L'hypothèse d'un pass sanitaire généralisé au travail crispe les partenaires sociaux

La ministre française du Travail Elisabeth Borne (AFP)
La ministre française du Travail Elisabeth Borne (AFP)
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Publié le Lundi 20 décembre 2021

L'hypothèse d'un pass sanitaire généralisé au travail crispe les partenaires sociaux

  • «Ce qui ressort des échanges c'est que les organisations syndicales n'y sont pas favorables, et que les organisations patronales sont réservées» a noté Mme Borne
  • Chez les partenaires sociaux, le scepticisme est de mise, notamment sur l'application d'une telle mesure

PARIS: "Inefficace", procédé "punitif" pouvant générer de la "tension": l'idée d'un pass sanitaire étendu à l'ensemble des entreprises suscite de fortes réticences chez les partenaires sociaux, consultés lundi par la ministre du Travail, Elisabeth Borne, qui assure que "rien n'est acté".


Généraliser le pass à toute la sphère professionnelle - au-delà des secteurs de la santé et au contact du public comme c'est le cas aujourd'hui - n'est qu'une "hypothèse", a souligné dimanche le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.


"Rien n'est acté à ce stade", a renchéri lundi Mme Borne, à l'issue d'une réunion en visioconférence avec les partenaires sociaux.


"Ce qui ressort des échanges c'est que les organisations syndicales n'y sont pas favorables, et que les organisations patronales sont réservées et s'interrogent sur les modalités pratiques de mise en œuvre", a-t-elle noté auprès de l'AFP.


L'exécutif ne cache cependant pas sa volonté de trouver les moyens de mettre la pression sur les non-vaccinés face à la cinquième vague du Covid-19 et l'arrivée du variant Omicron en France.


Pour le "Monsieur vaccin" du gouvernement, Alain Fischer, qui s'exprimait lundi sur France Inter, cette extension, "sous un angle scientifique, c'est sûr que c'est une protection supplémentaire qui devrait éviter une crise sanitaire grave".


Mais chez les partenaires sociaux, le scepticisme est de mise, notamment sur l'application d'une telle mesure.


Selon François Asselin (CPME), au fil de la réunion, il y a eu "plus de questions abordées que de réponses apportées". Il a cité notamment le contrôle du pass, la situation des salariés qui ne repassent pas tous les jours dans l'entreprise ou encore la question du secret médical.


"Je ne suis pas sûr qu'il faille en passer par là pour convaincre les non-vaccinés", a-t-il ajouté.


Du côté du Medef, un porte-parole a relevé que cela "semble une manière d'imposer la vaccination par l'intermédiaire des entreprises. Or c'est au gouvernement d'assumer cette responsabilité".

«Epée de Damoclès»
Pour Dominique Métayer, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), "s'il faut en passer par là, oui, ce qu'on veut absolument éviter ce sont les fermetures obligatoires".


"Ils ont brandi cette épée de Damoclès" mais "on a aujourd'hui des outils comme la vaccination, les gestes barrière et déjà certaines restrictions d'activité", a-t-il noté à l'issue de la réunion.


Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH, a évoqué lundi sur Sud Radio "une usine à gaz" susceptible de générer "de la tension" au sein des entreprises.


Du côté des syndicats, le ton est nettement hostile, plusieurs d'entre eux relevant à l'issue de la réunion que cela pose "tout un tas de questions": qui va contrôler ? quelles sanctions ?, etc. 


Au nom de la CFDT, Marylise Léon s'est déclarée "très, très sceptique", craignant des situations "vraiment conflictuelles" dans certaines sociétés.


Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avait fustigé avant même la réunion une mesure "absurde et totalement inefficace", tandis que pour Michel Beaugas (FO), "mieux vaut convaincre et inciter que contraindre".


Cyril Chabanier (CFTC) s'est dit "très réservé", notant qu'au vu de l'opposition "un peu totale", "ça risque de freiner", tandis que François Hommeril (CFE-CGC) a relevé que les clusters en entreprise restent "très exceptionnels", jugeant qu'"à ce titre, le pass ne sert à rien". 


Soulignant que l'objectif de la réunion était "de regarder tous les leviers qu'on peut mobiliser face au variant Omicron", qui est "beaucoup plus contagieux", Mme Borne a par ailleurs fait état d'un "relatif consensus sur le fait de remonter la cible actuelle à trois, quatre jours de télétravail par semaine", contre deux à trois jours actuellement.


Après la ministre du Travail, ce sera mardi au tour de la ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, d'ouvrir une consultation "sur toutes les mesures de protection possibles avec les syndicats de la fonction publique", selon son entourage.


Le Premier ministre Jean Castex doit lui recevoir les groupes parlementaires pour discuter des futurs champs d'application du pass sanitaire.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".