L'ONU craint une «violence généralisée» et lance une enquête sur les exactions en Ethiopie

La Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, Nada Al-Nashif, consulte des documents avant la réunion extraordinaire sur l'Éthiopie au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève le 17 décembre 2021. (AFP)
La Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, Nada Al-Nashif, consulte des documents avant la réunion extraordinaire sur l'Éthiopie au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève le 17 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Samedi 18 décembre 2021

L'ONU craint une «violence généralisée» et lance une enquête sur les exactions en Ethiopie

  • «Le danger d'une montée en puissance de la haine, des violences et des discriminations est très élevé», avertit le CDH
  • Addis Abeba rejette la création d'une «commission d'experts en droits de l'homme» et dénonce une mentalité «néocolonialiste»

GENÈVE : L'ONU a donné vendredi son feu vert à un mécanisme international d'enquête sur les exactions commises depuis un an en Ethiopie, une décision qui va "exacerber la situation sur le terrain" selon Addis Abeba.

Une résolution en ce sens a été adoptée à l'issue d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) consacrée, à la demande de l'Union européenne, à "la situation grave des droits de l'homme en Ethiopie".

Pour l'ambassadeur éthiopien Zenebe Kebede auprès de l'ONU à Genève, le multilatéralisme a "une fois de plus été pris en otage par une mentalité néocolonialiste".

"Les accusations portées contre mon pays ne sont pas fondées", a-t-il affirmé, en assurant que la décision prise allait "exacerber la situation sur le terrain".

"L'Ethiopie est prise pour cible et montrée du doigt au Conseil des droits de l'homme pour avoir défendu un gouvernement démocratiquement élu, la paix et l'avenir de son peuple", a-t-il ajouté.

Les pays africains, par la voix du représentant du Cameroun, l'ambassadeur Salomon Eheth, avaient apporté leur soutien à l'Ethiopie, en expliquant qu'un tel mécanisme d'enquête "est contreproductif et susceptible d'exacerber les tensions".

«Menace pour la région»

La résolution demande la création d'une "commission internationale d'experts en droits de l'homme". Trois experts seront prochainement nommés et auront ensuite la lourde tâche d'enquêter et de réunir des preuves sur les violations des droits humains dans le pays en guerre, avec pour objectif d'identifier, dans la mesure du possible, les responsables.

Dans une enquête conjointe avec la Commission éthiopienne des droits de l'homme, créée par le gouvernement éthiopien, l'ONU a conclu début novembre à de possibles crimes contre l'humanité commis par tous les acteurs.

Selon la Haute-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Nada Al-Nashif, l'ONU continue "de recevoir des rapports crédibles de violations graves et atteintes aux droits humains commises par toutes les parties".

"Il est primordial que les responsables répondent de leurs actes de manière indépendante, transparente et impartiale", a affirmé l'ambassadrice de l'UE, Lotte Knudsen, à l'issue du vote.

"Plus d'un an après le début du conflit au Tigré, la dégradation continue des situations sécuritaire et humanitaire, qui affecte désormais l'ensemble des régions du Nord de l'Ethiopie, constitue une menace pour la stabilité du pays et pour la région", a souligné pour sa part l'ambassadeur français Jérôme Bonnafont.

"Le danger d'une montée en puissance de la haine, des violences et des discriminations est très élevé, et pourrait dégénérer en violence généralisée. Cela pourrait avoir des conséquences majeures, non seulement pour des millions de personnes en Ethiopie, mais aussi dans toute la région", a également affirmé Mme Al-Nashif.

Écarté du pouvoir

La guerre a éclaté en novembre 2020 après que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré en novembre 2020 afin d'en destituer les autorités locales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

M. Abiy avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré et poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.

Après avoir gouverné de fait l'Ethiopie durant presque 30 ans, le TPLF a été progressivement écarté du pouvoir lorsque M. Abiy est devenu Premier ministre en 2018.

Le conflit en Ethiopie a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.

L'ONU déplore également que des milliers de personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'état d'urgence, décrété le 2 novembre par le gouvernement, et demande que des observateurs indépendants soient autorisés à accéder à tous les lieux de détention.

Selon Mme Al-Nashif, entre 5 000 et 7 000 personnes sont actuellement détenues - la majorité d'ethnie tigréenne, dont 9 membres du personnel de l'ONU.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.