Présidentielle: la carte Pécresse brouille le jeu à droite de Macron

«C'est une femme compétente et dans cet univers de mâles blancs de 50 ans ça compte», relève un député LREM de premier rang. (Photo, AFP)
«C'est une femme compétente et dans cet univers de mâles blancs de 50 ans ça compte», relève un député LREM de premier rang. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 04 décembre 2021

Présidentielle: la carte Pécresse brouille le jeu à droite de Macron

  • Le chef de l'Etat ne s'est pas ménagé pour trianguler à droite depuis le début du quinquennat
  • «L’enjeu pour Les Républicains va être de rapprocher les conservateurs et les libéraux», analyse un proche du président

PARIS : L'émergence de Valérie Pécresse, désormais favorite pour l'investiture LR à la présidentielle, pourrait embarrasser Emmanuel Macron qui lorgne le même socle de droite libérale et modérée, même si le durcissement du discours de la candidate ces dernières semaines offre un angle d'attaque à la macronie.

Y aura-t-il guerre de territoire entre M. Macron et Mme Pécresse, si celle-ci était bien officiellement désignée samedi candidate de la droite à l'élection présidentielle d'avril 2022?

Le chef de l'Etat ne s'est pas ménagé pour trianguler à droite depuis le début du quinquennat, de la nomination d'Edouard Philippe à Matignon en mai 2017, jusqu'aux récents ralliements à la majorité du maire de Nice Christian Estrosi et d'autres élus de la frange modérée... dont des soutiens franciliens de Mme Pécresse, à l'image des maires de Fontainebleau, Massy ou encore Saint-Germain-en-Laye. 

Et jusque-là, la cible était plutôt accrochée dans le dos d'un autre postulant à droite, Xavier Bertrand, dont l'entourage du chef de l'Etat observait qu'il avait "tout de même une image de présidentialisation supérieure aux autres candidats LR dans les sondages qualitatifs". 

Sur le papier, Mme Pécresse, conseillère d'Etat, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et réélue dans un fauteuil à la tête de la région Ile-de-France en juin, "est une candidate assez solide", "plus frontalière" d'Emmanuel Macron que d'autres, et donc plus susceptible de mordre sur l'électorat du chef de l'Etat, résume un ministre. "Elle est dangereuse car sur une partition modérée", abonde une conseillère de l'exécutif.

"C'est une femme compétente et dans cet univers de mâles blancs de 50 ans ça compte", relève aussi un député LREM de premier rang, en n'oubliant pas que le manque de parité aux plus hautes fonctions est un procès récurrent intenté à M. Macron.

Mais pour l'heure, les stratèges de la macronie temporisent surtout en attendant de voir la ligne que suivra Mme Pécresse, obligée de rassembler son camp et de râtisser au-delà pour espérer se hisser au second tour en avril 2022.

Garder la bergerie unie

"L’enjeu pour Les Républicains va être de rapprocher les conservateurs et les libéraux", analyse un proche du président. "Or, Pécresse a le profil pour faire ça: +Versaillaise+ sur l'habitus", à l'image de sa présence en 2012 dans les cortèges de La Manif pour tous, "et libérale sur le programme", poursuit le même.

"Mais il faudra aussi qu’elle arrive à convaincre qu’elle fera mieux que Macron sur le plan économique", souligne ce conseiller, en notant que Mme Pécresse concentrait surtout ses critiques sur "le régalien".

Une façon pour elle de "garder tout le monde dans la bergerie", métaphorise un ministre, en allusion à la nécessité de se concilier le député Eric Ciotti, arrivé en tête du premier tour du Congrès des militants jeudi avec 25,6% des voix en portant une ligne bien plus musclée.

Dans la majorité, beaucoup font donc le pari que Mme Pécresse se déportera naturellement sur sa droite, afin de figer un électorat qui pourrait par ailleurs être tenté par Eric Zemmour ou Marine Le Pen. "Car ce n'est pas en faisant du Macron qu'elle va gagner", prédit une marcheuse historique.

"Notre angle, c'est qu'elle a un problème de positionnement", pointe une tête pensante de la majorité. "Elle a été Filloniste pendant 10 ans, puis Juppéiste pendant trois semaines en 2016, avant de revenir soutenir Fillon (durant la présidentielle de 2017, ndlr), de quitter LR pour fonder son mouvement Libres!, de revenir à LR... C'est une girouette qui n'a aucune conviction", fusille-t-il, assurant que Mme Pécresse "court après Zemmour comme tous les candidats LR".

Face à ce durcissement attendu, le danger sera aussi pour le camp macroniste de se livrer à une surenchère, notamment sur les thématiques de sécurité et d'immigration où il sera moins disant que ses concurrents. Dans ce contexte, "on peut récupérer des voix sur notre socle de gauche", plaide ainsi un conseiller.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.