Paris: la nouvelle police municipale à l'épreuve de la grogne sociale

Des agents de la police municipale sont titulaires d'un diplôme reçu des mains de la Maire de Paris lors de la cérémonie de remise officielle de la première promotion de la police municipale de Paris devant l'Hôtel de Ville de Paris le 18 octobre 2021.(AFP)
Des agents de la police municipale sont titulaires d'un diplôme reçu des mains de la Maire de Paris lors de la cérémonie de remise officielle de la première promotion de la police municipale de Paris devant l'Hôtel de Ville de Paris le 18 octobre 2021.(AFP)
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Publié le Vendredi 17 décembre 2021

Paris: la nouvelle police municipale à l'épreuve de la grogne sociale

  • La nouvelle police municipale parisienne, promesse de campagne de la maire Anne Hidalgo, fait face à son premier mouvement social
  • Progressivement formés à raison de 200 par trimestre, les quelque 2.000 agents ISVP et ASP ont vocation à intégrer la nouvelle organisation

PARIS : Encore embryonnaire et déjà secouée : la nouvelle police municipale parisienne, promesse de campagne de la maire PS Anne Hidalgo, fait face à son premier mouvement social, les syndicats craignant de futures conditions de travail dégradées qui nuiraient à son attractivité.

"On nous tranche comme des morceaux de saucisson": responsable FO, Malik Belhadj est ressorti jeudi "très déçu" de la réunion avec le directeur de la nouvelle direction de la police municipale et de la prévention (DPMP), Michel Felkay.

Le patron de la police municipale parisienne, officiellement créée en juin et qui doit rassembler 3.400 policiers à la fin du deuxième mandat d'Anne Hidalgo en 2026, a reçu dans la matinée une intersyndicale (Unsa, CFDT, UCP, FO, CFTC) remontée sur les cycles de travail en fin de négociation.

Pour ce premier appel à la grève, leur manifestation face à l'Hôtel de Ville n'a pourtant réuni qu'une centaine d'agents. Mais impossible pour la candidate socialiste à la présidentielle, qui s'était positionnée avant sa réélection en 2020 pour une police municipale à laquelle elle était auparavant opposée, de négliger le dialogue social sur une promesse particulièrement scrutée.

Les revendications sont "logiques, compte tenu de l'ampleur de cette réforme au bout de laquelle on arrive", relativise son adjoint à la sécurité Nicolas Nordman (PS), qui souligne que la "discussion est encore ouverte" sur plusieurs points, dont celui du taux de présence.

Les syndicats veulent que 50% des agents soient présents toute l'année, et non 70% hors vacances scolaires comme le prévoit selon eux une clause. "50%, c'est largement suffisant", estime M. Belhadj.

"Il faut trouver une formule qui permette aux équipes de fonctionner" et que "tout le monde ait le même régime", répond M. Nordman, soulignant que parmi les deux corps actuels des agents de sécurité parisiens, les inspecteurs de surveillance (ISVP) sont à 50% et les agents de surveillance (ASP) à 70%.

Progressivement formés à raison de 200 par trimestre, les quelque 2.000 agents ISVP et ASP ont vocation à intégrer la nouvelle organisation, dont la première promotion - 154 agents - a été présentée en octobre.

Les horaires en question 

Autre écueil: les ISVP craignent de perdre les six heures d'entraînement physique professionnel (EPP) par semaine dont ils bénéficiaient, M. Nordman souhaitant "trouver un volume horaire qui permette à tout le monde d'en bénéficier". 

En raison du manque de dojos, la réforme "peut se traduire par une diminution des six heures hebdomadaires", reconnaît l'adjoint. "Si on nous baisse l'entraînement physique professionnel, on va rebondir tout de suite sur l'arme létale", anticipe Jacky Mahé (Unsa), pour qui "demain, avec police marqué dans le dos, on expose les agents si on leur baisse la formation continue".

"Nous n'allons pas armer nos agents, mais nous allons permettre à ceux qui n'ont pas d'entraînement physique d'en avoir", maintient M. Nordman, qui a eu besoin des voix de la droite pour faire voter le projet, auquel alliés écologistes et communistes sont restés opposés.

Quant aux horaires décalés et le roulement en 4-2 (4 jours de travail puis 2 de repos), le principe reste celui du volontariat, assure la mairie alors que les syndicats s'inquiètent de cycles imposés d'office. "Seuls 15% des collègues habitent Paris, certains ont deux heures de route", fait valoir Jacky Mahé.

"Un jeune qui rejoint une police municipale en petite et grande couronne va gagner entre 300 et 500 euros de plus", affirme ce dernier pour qui, dans un contexte de forte concurrence entre collectivités pour recruter, il est aujourd'hui "extrêmement compliqué de rendre la police municipale parisienne attractive".

Un jugement partagé par l'opposition de droite et Philippe Goujon, maire LR du XVe arrondissement, qui souligne la "nécessité de fidélisation" des policiers municipaux via "des compensations indemnitaires" ou des avantages tels qu'un logement ou une crèche.

"Le salaire d'un ISVP parisien est supérieur à celui d'un policier municipal de base", répond l'exécutif parisien pour qui un nouvel entrant dans la police touchera au minimum près de 2.000 euros net. Et met en avant les 1.645 candidats extérieurs qui se sont inscrits au concours, pour pourvoir 300 places d'ici début 2023.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».