L'Arabie saoudite investit 100 milliards de dollars dans le gaz de schiste

On estime que le Royaume possède les cinquièmes plus grandes réserves de gaz de schiste au monde. (Photo, Shutterstock)
On estime que le Royaume possède les cinquièmes plus grandes réserves de gaz de schiste au monde. (Photo, Shutterstock)
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Publié le Mercredi 01 décembre 2021

L'Arabie saoudite investit 100 milliards de dollars dans le gaz de schiste

  • Le projet de 100 milliards de dollars de l'Arabie saoudite pour devenir le plus grand producteur de gaz de schiste après les États-Unis
  • L'ancien vice-président exécutif d'Aramco, Sadad Houssaini, insiste sur le fait que le «problème de l'eau» est un faux prétexte

LONDRES: L'attribution par Aramco de contrats d’une valeur de 10 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,86 euro) pour son projet géant de Jafurah a finalement donné le coup d'envoi pour développer ce que l'on pense être le plus grand champ de gaz de schiste au monde en dehors des États-Unis.

Après s'être battu avec les producteurs américains de pétrole de schiste pour obtenir des parts de marché au cours de la dernière décennie, le Royaume adopte désormais les techniques avancées et à faible coût de ses rivaux de la fracturation hydraulique et s'apprête à dépenser jusqu'à 100 milliards de dollars pour le projet Jafurah afin d'augmenter rapidement sa production nationale de gaz.

On estime que le Royaume possède les cinquièmes plus grandes réserves de gaz de schiste au monde.

Le ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, a déclaré précédemment que le champ gazier de Jafurah placerait le Royaume au troisième rang mondial pour la production de gaz naturel d'ici 2030.

Mais l'Arabie saoudite, a-t-elle vraiment le potentiel nécessaire pour reproduire le succès fulgurant de l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis?

Le directeur général de Saudi Aramco, Amin Nasser, le pense certainement. En annonçant les contrats cette semaine, il a révélé: «C'est une percée que peu de personnes en dehors du Royaume pensaient possible et qui a des implications positives pour la sécurité énergétique, le développement économique et la protection du climat.»

La production devrait démarrer dans les trois prochaines années. Le champ fournira du gaz naturel plus propre à usage domestique dans le Royaume, ainsi que des matières premières pour la production pétrochimique et, surtout, pour la production d'hydrogène à faible teneur en carbone.

Jafurah devrait contribuer à l'objectif de l'Arabie saoudite de produire la moitié de son électricité à partir de gaz et l'autre moitié à partir d'énergies renouvelables, dans le cadre de la réalisation de son objectif de zéro émission nette en 2060. En effet, Jafurah à elle seule devrait remplacer jusqu'à 500 000 barils de pétrole par jour qui seraient autrement utilisés pour la consommation intérieure.

Tout cela sert les objectifs du programme de la Vision 2030 du Royaume qui vise à diversifier l'économie du pétrole brut et à réduire fortement son empreinte carbone, même si le projet permettra au Royaume d'augmenter ses exportations de brut.

Mais on pense que la fracturation hydraulique en Arabie saoudite sera plus coûteuse qu'aux États-Unis, notamment parce que le Royaume n'est pas réputé pour son abondance d'eau naturelle, un élément essentiel du processus de fracturation hydraulique.

Le processus de fracturation nécessite le pompage d'eau, de sable et de produits chimiques dans les champs à haute pression, ce qui fracture la roche de schiste et permet aux hydrocarbures de s'échapper.

«Nous avons réussi à réduire le coût du forage de 70% et les coûts de stimulation de 90% depuis le coût de référence de 2014, tout en multipliant par six la productivité des puits par rapport au début du programme», a indiqué Nasser lundi.

Aramco prévoit d’utiliser l'eau de mer pour la fracturation hydraulique à Jafurah. Plus tôt cette année, la société a aussi lancé un appel d'offres pour la construction d’une usine de dessalement de l'eau sur le terrain. L'eau dessalée est utilisée dans les usines de traitement du gaz. Un précédent appel d'offres a été brusquement annulé l'année dernière et l'appel d'offres actuel a réduit la capacité de l'usine de dessalement d'environ 20%.

Cependant, l'ancien vice-président exécutif d'Aramco, Sadad Houssaini, insiste sur le fait que le «problème de l'eau» est un faux prétexte.

Il a déclaré à Arab News: «Le problème de l'eau a été résolu il y a des années. Nous avons des aquifères qui contiennent de l'eau salée et l'industrie pétrolière saoudienne utilise depuis longtemps cette eau pour le forage.»

Houssaini a de plus rejeté les comparaisons de coûts avec l'industrie américaine du schiste.

Il a signalé: «Le coût de la fracturation hydraulique dépend de la profondeur du réservoir. Aux États-Unis, on travaille avec des réservoirs peu profonds, d'environ 3 000 à 4 000 pieds (914,4 m à 1219,2 m) de profondeur, ce qui rend la fracturation hydraulique moins couteuse. En Arabie saoudite, les réservoirs ont une profondeur de 9 000 à 10 000 pieds (2743,2 m à 3048 m). C'est techniquement plus difficile, mais contrairement aux États-Unis, ces puits profonds ne produisent pas seulement du gaz, mais aussi beaucoup de condensats, notamment de l'éthane, ainsi que du gaz, ce qui est rentable et fait fonctionner l'économie de ce secteur. L'éthane alimente l'industrie pétrochimique.»

Houssaini a ensuite ajouté: «C'est un développement difficile, mais il n'aurait pas progressé si les problèmes n'avaient pas été résolus.

L’exploitation des réserves de gaz de schiste en dehors des États-Unis n'a pas été particulièrement fructueuse, en partie à cause de préoccupations environnementales, notamment dans les grands centres urbains d’Europe, du manque d'infrastructures et des difficultés d'accès et d'élimination de l'eau utilisée dans le processus.

Cependant, Jafurah est proche de la côte du golfe avec un accès relativement facile à l'eau de mer, et est également adjacent au plus grand champ pétrolifère du monde, Ghawar, et à son infrastructure énergétique importante.

La production à Jafurah devrait commencer en 2024 et atteindre jusqu'à 2 milliards de pieds cubes par jour de vente de gaz, 418 millions de pieds cubes par jour d'éthane et environ 630 000 barils par jour de liquides de gaz et de condensats d'ici 2030. Les investissements sur cette période s'élèveront à 68 milliards de dollars, mais devraient atteindre plus de 100 milliards de dollars au total.

L'emploi intérieur, autre élément clé de la Vision 2030 du Royaume, est également au cœur du projet. Il est entendu qu'en plus des champs en cours de développement dans le nord de l’Arabie saoudite et le sud de Ghawar, le projet Jufarah créera plus de 200 000 emplois directs et indirects dans le Royaume.

Le projet intégrera également de nouvelles technologies, notamment l'Internet industriel des objets et l'analyse vidéo.

Le projet Jafurah contribuera non seulement aux ambitions environnementales du Royaume, mais soutiendra aussi son industrie pétrochimique. «Son éthane et son gaz naturel liquéfié sont des matières premières très précieuses pour l'industrie pétrochimique du Royaume», a soutenu le président et chef de la direction d'Aramco.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Femmes arabes en STEM: le programme L’Oréal-UNESCO Middle East célèbre 12 ans de recherche scientifique

Le programme L’Oréal-UNESCO For Women in Science met à l’honneur douze talents féminins arabes en STEM pour sa 12ᵉ édition. (Photo: fournie)
Le programme L’Oréal-UNESCO For Women in Science met à l’honneur douze talents féminins arabes en STEM pour sa 12ᵉ édition. (Photo: fournie)
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  • Le programme célèbre 12 ans de promotion des femmes scientifiques au Moyen-Orient, avec 63 chercheuses arabes déjà soutenues et 3,8 M AED attribués
  • Les lauréates 2025–2024 mènent des recherches en robotique, climat, sécurité alimentaire, médecine personnalisée et santé publique

DUBAI: Pour sa douzième édition, le programme régional L’Oréal-UNESCO For Women in Science Middle East Regional Young Talents, organisé en partenariat avec l’Université Khalifa des sciences et de la technologie, met à l’honneur douze chercheuses arabes dont les travaux novateurs façonnent l’avenir scientifique de la région.

Initiative phare au Moyen-Orient, ce programme distingue les contributions majeures de femmes scientifiques en STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), dont les recherches apportent des réponses concrètes à des défis urgents et inspirent les générations futures. Depuis 1998, l’initiative mondiale L’Oréal-UNESCO a célébré plus de 4 700 chercheuses dans plus de 140 pays – dont 63 issues du CCG – attribuant au total 3,8 millions AED pour soutenir leurs projets.

Pourtant, les progrès restent inégaux : selon l’UNESCO, les femmes ne représentent encore qu’un tiers des chercheurs dans le monde.

En valorisant l’excellence scientifique et en renforçant le rôle des femmes dans la recherche, l’édition régionale contribue non seulement à réduire ces écarts, mais aussi à soutenir les stratégies nationales du CCG axées sur l’innovation, l’économie du savoir et le développement durable.

La ministre de l’Éducation des Émirats arabes unis, Sarah Al Amiri, a salué l’engagement constant du programme, rappelant son soutien depuis sept ans. « Ce programme ne se limite pas à reconnaître l’excellence scientifique ; il renforce la volonté de bâtir des sociétés innovantes et résilientes. Soutenir les femmes scientifiques, c’est libérer le plein potentiel de notre capital humain et garantir que la science demeure un moteur de progrès sociétal », a-t-elle déclaré.

Laurent Duffier, Directeur général de L’Oréal Moyen-Orient, a souligné l’impact du programme sur l’innovation régionale comme mondiale. « En amplifiant les voix des chercheuses arabes depuis plus de 12 ans, nous avons accéléré le progrès scientifique et inspiré la prochaine génération d’innovatrices. »

De son côté, Salah Khaled, Directeur du bureau de l’UNESCO à Doha, a rappelé que l’autonomisation des femmes en science est un pilier du développement durable : « Soutenir ces chercheuses d’exception contribue autant aux priorités nationales d’innovation qu’à l’avancée de la science mondiale. »

Le Président de l’Université Khalifa, Pr. Ebrahim Al Hajri, a mis en avant l’importance de cette collaboration, affirmant que les femmes scientifiques de l’université façonnent déjà l’avenir de l’énergie propre, de la santé, de la durabilité, de l’espace et de l’IA.

Les douze lauréates de 2025 et 2024 illustrent la diversité et la profondeur de la recherche dans le monde arabe : robotique aérospatiale, résilience climatique, sécurité alimentaire, médecine personnalisée, thérapies épigénétiques, maladies métaboliques, autisme, infections respiratoires ou encore innovations en nanotechnologie.


Le Forum d’affaires franco-saoudien lance la quatrième cohorte « Booster Grow Global » à Riyad

Nicolas Forissier, ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité économique. (Photo: Arab News en français)
Nicolas Forissier, ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité économique. (Photo: Arab News en français)
Le Dr Majid Al-Qasabi, ministre saoudien du Commerce, souligne la transformation économique du Royaume et l’importance du partenariat stratégique avec la France. (Photo: Arab News en français)
Le Dr Majid Al-Qasabi, ministre saoudien du Commerce, souligne la transformation économique du Royaume et l’importance du partenariat stratégique avec la France. (Photo: Arab News en français)
Participants réunis dans la salle du forum pour suivre les interventions et échanges. (Photo: Arab News en français)
Participants réunis dans la salle du forum pour suivre les interventions et échanges. (Photo: Arab News en français)
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  • Le forum a réuni responsables, diplomates et entreprises pour lancer une cohorte de 22 entreprises françaises
  • La France et l’Arabie saoudite ont réaffirmé leur partenariat stratégique et une coopération renforcée

RIYAD : Le Forum d’affaires franco-saoudien s’est tenu du 23 au 25 novembre, marquant le lancement de la quatrième cohorte du programme Booster Grow Global, un parcours d’accélération de neuf mois conçu pour aider les entreprises françaises en phase de croissance à localiser leurs solutions et à bâtir des partenariats durables dans l’ensemble du Royaume.

Organisé par Business France en collaboration avec l’Ambassade de France à Riyad, les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), le Conseil d’affaires saoudo-français et Bpifrance, le forum a réuni des responsables gouvernementaux de haut niveau, des diplomates et plus de 100 représentants d’entreprises françaises et saoudiennes.

Patrick Maisonnave, ambassadeur de France au Royaume, et le Dr Majid ben Abdallah Al-Qasabi, ministre saoudien du Commerce, ont présidé la cérémonie d’ouverture, soulignant la solidité et la profondeur stratégique de la relation bilatérale.

Dans son allocution, Al-Qasabi a mis en avant le « mélange unique » d’atouts qui, selon lui, fait de la France l’un des partenaires les plus précieux de l’Arabie saoudite.

« La France possède une recette magnétique : une base industrielle diversifiée, une culture riche, un patrimoine emblématique, une excellence touristique mondiale et une gastronomie reconnue », a-t-il déclaré. « En même temps, l’Arabie saoudite ne connaît pas un simple changement, mais une transformation totale, menée par la vision et l’action de Son Altesse Royale le Prince Héritier. »

Al-Qasabi a souligné la force démographique du Royaume, notant que 84 % de la population a moins de 45 ans, créant un bassin de talents dynamique et technophile prêt à porter la prochaine phase de croissance économique.

Il a également mis en avant les ressources naturelles du Royaume, sa position géographique stratégique et son agenda de développement rapide dans des secteurs tels que la logistique, l'exploitation minière, la cybersécurité, la santé et l’éducation.

« Aucun pays au monde ne dispose d’une combinaison d’opportunités aussi unique qui se produisent en même temps », a-t-il affirmé. « Nous avons besoin de votre expertise. Nous pouvons doubler notre commerce bilatéral, qui a augmenté de 77 %, passant de 6,2 à 11 milliards de dollars. »

Le forum, événement phare du partenariat économique croissant entre les deux pays, a présenté les 22 PME et scale-ups françaises sélectionnées pour la cohorte 2025 de Booster Grow Global. Ces entreprises, choisies lors de VivaTech 2025 à Paris après avoir présenté leur projet à un jury saoudien composé de grandes institutions et d’acteurs industriels, représentent des secteurs alignés sur les priorités nationales de France 2030 et de la Vision 2030 saoudienne.

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Vue de la salle du Forum d’affaires franco-saoudien lors des sessions plénières. (Photo: Arab News en français)

Durant deux jours, la cohorte a participé à plus de 300 rencontres B2B et réunions d’investisseurs spécialement organisées, aboutissant à plus de 10 protocoles d’accord et posant les bases de processus de qualification de fournisseurs, d’initiatives de localisation et de projets de mise en œuvre à grande échelle dans le Royaume.

Les responsables français ont réaffirmé l’engagement de leur pays à renforcer ses liens avec l’Arabie saoudite alors que le Royaume accélère les préparatifs pour l’Expo 2030 à Riyad et la Coupe du monde de la FIFA 2034.

Nicolas Forissier, ministre délégué français chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité économique, a souligné la constance du soutien de la France. « Nous avons été parmi les tout premiers à soutenir la candidature de Riyad pour l’Expo 2030 », a-t-il rappelé. « La France a célébré votre succès. Aujourd’hui, notre engagement est concret. Nous travaillons activement avec le Royaume à la préparation de l’Expo 2030, et notre pavillon reflétera la créativité et la profondeur stratégique de notre partenariat. »

Forissier a annoncé un dispositif financier de 3 milliards de dollars dédié aux grands projets du Royaume.

« Ce mécanisme a été conçu spécifiquement pour répondre à l’ambition de la Vision 2030. C’est une première », a-t-il précisé. « La France et l’Arabie saoudite ont toutes les raisons de se tenir côte à côte, d’innover ensemble et de construire la prospérité de demain. »

Plus tôt dans la cérémonie, Didier Boulogne, directeur général délégué de Business France, a accueilli les participants et remercié les partenaires saoudiens et français pour leur collaboration.

« De l’Expo 2030 à la Coupe du monde 2034, nous sommes aujourd’hui unis par une énergie extraordinaire », a-t-il déclaré.

Mohamed Ben Laden, président du Conseil d’affaires Franco-Saoudien, a ajouté que les expériences communes de la France et de l’Arabie saoudite dans la réalisation de méga-projets — des Jeux olympiques de Paris à l’Expo 2025 d’Osaka — constituent une base solide pour une coopération à forte valeur ajoutée.

« Ce forum crée une plateforme où les ambitions saoudiennes rencontrent l’ingénierie, la créativité et l’excellence technologique françaises », a-t-il souligné.

Le programme Booster Grow Global se poursuivra avec une immersion de deux semaines sur le terrain à Riyad, Djeddah, Dammam et Khobar, où les entreprises françaises participeront à des rendez-vous ciblés avec acheteurs, sessions de mise en relation avec investisseurs, visites de sites industriels et ateliers spécialisés.

La délégation continuera également ses échanges avec les principales entités sur les processus de qualification fournisseurs et les calendriers potentiels de mise en œuvre.

Rachid Boulaouine, directeur de Business France en Arabie saoudite, a indiqué que le programme est conçu pour aider les entreprises françaises à forte croissance à se déployer rapidement et efficacement sur le marché saoudien.

« En alignant talents, technologie et partenariats locaux, ces entreprises sont positionnées pour contribuer de manière significative aux priorités de la Vision 2030 du Royaume », a-t-il expliqué. « Notre rôle est de réduire le temps de mise sur le marché et de créer l’accès de haut niveau nécessaire pour passer de l’intention à l’exécution. »

À mesure que la cohorte avance dans son immersion saoudienne, les deux gouvernements ont clairement exprimé leur intention d’approfondir leur coopération économique.


Bruxelles valide les efforts de la France pour réduire son déficit

Dans son avis, Bruxelles note que selon ses propres prévisions publiées mi-novembre, le déficit public français devrait redescendre à 4,9% du PIB l'an prochain contre 5,5% cette année, des niveaux très proches des prévisions du gouvernement, qui table sur un déficit de 4,7% en 2026 après 5,4% en 2025. (AFP)
Dans son avis, Bruxelles note que selon ses propres prévisions publiées mi-novembre, le déficit public français devrait redescendre à 4,9% du PIB l'an prochain contre 5,5% cette année, des niveaux très proches des prévisions du gouvernement, qui table sur un déficit de 4,7% en 2026 après 5,4% en 2025. (AFP)
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  • Dans son avis sur les perspectives budgétaires des 27 États membres, présenté devant le Parlement européen, la Commission a souligné que le projet de budget du gouvernement Lecornu était "conforme"
  • La Commission a donné jusqu'en 2029 à Paris pour redresser la barre et ramener son déficit en dessous de 3% du PIB, la limite prévue par le Pacte de stabilité européen

STRASBOURG: La Commission européenne a estimé mardi que la France respectait les engagements qu'elle avait pris pour réduire son déficit public colossal, tout en notant l'"incertitude considérable" entourant le projet de budget pour 2026.

Dans son avis sur les perspectives budgétaires des 27 États membres, présenté devant le Parlement européen, la Commission a souligné que le projet de budget du gouvernement Lecornu était "conforme" aux recommandations émises dans le cadre de la procédure de déficit excessif lancée en juillet 2024 contre la France.

La Commission a donné jusqu'en 2029 à Paris pour redresser la barre et ramener son déficit en dessous de 3% du PIB, la limite prévue par le Pacte de stabilité européen.

Dans son avis, Bruxelles note que selon ses propres prévisions publiées mi-novembre, le déficit public français devrait redescendre à 4,9% du PIB l'an prochain contre 5,5% cette année, des niveaux très proches des prévisions du gouvernement, qui table sur un déficit de 4,7% en 2026 après 5,4% en 2025.

"Cependant, cette évaluation est entourée d'une incertitude considérable, vu les discussions parlementaires toujours en cours", prévient l'exécutif européen.

La France n'est pas le seul pays membre sous le coup d'une procédure pour déficit excessif: c'est le cas aussi de l'Autriche, la Belgique, l'Italie, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie, et la Commission a annoncé en outre vouloir placer sous cette procédure un dixième État, la Finlande.

Selon ses projections, ce pays devrait voir son déficit public, qui dépasse la barre des 3% du PIB depuis l'an dernier, grimper à 5% l'an prochain, après 4,9% cette année.

Helsinki avait invoqué la forte augmentation de ses dépenses militaires sur fond de guerre en Ukraine pour justifier le dérapage de ses comptes publiques, mais la Commission estime que cela n'explique pas en totalité l'augmentation de ses dépenses publiques ces dernières années.

En revanche, Bruxelles a donné un blanc-seing à l'Allemagne, pays qui a abandonné sa prudence budgétaire des années précédentes pour se réarmer, et dont le déficit devrait dépasser 3% du PIB cette année et grimper à 4% l'an prochain, selon ses projections.