Les pays occidentaux ont lancé une mise en garde mercredi à Milorad Dodik, le chef politique des Serbes de Bosnie, deux jours avant une session du Parlement de l'entité serbe visant à lancer un processus de retrait des institutions centrales du pays des Balkans.
La Republika Srpska (RS) dispose d'une large autonomie au sein de ce pays décentralisé, divisé selon des lignes de fractures ethniques. Mais Milorad Dodik, ancien protégé des Occidentaux devenu ultra nationaliste, conteste le renforcement au fil des années des institutions centrales de Bosnie et réclame même un retour en arrière.
Le Parlement de la RS se réunira vendredi pour discuter du retrait de l'entité serbe de l'armée commune bosnienne, du système central des impôts et de la justice, mis en place après la guerre intercommunautaire des années 1990 sous la pression des puissances occidentales.
"Les actions entreprises par une quelconque partie pour saper le cadre général de l'Accord de paix auront des conséquences", a déclaré le Conseil de la mise en œuvre de la paix (PIC) chargé de l'application de l'accord de Dayton (Etats-Unis) qui avait mis fin au conflit en 1995.
Ce conseil est composé notamment des représentants des puissances occidentales et de la Russie, mais celle-ci n'a pas cosigné ce communiqué.
La Russie soutient Milorad Dodik qui s'est rendu la semaine dernière à Moscou pour rencontrer le président Vladimir Poutine.
"Le PIC a souligné qu'il ne peut y avoir de retrait unilatéral des accords sur le transfert (des responsabilités) des entités vers l'État (central)", selon le communiqué.
L'accord de paix de Dayton a consacré la division de la Bosnie en deux, la RS et une entité croato-musulmane, unies par un gouvernement central faible.
Milorad Dodik, qui affirme depuis des années que la Bosnie est un "pays impossible" et brandit des menaces de sécession, a annoncé en septembre la création d'une armée des Serbes de Bosnie.
Mais il semble avoir mis de l'eau dans son vin après de multiples visites ces dernières semaines des diplomates américains pour réaffirmer le soutien de Washington à l'intégrité territoriale du pays.
Les forces armées communes, qui comptent 10.000 soldats et personnels civils, ont été mises en place en 2006, onze ans après la guerre qui avait fait 100.000 morts.
Milorad Dodik, qui est membre serbe de la présidence collégiale bosnienne, a cependant affirmé mercredi qu'il n'avait pas l'intention de renoncer et qu'il souhaitait toujours retirer la RS des institutions centrales dans les domaines de l'armée, des impôts et de la justice.