L'Afghanistan, de nouveau taliban et au bord du gouffre humanitaire

Pour les talibans, le principal défi reste de transformer une rébellion de combattants souvent peu éduqués en une administration capable de gérer un pays complexe et divers. (AFP)
Pour les talibans, le principal défi reste de transformer une rébellion de combattants souvent peu éduqués en une administration capable de gérer un pays complexe et divers. (AFP)
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Publié le Mardi 30 novembre 2021

L'Afghanistan, de nouveau taliban et au bord du gouffre humanitaire

  • Au niveau national, les talibans ne peuvent donner l'image d'un pouvoir soumis à l'étranger, et insistent pour avoir le contrôle de toute l'aide, ce qui incommode nombre de donateurs
  • Les talibans ont du mal à convaincre qu'ils seront plus ouverts que sous leur régime de fer entre 1996 et 2001, lorsqu'ils oppressaient les femmes et châtiaient durement les opposants

KABOUL: Peu de pays ont connu une année 2021 aussi tumultueuse que l'Afghanistan, désormais aux mains des talibans et dans une situation humanitaire dramatique à l'approche de l'hiver.


Les rebelles ont repris le pays à la mi-août avec une rapidité stupéfiante qui a surpris tout le monde, jusqu'à eux-mêmes, au point que nombre d'Afghans se demandent encore ce qu'il s'est exactement passé et de quoi l'avenir sera fait.


Le monde restera marqué pour longtemps par ces images d'Afghans tombant du ciel de Kaboul, après avoir en vain tenté de s'aggriper aux derniers avions d'évacuation vers l'étranger pour fuir le nouveau régime ou la misère.


Pour les talibans, le principal défi reste de transformer une rébellion de combattants souvent peu éduqués en une administration capable de gérer un pays complexe et divers.


Pour les Occidentaux, menés par les Etats-Unis et leurs alliés de l'Otan, la crainte est double: voir le pays glisser encore plus dans la misère, provoquant un nouvel exil de dizaines de milliers d'Afghans, et que des groupes terroristes comme Al-Qaïda, longtemps allié des talibans, s'en servent de refuge comme avant les attentats du 11 septembre 2001.


L'Afghan de la rue, lui, cherchera avant tout à garder ou trouver de quoi manger, un toit pour dormir et un emploi, avec le risque pour les femmes d'être exclues de l'espace public, comme sous les talibans des années 1990.


"Les conséquences du changement de régime ont été immédiates et calamiteuses", estime l'analyste Kate Clark dans un rapport publié pour l'Afghanistan Analysts Network (AAN).


Selon elle, les talibans ont précipité leur victoire militaire et n'avaient du coup "aucun plan pour gérer l'Etat afghan sans aide extérieure".


"Lorsqu'ils étaient dans la rébellion, ils taxaient les populations des régions qu'ils contrôlaient, mais pouvaient laisser les services publics aux mains du gouvernement et des ONG", largement financés par l'aide internationale, ajoute-t-elle.


"Maintenant, ils sont au pouvoir... à la tête d'un Etat aux revenus largement diminués, alors qu'ils doivent s'occuper d'une population entière" de quelque 40 millions d'habitants.

Femmes sur le fil 
L'un des problèmes majeurs des talibans reste l'effondrement de l'administration.


Plus de 120 000 Afghans ont été évacués par avions depuis l'aéroport de Kaboul dans les chaotiques dernières semaines de l'occupation américaine fin août. Une population souvent qualifiée qui avait travaillé avec des pays ou entreprises étrangères pour gérer depuis 20 ans les milliards de dollars d'aide qui portaient à bout de bras le budget de l'Etat.


Désormais privé de cette aide, le gouvernement taliban ne peut compter que sur ses propres ressources, taxes et douanes notamment.


Il n'a annoncé que fin novembre qu'il allait reverser des salaires aux fonctionnaires, qui ne reçoivent plus rien depuis plusieurs mois, démotivant nombre d'entre eux.


"Je vais au bureau chaque matin, mais il n'y a rien à faire", souligne Hazrullah, cadre au ministère des Affaires étrangères, qui préfère taire son nom de famille. "Avant, je négociais des accords commerciaux avec nos voisins. Mais désormais nous n'avons plus aucune instruction, personne ne sait rien".


Dans nombre de ministères, rares sont les responsables talibans qui semblent savoir se servir d'un ordinateur. 


Les talibans ont du mal à convaincre qu'ils seront plus ouverts que sous leur régime de fer entre 1996 et 2001, lorsqu'ils oppressaient les femmes et châtiaient durement les opposants.


Dans les villes au moins, ils donnent plus de liberté: les femmes, par exemple, ne sont plus obligées de porter la burqa ou d'avoir un chaperon mâle avec elles pour sortir.


Mais ils donnent d'autres signaux plus inquiétants: hormis dans les services de santé, les femmes fonctionnaires ne sont pas retournées au bureau. Ils ont aussi annoncé la réouverture des collèges et lycées pour les garçons, mais pas pour les filles.


"C'est pour leur sécurité", assurent les talibans, alors que le principal risque pour les écoles ces dernières années, les attaques des talibans, ont disparu avec leur prise du pouvoir.


S'il a effrayé les Afghans éduqués des villes, le changement de régime a apporté à de nombreuses campagnes, plus conservatrices et favorables aux anciens insurgés, ce qu'elles attendaient depuis 20 ans: la fin des bombardements occidentaux et la paix.

Contre la montre 
Le répit a été de courte durée, car les talibans se sont vite retrouvés à leur tour confrontés à une rébellion sanglante, celle de leurs rivaux jihadistes du groupe Etat islamique (EI-K), qui vise notamment la minorité chiite.


Mais c'est surtout l'état de l'économie du pays, déjà l'un des plus pauvres du monde et qui sombre avec la fin de l'aide internationale, qui dictera son avenir et celui des Afghans, désormais menacés par une crise humanitaire majeure.


Les organisations humanitaires tirent la sonnette d'alarme. L'ONU évoque une course contre la montre: à l'abord du rude hiver, près de 23 millions d'Afghans, soit 55% de la population, sont menacés par la famine.


En prenant le pouvoir, les talibans "ont tué la poule aux œufs d'or", estime Kate Clark à propos de l'économie afghane. Car aujourd'hui, "ils ont bien moins de revenus" que le gouvernement précédent.


Les négociations entre talibans et pays étrangers pour faire revenir une partie de l'aide s'annoncent délicates.


Les donateurs veulent éviter de traiter avec un régime paria au niveau international et qu'aucun pays n'a reconnu jusqu'ici. Et les talibans estiment leur victoire assez claire pour ne pas avoir à faire de compromis en échange, sur les droits des femmes notamment.


Au niveau local, certaines ONG parviennent à contourner les autorités talibanes pour distribuer un peu d'aide aux plus nécessiteux.


Mais au niveau national, les talibans ne peuvent donner l'image d'un pouvoir soumis à l'étranger, et insistent pour avoir le contrôle de toute l'aide, ce qui incommode nombre de donateurs.


Le tout n'incite pas à l'optimisme pour l'avenir de ce pays ravagé par plus de 40 ans de guerre.


Pour Kate Clark, "les bénéfices économiques de la paix resteront marginaux par rapport aux dégâts causés par la perte de l'aide étrangère et l'isolement auquel l'Afghanistan doit maintenant faire face".


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).