CASABLANCA: Près d’un mois après un allégement important des mesures restrictives au Maroc, avec une levée du couvre-feu le 10 novembre 2021, le Royaume pourrait de nouveau avoir à resserrer la vis. Selon les informations dont dispose Arab News en français, ce scénario de durcissement des mesures restrictives serait sur la table du gouvernement pour les prochains jours.
Tout dépendra de l’évolution de la situation épidémique et de la vitesse de propagation du variant Omicron de la Covid-19, le premier cas ayant été détecté le 15 décembre à Casablanca. La fermeture des frontières aériennes et maritimes, décidée le 29 novembre dernier, a d’ailleurs été prolongée jusqu’au 31 décembre et pourrait se poursuivre au mois de janvier 2022.
«Si le rythme de vaccination ne s’accélère pas et si la courbe des contaminations repart à la hausse, le gouvernement sera obligé de réinstaurer un couvre-feu de 21h à 5h, il maintiendra la fermeture des frontières et imposera de nouvelles restrictions liées aux déplacements interurbains, aux rassemblements et aux activités culturelles et festives», nous confie une source.
Durcissement des mesures restrictives
Contacté par nos soins, le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, n’exclut pas un durcissement des mesures restrictives.
«Aujourd’hui, la situation est sous contrôle. Le Maroc a dépassé la vague de contaminations liée au variant Delta et tous les indicateurs sont au vert. Toutefois, à cause de la forte propagation du variant Omicron et de la réticence de certains à se faire vacciner, notamment à la troisième dose, la situation pourrait devenir inquiétante. Un recours au durcissement des mesures restrictives n’est donc pas exclu», nous déclare-t-il.
Il regrette, par ailleurs, un tel scénario, contraignant pour la vie sociale et pour l’économie du pays, et que l’on pourrait l’éviter grâce à l’accélération du rythme de vaccination et à l’adoption des mesures barrières. Il lance ainsi un appel aux récalcitrants. En effet, même si le vaccin ne protège pas totalement contre le variant Omicron, il réduit de manière significative les cas graves et sévères.
«Instauration progressive»
«Je pense qu’il y aura une instauration progressive des mesures restrictives proportionnelle aux connaissances dont on dispose sur le variant Omicron, à l’évolution de la pandémie et aux vagues qui seront liées à Omicron dans les autres pays. Moins on vaccine, moins on respecte les mesures barrières, plus il y aura des mesures restrictives», avertit-il.
Selon lui, il faudra, outre le respect des mesures barrières, accélérer la vaccination des jeunes âgés de 17 ans et commencer celle des 5 à 11 ans puisqu’ils pourraient être un réservoir important du virus et donc des propagateurs du variant Omicron.
Situation épidémique sous contrôle
Rappelons que, depuis plusieurs semaines, le Maroc est sorti de la vague liée au variant Delta qui a fait rage de juillet à septembre 2021. La situation épidémique est sous contrôle, avec une propagation moindre du virus.
Depuis le début de la pandémie, plus de 950 000 cas positifs ont été détectés, 10 millions de tests de dépistage effectués et 14 800 décès ont été enregistrés à ce jour.
«Ces dernières semaines, tous les indicateurs liés à la pandémie sont passés au vert. Le taux de positivité, qui était de 25% au mois d’août 2021, se situe actuellement, au maximum, entre 1 et 2%, ce qui prouve que le virus circule beaucoup moins. En ce qui concerne le taux d’occupation des lits de réanimation, nous sommes passés de plus de 52% à 1,8% aujourd’hui. La situation épidémique est en effet maîtrisée, mais on constate que, depuis deux semaines, de plus en plus de cas positifs – quelques dizaines de plus chaque jour – sont enregistrés. S’agit-il des prémices d’une nouvelle vague liée à la saison hivernale et aux variants Delta et Omicron, ou de simples fluctuations?», se demande Tayeb Hamdi.
Quoi qu’il en soit, une nouvelle vague de contaminations est fort probable au Maroc dans les prochaines semaines, notamment à cause de la saison froide, du variant Delta, qui est dominant au Maroc, mais également à cause du variant Omicron. Pour limiter la propagation de ce dernier, les autorités sanitaires du Royaume ont lancé une enquête épidémiologique tout en renforçant la veille génomique des tests de dépistage.
Près de 70% de la population est vaccinée
Grâce à la forte mobilisation des autorités sanitaires et à l’approche anticipative du Maroc, sous la supervision de la plus haute autorité du pays, le roi Mohammed VI, le Maroc figure aujourd’hui parmi les nations qui ont lutté le plus efficacement contre la propagation de la Covid-19. Aujourd’hui, près de 70% de la population marocaine a reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid-19, soit près de 25 millions de Marocains.
63% de la population a reçu la deuxième dose et plus de 2,25 millions d’individus ont reçu la troisième, «mais c’est un chiffre qui reste bas par rapport à la population cible de la troisième dose. Nous avons un déficit de 4,5 millions de personnes qui auraient dû recevoir cette dose mais ne l’ont pas reçue», regrette par ailleurs Tayeb Hamdi.
Le 17 décembre dernier, le Maroc a enregistré 209 nouveaux cas de contamination, 232 guérisons et 2 décès. Les cas actifs s’élèvent à 1 317, alors que les cas graves sont de 97, parmi lesquels une personne placée sous intubation.