En France, les non-vaccinés se sentent «au pied du mur»

Selon le ministère de la Santé, ils étaient environ 21 000 chaque jour à se faire vacciner entre le 25 novembre et le 1er décembre. (Photo, AFP)
Selon le ministère de la Santé, ils étaient environ 21 000 chaque jour à se faire vacciner entre le 25 novembre et le 1er décembre. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 décembre 2021

En France, les non-vaccinés se sentent «au pied du mur»

  • Sur la plateforme Doctolib, les rendez-vous pour une primo-vaccination se multiplient
  • Pourquoi «vacciner toute la population alors qu'il y a seulement 1% de morts? Ca me semble irrationnel»

PARIS : "Persona non grata", "au pied du mur", "sceptiques"... Ils font partie des six millions de Français qui ne sont pas convaincus par le vaccin anti-Covid. Pourtant, face aux dernières mesures gouvernementales, ils ont changé d'avis et sont prêts à recevoir leur première dose.

Sur la plateforme Doctolib, les rendez-vous pour une primo-vaccination se multiplient. Selon le ministère de la Santé, ils étaient environ 21 000 chaque jour à se faire vacciner entre le 25 novembre et le 1er décembre.

Christelle* fait partie de cette catégorie. Dans la salle d'attente du vaccinodrome de la mairie de Clamart, elle attend de pied ferme les résultats de son test sérologique. Très vite, son visage se fige car c'est négatif: elle n'a jamais contracté le Covid. Il lui faut donc deux doses de vaccin, "C'est l'enfer", soupire-t-elle. 

Elle lit scrupuleusement la fiche de renseignement, la signe et suit la médecin. "Si je le fais, c'est uniquement pour mon job !", assure-t-elle. Cette femme de 37 ans travaille dans un théâtre, où le pass sanitaire est obligatoire. "Je dois me faire tester tous les jours et payer 25 euros pour aller au travail", s'indigne-t-elle, "c'est un budget qui n'était pas prévu. Au final, soit il faut gagner 15 000 euros par mois, soit je dois changer de boulot". 

Si elle se vaccine aujourd'hui, c'est donc "parce qu'on ne lui laisse pas le choix".  

"J'ai très peur des effets secondaires. Je pense sincèrement ne pas avoir besoin du vaccin: je ne tombe jamais malade, je ne prends jamais de médicaments. Mon fils l'a eu, avec son père on lui faisait des câlins dans l'espoir qu'il nous contamine et qu'on ait un pass sanitaire valide", raconte-t-elle. 

«Peur que ça me porte préjudice»

A une trentaine de kilomètres de là, dans le Val-d'Oise, Angela scrute régulièrement les rendez-vous sur Doctolib. "Quand j'étais sceptique, il y avait toujours plein de disponibilités, et maintenant que je souhaite me faire vacciner: je ne trouve aucun créneau !", ironise-t-elle. 

A 23 ans, cette étudiante en communication est la seule de sa classe à ne pas être vaccinée. "Je suis un peu la persona non grata, je me sens un peu mal à l'aise", fait-elle valoir. 

Pourtant, si elle cherche un rendez-vous pour une primo-injection c'est surtout pour compléter son cursus. "Ca a commencé à impacter mes études, j'ai peur que ça me porte préjudice". 

Bientôt, elle devra faire un stage de six mois dans une entreprise mais, sans un pass valide, "il risque d'être annulé", regrette-t-elle. 

«manque de recul»

Katie*, fonctionnaire et maman de 30 ans veut "un deuxième enfant. Ça m'inquiète. J'ai peur que ça retarde ma grossesse ou que ça ait des effets sur mon enfant". 

"Je ne suis pas anti-vax", dit-elle, le Covid, "je ne nie pas son existence, je l'ai moi-même eu et les symptômes n'étaient pas bénins. J'ai dégusté pendant des semaines, je n'allais pas bien du tout", reconnaît-elle. 

Elle est préoccupée par la répétition des injections, maintenant qu'il faut justifier avoir reçu trois doses de vaccins. Katie regrette le "manque de recul" sur les effets secondaires du vaccin et le "peu d'esprit critique" régnant actuellement. 

Pourquoi "vacciner toute la population alors qu'il y a seulement 1% de morts"? se demande-t-elle. "Ca me semble irrationnel".

Néanmoins, elle ira "par dépit" car son pass arrive à expiration. "Si je vais me faire vacciner, ce n'est pas pour ma santé, c'est pour ma liberté", dit-elle avec amertume. 

Pour Sara*, Parisienne de 26 ans, si pas de vaccin, pas de Time Square ! Cette jeune communicante dans le domaine médical a annulé son voyage à New York pour les fêtes de fin d'année, "c'est triste mais bon. Je ne remettrai jamais en cause les scientifiques ni les chiffres officiels, le vaccin a été une excellente nouvelle, je trouve cependant que c'est trop tôt". 

Malgré tout, "on est déjà à la troisième dose, ça me pénalise: ça fait deux ans que je n'ai pas vu ma mère". "Les gens sont plus rassurés quand les autres sont vaccinés" donc "c'est décidé, je vais le faire".

*Les prénoms ont été modifiés 


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».