PARIS: Le ministre français délégué aux Petites et moyennes entreprises, Alain Griset, a démissionné mercredi après avoir été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir dissimulé une partie de son patrimoine.
"Alain Griset a donc remis sa démission en tant que membre du gouvernement" au président Emmanuel Macron et au Premier ministre Jean Castex, selon un communiqué diffusé par le ministère de l'Economie dont il dépendait.
Au gouvernement français depuis juillet 2020, M. Griset a été le premier ministre en exercice à comparaître devant un tribunal correctionnel. Mercredi, la justice l'a condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis et une peine d'inéligibilité de trois ans.
La moralisation de la vie politique en France avait été un des grands chantiers d'Emmanuel Macron, élu président en 2017 après une campagne marquée par des scandales judiciaires. La même année, le Parlement avait voté une loi à ce sujet.
En prononçant son jugement, le tribunal a retenu que M. Griset "avait fait le choix de dissimuler une partie substantielle de son patrimoine" et relevé deux éléments aggravants: les fonds en cause étaient hébergés dans une banque française et il a "fait preuve d'une réelle volonté de dissimulation".
Il est soupçonné d'avoir intentionnellement caché à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) la détention d'un plan d'épargne en actions de 171.000 euros et des "participations directes" dans plusieurs sociétés comme la Française des Jeux ou Natixis.
Egalement en cause, une somme de 130.000 euros placés sur son plan d'épargne en actions et qui appartenait à la Confédération nationale de l'artisanat des métiers et des services (Cnams) du Nord, une organisation que M. Griset dirigeait depuis 1991.
Devant ses juges, M. Griset, 68 ans, un ancien artisan taxi du nord de la France, avait défendu sa probité en plaidant "une maladresse" et en rejetant toute "malhonnêteté".
"A aucun moment je n'ai voulu tricher, voler ou cacher quoi que ce soit. Quand on a la chance d'être ministre, on ne gâche pas cette chance en essayant de dissimuler quelque chose qui était si visible", avait-il dit. A la barre, il avait également rappelé ses origines modestes, son manque de diplômes. "Je suis bac -8".
En cas de condamnation, "je continuerai tant que le président (Emmanuel Macron) me fait confiance", avait-il alors affirmé.
Le tribunal a été moins sévère dans sa décision que les réquisitions du parquet. Celui-ci réclamait contre le ministre de dix à douze mois d'emprisonnement avec sursis et une peine d'inéligibilité de trois ans sans sursis.
L'avocat du ministre, Me Patrick Maisonneuve, a annoncé qu'il allait faire appel de cette condamnation.