WASHINGTON: Les nouvelles encourageantes s'enchaînent pour Pfizer: le géant pharmaceutique a confirmé mardi que sa pilule anti-Covid réduisait de près de 90% les hospitalisations et décès chez les personnes à risque lorsque prise dans les premiers jours après l'apparition des symptômes.
Et une étude réalisée en Afrique du Sud a séparément estimé que le vaccin de Pfizer était globalement moins efficace contre le variant Omicron, mais protégeait toujours à 70% contre les cas graves de la maladie.
Une donnée importante au moment où ce variant hautement contagieux, classé comme préoccupant par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), se répand dans le monde.
L'entreprise américaine commercialise l'un des vaccins contre la Covid-19 les plus utilisés sur la planète, et développe en parallèle un traitement antiviral, pris sous forme de comprimé en cas d'infection.
Ce dernier, nommé Paxlovid, devrait rester efficace contre Omicron selon des tests réalisés en laboratoire, a également annoncé Pfizer mardi. Albert Bourla, le PDG de Pfizer, a ajouté sur CBS que le traitement résisterait a priori "très, très bien" à Omicron.
"Cette nouvelle fournit un autre outil potentiellement puissant dans notre lutte contre le virus, y compris contre le variant Omicron", s'est félicité le président américain Joe Biden, rappelant que les Etats-Unis avaient déjà commandé assez de traitements pour 10 millions d'Américains.
"Si ce traitement est effectivement autorisé -- et lorsque les pilules seront largement disponibles -- cela marquera un pas important", a-t-il ajouté.
Autorisation en cours d'étude
Les résultats d'efficacité présentés mardi par Pfizer s'appuient sur la totalité des participants aux essais cliniques (plus de 2 200 personnes), et confirment ce qui avait été annoncé début novembre à partir de résultats préliminaires.
Aucun décès n'a été enregistré parmi ceux ayant reçu le traitement, contre 12 dans le groupe ayant reçu le placebo. Les participants étaient non vaccinés et présentaient un haut risque de développer un cas grave de la Covid-19.
Le traitement doit être pris pendant cinq jours, toutes les 12 heures.
Dans le détail, le risque d'hospitalisation et de décès était réduit de 89% lorsque le traitement était pris dans les trois jours après l'apparition des symptômes, et de 88% dans les cinq jours.
Albert Bourla a estimé sur CBS que la pilule pourrait être disponible aux Etats-Unis dès "ce mois-ci". Pfizer avait déjà préalablement annoncé avoir demandé son autorisation auprès de l'Agence américaine des médicaments (FDA), et ces nouvelles données seront ajoutées au dossier.
Par ailleurs, Pfizer a communiqué mardi des résultats préliminaires d'essais réalisés cette fois sur des patients n'étant pas à risque de développer un cas grave de la maladie. Cette étude a montré une réduction de 70% des hospitalisations, mais ces données réclamaient d'être confirmées et l'essai se poursuit.
Les antiviraux agissent en diminuant la capacité d'un virus à se répliquer, freinant ainsi la maladie. Ils sont très attendus car faciles à administrer, en pouvant être pris simplement chez soi avec un verre d'eau.
Merck développe également une pilule de ce type, déjà autorisée au Royaume-Uni. Mais celle-ci n'a démontré qu'une réduction de 30% du taux d'hospitalisation et de décès chez les patients à risque lors des essais cliniques. La FDA ne l'a toujours pas approuvée aux Etats-Unis, malgré un avis positif d'un comité d'experts fin novembre.
Protection du vaccin
En Afrique du Sud, premier pays ayant détecté Omicron, une étude sur l'efficacité de deux doses de vaccin de Pfizer contre ce variant a été menée à partir de 78 000 tests PCR positifs.
L'étude montre une efficacité de 33% contre le risque de contamination, avec un nombre élevé de réinfections. Soit une nette baisse par rapport aux 80% de protection contre les infections par le précédent variant dominant, Delta.
Ces données sont en ligne avec une précédente étude britannique, ce qui selon les experts souligne l'utilité d'une troisième dose de vaccin.
Mais le vaccin restait efficace à 70% contre les hospitalisations (contre 93% face à Delta), ont déclaré les chercheurs sud-africains, ce qui est encore considéré comme un niveau de protection significatif.
Cette protection est en outre observée chez tous les groupes d'âge, selon l'étude, qui a été élaborée par la première assurance maladie privée du pays, Discovery, avec les scientifiques du Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC).
La présidente du SAMRC, organisation publique de recherche médicale, Glenda Gray, a jugé ces résultats "extrêmement encourageants", rappelant que "le vaccin est conçu pour protéger contre les hospitalisations et les décès".
"Malgré des cas moins sévères, les systèmes de santé pourraient être débordés par le volume des contaminations, compte tenu de la propagation rapide d'Omicron", a toutefois averti le président de Discovery, Ryan Noach.