PARIS : "Persona non grata", "au pied du mur", "sceptiques"... Ils font partie des six millions de Français qui ne sont pas convaincus par le vaccin anti-Covid. Pourtant, face aux dernières mesures gouvernementales, ils ont changé d'avis et sont prêts à recevoir leur première dose.
Sur la plateforme Doctolib, les rendez-vous pour une primo-vaccination se multiplient. Selon le ministère de la Santé, ils étaient environ 21 000 chaque jour à se faire vacciner entre le 25 novembre et le 1er décembre.
Christelle* fait partie de cette catégorie. Dans la salle d'attente du vaccinodrome de la mairie de Clamart, elle attend de pied ferme les résultats de son test sérologique. Très vite, son visage se fige car c'est négatif: elle n'a jamais contracté le Covid. Il lui faut donc deux doses de vaccin, "C'est l'enfer", soupire-t-elle.
Elle lit scrupuleusement la fiche de renseignement, la signe et suit la médecin. "Si je le fais, c'est uniquement pour mon job !", assure-t-elle. Cette femme de 37 ans travaille dans un théâtre, où le pass sanitaire est obligatoire. "Je dois me faire tester tous les jours et payer 25 euros pour aller au travail", s'indigne-t-elle, "c'est un budget qui n'était pas prévu. Au final, soit il faut gagner 15 000 euros par mois, soit je dois changer de boulot".
Si elle se vaccine aujourd'hui, c'est donc "parce qu'on ne lui laisse pas le choix".
"J'ai très peur des effets secondaires. Je pense sincèrement ne pas avoir besoin du vaccin: je ne tombe jamais malade, je ne prends jamais de médicaments. Mon fils l'a eu, avec son père on lui faisait des câlins dans l'espoir qu'il nous contamine et qu'on ait un pass sanitaire valide", raconte-t-elle.
«Peur que ça me porte préjudice»
A une trentaine de kilomètres de là, dans le Val-d'Oise, Angela scrute régulièrement les rendez-vous sur Doctolib. "Quand j'étais sceptique, il y avait toujours plein de disponibilités, et maintenant que je souhaite me faire vacciner: je ne trouve aucun créneau !", ironise-t-elle.
A 23 ans, cette étudiante en communication est la seule de sa classe à ne pas être vaccinée. "Je suis un peu la persona non grata, je me sens un peu mal à l'aise", fait-elle valoir.
Pourtant, si elle cherche un rendez-vous pour une primo-injection c'est surtout pour compléter son cursus. "Ca a commencé à impacter mes études, j'ai peur que ça me porte préjudice".
Bientôt, elle devra faire un stage de six mois dans une entreprise mais, sans un pass valide, "il risque d'être annulé", regrette-t-elle.
«manque de recul»
Katie*, fonctionnaire et maman de 30 ans veut "un deuxième enfant. Ça m'inquiète. J'ai peur que ça retarde ma grossesse ou que ça ait des effets sur mon enfant".
"Je ne suis pas anti-vax", dit-elle, le Covid, "je ne nie pas son existence, je l'ai moi-même eu et les symptômes n'étaient pas bénins. J'ai dégusté pendant des semaines, je n'allais pas bien du tout", reconnaît-elle.
Elle est préoccupée par la répétition des injections, maintenant qu'il faut justifier avoir reçu trois doses de vaccins. Katie regrette le "manque de recul" sur les effets secondaires du vaccin et le "peu d'esprit critique" régnant actuellement.
Pourquoi "vacciner toute la population alors qu'il y a seulement 1% de morts"? se demande-t-elle. "Ca me semble irrationnel".
Néanmoins, elle ira "par dépit" car son pass arrive à expiration. "Si je vais me faire vacciner, ce n'est pas pour ma santé, c'est pour ma liberté", dit-elle avec amertume.
Pour Sara*, Parisienne de 26 ans, si pas de vaccin, pas de Time Square ! Cette jeune communicante dans le domaine médical a annulé son voyage à New York pour les fêtes de fin d'année, "c'est triste mais bon. Je ne remettrai jamais en cause les scientifiques ni les chiffres officiels, le vaccin a été une excellente nouvelle, je trouve cependant que c'est trop tôt".
Malgré tout, "on est déjà à la troisième dose, ça me pénalise: ça fait deux ans que je n'ai pas vu ma mère". "Les gens sont plus rassurés quand les autres sont vaccinés" donc "c'est décidé, je vais le faire".
*Les prénoms ont été modifiés