la capitale au nord. 


Le gouvernement dément mais déclare l'état d'urgence le 2 novembre. 


Le lendemain, un rapport conjoint ONU-Ethiopie conclut à de possibles crimes contre l'humanité commis par "toutes les parties".

Appels au cessez-le-feu 

Plusieurs pays dont les Etats-Unis appellent leurs ressortissants à quitter l'Ethiopie. Le Conseil de sécurité de l'ONU réclame un cessez-le-feu. 


Le 12 novembre, Washington impose des sanctions contre l'Erythrée.

Abiy Ahmed au front, localités reprises 

A partir du 24 novembre, Abiy Ahmed dirige au front la "contre-offensive".


Les autorités annoncent la reprise de Lalibela le 1er décembre, puis de Dessie et Kombolcha (nord) le 6. 


Le 8, le Premier ministre regagne la capitale. 


Les rebelles disent avoir repris Lalibela le 12.

Enquête sur les exactions 

Le 17 décembre, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU approuve un mécanisme international d'enquête sur les exactions liées au conflit.


Le 20, les rebelles disent avoir quitté Lalibela et annoncent plus généralement leur repli vers le Tigré afin d'"ouvrir la porte" à l'aide humanitaire dans leur région. 

Lettre à l'ONU 
Les intenses efforts diplomatiques menés notamment par l'Union africaine pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu n'ont jusqu'à présent permis aucun progrès décisif.


Lundi, jour où le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir une réunion sur l'Ethiopie, M. Getachew a affirmé que le leader du TPLF, Debretsion Gebremichael, avait envoyé une lettre au secrétaire général Antonio Guterres pour l'informer du repli. 

Selon des copies de la lettre circulant sur les réseaux sociaux, M. Debretsion y appelle le Conseil de sécurité à veiller au retrait des forces amhara et érythréennes du Tigré occidental. 


Amhara et Tigréens revendiquent l'ouest du Tigré et les Amhara ont pris au début de la guerre le contrôle de ces terres fertiles. L'ONU s'y est inquiétée de larges déplacements de population et les Etats-Unis d'actes de "nettoyage ethnique".


"Nous avons besoin que la communauté internationale agisse", a déclaré M. Getachew. 


La semaine dernière, Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) ont accusé les forces amhara d'arrêter, de torturer et d'affamer des civils tigréens dans cette région contestée.


Les craintes d'une marche des rebelles sur la capitale ont incité plusieurs pays - dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni - à demander à leurs citoyens de quitter l'Éthiopie dès que possible.


Vendredi, l'ONU a donné son feu vert à un mécanisme international d'enquête sur les exactions commises en Ethiopie.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Short Url
  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.


Mer de Chine méridionale: nouvel échange acerbe entre Manille et Pékin

Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
Short Url
  • Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire
  • Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins

MANILLE: La Chine et les Philippines ont échangé jeudi de nouvelles accusations après de nouveaux accrochages en mer de Chine méridionale, où les deux pays ont des revendications concurrentes.

Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire et l'ont endommagé à l'aide de puissants canons à eau au large d'un des récifs disputés, l'atoll Second Thomas.

"Nous ne cherchons pas à entrer en conflit avec quelque nation que ce soit, en particulier avec les nations qui prétendent être nos amies, mais nous ne nous laisserons pas réduire au silence, à la soumission ou à l'asservissement", a déclaré jeudi dans un communiqué le président philippin Ferdinand Marcos.


Le nombre de migrants ayant traversé la Manche à un niveau record depuis janvier

Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4 644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre
  • En 2023, près de 30 000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche

LONDRES: Plus de 4.600 migrants ont rejoint l'Angleterre par la Manche illégalement à bord de canots depuis le 1er janvier, un record pour les trois premiers mois de l'année malgré les promesses du gouvernement conservateur de mettre fin à ces dangereuses traversées.

Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4.644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre, soit une augmentation de 23% par rapport à la même période l'année dernière (3.700).

Le dernier record avait été établi en 2022 avec 4.548 traversées entre début janvier et fin mars.

Rien que mardi, 338 personnes ont gagné les côtes anglaises dans ces embarcations, le plus souvent des canots pneumatiques chargés de dizaines de passagers.

Depuis le début de l'année, au moins sept migrants, dont une fillette de sept ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal en tentant de rejoindre l'Angleterre.

"Il y a une prise de risque de plus en plus grande" et "l'année qui vient n'augure rien de bon", avait averti début mars l'association française d'aide aux migrants Utopia 56, selon laquelle le rythme de décès depuis le début de l'année atteint un niveau inédit depuis trois ans.

Depuis son arrivée à Downing Street il y a un an et demi, le Premier ministre Rishi Sunak a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière l'une de ses priorités, martelant vouloir "stopper les bateaux".

Projet de loi contreversé

En 2023, près de 30.000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche, un chiffre en forte baisse par rapport au record atteint en 2022 (45.000), que le gouvernement met en avant dans son bilan.

Toute progression des arrivées sur le sol britannique risque de fragiliser les conservateurs à quelques mois des élections législatives, pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement en tête dans les sondages.

Le projet de loi controversé du gouvernement pour expulser les migrants au Rwanda se heurte par ailleurs à la résistance de la chambre haute du Parlement, celle des Lords, qui souhaite adoucir ce texte.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour dissuader les ressortissants vietnamiens, de plus en plus nombreux, à tenter de traverser la Manche.