BERLIN: Cinq ans après l'attentat au camion bélier sur un marché de Noël de Berlin, l'Allemagne a rendu hommage dimanche aux victimes de l'attaque jihadiste la plus meurtrière commise sur son sol.
Perpétrée par le Tunisien Anis Amri, 24 ans, l'attaque du 19 décembre 2016, revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), avait fait 12 morts et des dizaines de blessés. Une treizième personne est décédée en octobre des suites de graves blessures subies à l'époque.
"La déchirure est profonde. Elle est encore douloureuse aujourd'hui. Elle demeure", a déclaré le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier lors d'une cérémonie en fin de journée.
L'hommage s'est déroulé dans l'emblématique église du Souvenir (Gedächtniskirche) dont le clocher partiellement détruit pendant la Seconde guerre mondiale surplombe la place accueillant le marché de Noël, la Breitscheidplatz.
Les cloches de l'église ont sonné à 20h02, l'heure de l'attentat, quand le camion lancé à pleine vitesse a foncé sur la foule.
L'Etat "a le devoir de remédier aux erreurs, aux manquements et aux problèmes qui ont contribué à ce que cet attentat ne soit pas évité", a souligné M. Steinmeier alors que des défaillances des services de sécurité ont été relevées par plusieurs rapports.
Les autorités doivent "continuer à enquêter lorsque de nouvelles informations sur ce crime sont disponibles. C'est la seule façon de rétablir la confiance des citoyens dans leur État", a encore estimé le chef de l'Etat.
Des proches des victimes, présents à la cérémonie, ont adressé cette semaine une lettre ouverte au nouveau gouvernement d'Olaf Scholz lui demandant des investigations supplémentaires alors que, selon eux, toute la lumière n'a pas été faite sur les complices et commanditaires éventuels de l'attentat.
En fuite pendant quatre jours, Anis Amri avait finalement été retrouvé et abattu par la police en Italie.
"L'attentat de Breitscheidplatz soulève toujours de nombreuses questions qui, de mon point de vue, n'ont pas reçu de réponses suffisantes", a reconnu le vice-chancelier Robert Habeck, il y a quelques jours.
Différents rapports d'enquête ont pointé les erreurs commises dans la surveillance d'Anis Amri, arrivé en Allemagne en 2015 et rapidement repéré comme un islamiste dangereux et un trafiquant de drogue.
Les autorités allemandes restent sur le qui-vive concernant la menace islamiste. Depuis 2000, elles ont déjoué 23 tentatives d'attentat de ce type, avait indiqué en septembre le ministre de l'Intérieur.
Le nombre d'islamistes considérés comme dangereux se trouvant en Allemagne s'établit actuellement à 554, selon la police.
Outre l'attaque du marché de Noël, l'EI a revendiqué en 2016 un meurtre au couteau à Hambourg, un attentat à la bombe à Ansbach qui avait fait 15 blessés et tué l'assaillant, ainsi qu'une attaque à la hache dans un train en Bavière (cinq blessés).
Pour les autorités, aucun des auteurs d'attentat n'est cependant venu en Europe porteur d'ordres de l'EI, contrairement à certains des assaillants du 13 novembre 2015 à Paris. Tous semblent avoir organisé leurs actes seuls, parfois sous l'emprise de troubles mentaux.