WASHINGTON : Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne (UE) et le Canada ont annoncé jeudi de nouvelles sanctions économiques contre le Bélarus, accusé de "violations répétées des droits humains" et d'organiser le passage de migrants vers l'UE.
"Nous demandons à nouveau au régime de Loukachenko d'arrêter immédiatement et complètement l'organisation d'une migration irrégulière à travers ses frontières avec l'UE", soulignent les alliés dans un communiqué commun.
Minsk est accusé d'avoir orchestré l'afflux de migrants à sa frontière avec la Pologne en représailles aux sanctions occidentales prises après la répression de l'opposition bélarusse dénonçant la réélection contestée d'Alexandre Loukachenko.
Les nouvelles sanctions "démontrent notre détermination sans faille à agir face à un régime brutal qui réprime de plus en plus les Bélarusses, sape la paix et la sécurité en Europe, et continue d'exploiter des personnes qui ne cherchent qu'à vivre en liberté", a souligné dans un autre communiqué le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Le Bélarus a réagi en qualifiant d'"absurdes" ces nouvelles sanctions.
"La profondeur de l'absurdité" de cette décision "commence à défier toute logique", a estimé le ministère bélarusse des Affaires étrangères dans un communiqué. Minsk va riposter en prenant "des mesures sévères et asymétriques, mais adéquates", a-t-il prévenu.
Liste noire
Le Trésor américain a annoncé cibler 20 individus et 12 organisations proches du pouvoir, accusés d'avoir "facilité le passage (...) de migrants au sein de l'UE" et d'avoir "pris part à la répression en cours visant les droits humains et la démocratie".
La liste des sanctions de l'UE a quant à elle été étendue à 28 responsables et entités dont la compagnie aérienne nationale Belavia.
Les 17 responsables et les 11 entités s'ajoutent à la liste noire de l'UE sur le Bélarus qui comporte déjà 166 noms dont ceux du président Loukachenko et de deux de ses fils, ainsi que de 15 entités liées au régime. Les sanctions consistent en un gel des avoirs et une interdiction d'entrée dans l'UE.
Nouvellement visée par Bruxelles, mais aussi Washington, l'entreprise touristique d'Etat Tsentrkurort est accusée de "jouer un rôle-clé" dans l'organisation du passage des migrants vers l'UE.
Le Royaume-Uni a de son côté annoncé sanctionner huit individus supplémentaires ainsi que l'entreprise étatique Belaruskali, "l'un des plus grands producteurs mondiaux d'engrais à base de potasse", selon Londres.
"Ces sanctions continuent de cibler des sources importantes de revenus pour le régime de Loukachenko", a affirmé dans un communiqué la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.
Pour Varsovie, "les fortes sanctions de l'UE" coïncident avec les "fortes sanctions américaines", et ont pour cause "les violations des droits humains, les actions agressives entreprises par Minsk, et l'opération hybride" à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, a soutenu dans un tweet le ministre adjoint polonais des Affaires étrangères Marcin Przydacz.
Clôture de barbelés
Le régime d'Alexandre Loukachenko dément être l'instigateur de la crise qui a conduit à la mort d'au moins une douzaine de personnes dans la zone frontalière, selon les médias polonais.
Selon les derniers chiffres de la Commission européenne arrêtés fin novembre, près de 8 000 migrants en provenance du Bélarus sont arrivés sur le territoire de l'UE en 2021: 4 285 en Lituanie, 3 255 en Pologne et 426 en Lettonie.
Bruxelles accuse le Bélarus d'avoir organisé ces arrivées en délivrant des visas et en acheminant les arrivants aux frontières de la Pologne et, dans une moindre mesure, de la Lituanie, pour se venger des sanctions européennes à son encontre. La situation a réveillé la crainte en Europe d'une crise migratoire de grande ampleur.
Des milliers de personnes, originaires principalement de pays du Proche-Orient, sont coincées à la frontière du côté du Bélarus.
La Pologne, qui a construit une clôture de barbelés et massé des milliers de soldats à sa frontière, est critiquée par des ONG pour sa politique de refoulement vers le Bélarus des migrants, dont beaucoup se retrouvent bloqués entre les deux pays, dans des conditions très difficiles et dans le froid.