Migrants: dans le détroit, les rêves noyés des 27 naufragés de Calais

Dix jours après le drame du 24 novembre, le plus meurtrier depuis que les migrants tentent de traverser le «Channel» pour l'Angleterre, il reste délicat d'établir les nationalités des victimes. Seule certitude, selon les enquêteurs: une grande partie étaient Kurdes irakiens. (Photo, AFP)
Dix jours après le drame du 24 novembre, le plus meurtrier depuis que les migrants tentent de traverser le «Channel» pour l'Angleterre, il reste délicat d'établir les nationalités des victimes. Seule certitude, selon les enquêteurs: une grande partie étaient Kurdes irakiens. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 04 décembre 2021

Migrants: dans le détroit, les rêves noyés des 27 naufragés de Calais

  • Dix jours après le drame du 24 novembre, le plus meurtrier depuis que les migrants tentent de traverser le «Channel» pour l'Angleterre, il reste délicat d'établir les nationalités des victimes
  • Selon l'enquête, ils seraient partis «en fin de nuit» de Loon-Plage, près de Grande-Synthe, où campent de nombreux exilés sur le littoral nord de la France

LILLE : Une eau glaciale s'infiltre dans le piteux bateau pneumatique dégonflé. A son bord, une trentaine de migrants, désespérés, appellent à l'aide. La mort s'apprête à faucher 27 d'entre eux --au moins-- au large de Calais dans le nord de la France.

Dix jours après le drame du 24 novembre, le plus meurtrier depuis que les migrants tentent de traverser le "Channel" pour l'Angleterre, il reste délicat d'établir les nationalités des victimes. Seule certitude, selon les enquêteurs: une grande partie étaient Kurdes irakiens.

Dans des entretiens accordés à la chaîne kurde irakienne Rudaw, les deux survivants --un Kurde et un Somalien-- évoquent aussi des Ethiopiens, Iraniens, Egyptiens et un Vietnamien. Des familles afghanes ont aussi contacté les autorités françaises à la recherche de proches. 

Selon l'enquête, ils seraient partis "en fin de nuit" de Loon-Plage, près de Grande-Synthe, où campent de nombreux exilés sur le littoral nord de la France.

Leur moyen de transport: un "long boat", médiocre bateau pneumatique grisâtre à fond souple, destiné à une seule traversée. Selon les déclarations du survivant kurde --la préfecture maritime confirme qu'il s'agit bien d'un rescapé-- un Egyptien, plus âgé, tient la barre.

Elle appelle son fiancé

Au moins 19 hommes, sept femmes, deux adolescents et un enfant s'y entassent, la plupart équipés de gilets de sauvetage orange. Le rescapé kurde affirme qu'ils sont 33 quand les passeurs les comptent.

Les conditions sont bonnes pour la saison. Du fait des courants, il faut en moyenne une dizaine d'heures pour rejoindre les côtes anglaises.

L'embarcation est au milieu du "Channel" quand elle commence à prendre l'eau, puis à se dégonfler, selon le récit du Kurde.

Des passagers essayent de la regonfler avec une pompe, d'autres tentent d'écoper. Ils appellent au secours les autorités britanniques et françaises par téléphone.

"La police britannique ne nous a pas aidés, tandis que la police française a dit +Vous êtes en eaux britanniques, nous ne pouvons pas intervenir+", assure le rescapé. La préfecture maritime a exclu que, s'il a été contacté, le Cross Gris-Nez, le centre coordonnant les secours en mer, n'ait pas réagi.

Parmi les passagers figure Maryam Nuri Hama Amin, Kurde d’une vingtaine d'années. Elle appelle son fiancé Karzan, qu'elle espérait rejoindre au Royaume-Uni.

Le bateau coule. Les migrants s'y cramponnent, puis lâchent prise.

«Horreur»

Second sur le Saint-Jacques II, un chalutier du port français de Boulogne-sur-Mer, Karl Maquinghen se tient sur la passerelle. Il est environ 14H00. Ciel voilé. Mer calme, grise et froide.

Il aperçoit soudain une masse flottante: un homme en chemise à carreaux, la tête dans l'eau. "Il est passé à 2m du bateau, même pas", témoigne le pêcheur.

D'autres corps, une quinzaine, flottent alentour, dans un rayon d'environ 100m. A l'arrière du bateau, les pêcheurs voient "un enfant passer". "Un film d'horreur", décrit Karl Maquinghen, 21 ans de métier.

Impossible de remonter les corps: le chalutier est trop haut. L'équipage indique sa position au Cross Gris-Nez.

Un patrouilleur de la marine française, le Flamant, situé à 4km, est envoyé en urgence. Un semi-rigide de 8m est mis à l'eau avec quatre hommes à bord, dont un plongeur, suivi d'un second.

Massages cardiaques

Priorité est donnée aux personnes qui ont la tête hors de l'eau. C'est dans ces précieuses minutes que les deux rescapés sont sauvés: le Kurde est "très refroidi, mais conscient" et le Somalien a "des constantes très faibles", selon la préfecture maritime.

Deux hélicoptères français et britannique localisent les victimes avec des fumigènes. L'appareil français en ramènera deux.

Les corps sont montés à bord du bateau-mère, où une équipe médicale a été hélitreuillée. Des massages cardiaques sont effectués sur les naufragés qui réagissent encore, par réflexe, aux stimulations. Sans succès.

En plus des deux rescapés, 19 personnes sont remontées, dont une fillette. Les corps sont alignés sur la plage arrière, dans des sacs mortuaires ou sous un drap. L'intervention aura duré moins de deux heures.

La Société nationale de sauvetages en mer dépêche aussi sa vedette calaisienne, Notre-Dame du Risban, qui passe à côté de l'embarcation dégonflée. "Le peu d'air qui restait l'aidait à flotter", témoigne le commandant, Charles Devos.

Eux repêchent six victimes: quatre hommes, un jeune et une femme, enceinte.


L'ancien patron de M6 Nicolas de Tavernost rejoint la branche médias de CMA CGM

Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
Short Url
  • CMA Médias, «holding de tête du pôle média» du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média
  • Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur

PARIS: A peine parti de M6 après 37 ans à sa barre, Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias, a annoncé mercredi l'armateur marseillais.

Nicolas de Tavernost, 73 ans, "assurera en outre la présidence du comité stratégique et mobilisera son expérience pour assister le groupe dans ses activités médias, dans le choix des investissements et la conduite des opérations", précise CMA CGM dans un communiqué.

CMA Médias, "holding de tête du pôle média" du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média (BFMTV, RMC...) annoncée en mars, a indiqué CMA CGM à l'AFP.

Cette structure doit à terme englober WhyNot Media (La Tribune, La Provence...), le pôle presse du groupe dirigé par Jean-Christophe Tortora et dont Véronique Albertini-Saadé, épouse de Rodolphe Saadé, est la présidente non exécutive, ainsi que l'entité audiovisuelle découlant du rachat d'Altice Média, selon la même source.

Elle sera présidée par Mme Albertini-Saadé.

Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur.

Outre le rachat prévu d'Altice Media, M. Saadé a déjà mis la main ces deux dernières années sur le journal La Tribune et le groupe La Provence (quotidiens régionaux La Provence et Corse Matin), en plus de participations dans M6 et le média vidéo en ligne Brut.

De son côté, M. de Tavernost prouve qu'il n'entend pas prendre sa retraite. Deux jours après son départ officiel de M6, où David Larramendy lui a succédé fin avril, il avait également été nommé vice-président du conseil d'administration de GL Events, entreprise spécialisée dans l'évènementiel, où il était déjà administrateur indépendant.

Cité dans le communiqué, Rodolphe Saadé s'est "réjoui" de son arrivée dans son groupe, où "il apportera ses compétences au sein de l'équipe média pour accompagner notre diversification dans le secteur".


Emeutes en Nouvelle-Calédonie: Macron convoque une réunion de crise

Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
Short Url
  • Les dirigeants des Républicains ont demandé que le Conseil des ministres instaure mercredi l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie pour mettre fin aux émeutes
  • Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie

PARIS: Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, qui a fait deux morts et des centaines de blessés, ont annoncé ses services.


La mairie de Paris demande au préfet d'interdire les maraudes d'ultradroite «  discriminatoires  »

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Short Url
  • Le reportage donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités
  • Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri

PARIS: Deux adjoints de la maire de Paris Anne Hidalgo ont demandé mardi au préfet de police Laurent Nunez d'interdire les maraudes "discriminatoires" dans la capitale, menées par des groupes d'ultradroite aux propos "ouvertement racistes", après un reportage de BFMTV.

Le reportage en question donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités, dans un courrier transmis à l'AFP.

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri.

"On ne donne qu'aux Blancs", dit ainsi une jeune femme. "Les noirs évidemment et les arabes, on ne leur donne pas."

Des propos "extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires" pour les deux adjoints, "qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public".

Les deux élus de gauche rappellent qu'en 2007, le Conseil d'Etat avait interdit la distribution des "soupes au cochon", une "façon détournée des extrémistes de droite d'exclure les musulmans".

Le groupuscule suivi par BFMTV "va plus loin en revendiquant son racisme et justifiant ces pratiques discriminatoires", s'alarment-ils.

Les élus de la municipalité demandent à Laurent Nunez et au ministre de l'Intérieur de "prendre les mesures d'interdiction de ce genre de distributions alimentaires qui sont plus sûrement des opérations de promotion de la haine que de solidarité".

Samedi, plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont défilé à Paris. La préfecture de police de Paris avait pourtant interdit cette manifestation annuelle en arguant d'un risque de troubles à l'ordre public, mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure.