KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est inquiété vendredi de signaux "très dangereux" de la Russie, accusée d'avoir déployé des troupes à la frontière, tout en se disant "entièrement préparé" à une éventuelle escalade militaire avec Moscou.
Les tensions sont au plus haut depuis quelques semaines entre les deux voisins, déjà à couteaux tirés depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et un conflit sanglant entre Kiev et des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.
Ces dernières semaines, les Etats-Unis, l'Otan et l'Union européenne n'ont cessé d'exprimer leur inquiétude concernant des mouvements de troupes russes à la frontière ukrainienne, Kiev s'alarmant d'une éventuelle invasion.
S'exprimant vendredi lors d'une conférence de presse fleuve, M. Zelensky a dénoncé une "rhétorique très dangereuse" de la part de la Russie et estimé que "c'est le signal (...) qu'une escalade est possible".
M. Zelensky a estimé que la Russie cherchait un prétexte pour une intervention militaire en Ukraine, citant par exemple les critiques exprimées par Moscou sur le déploiement de soldats de l'Otan en Ukraine et les accusations du Kremlin selon lesquelles Kiev saperait le processus de paix avec les séparatistes.
"Aujourd'hui, il y a des intimidations disant qu'une guerre aura lieu demain", a-t-il poursuivi, tout en promettant que son pays était "entièrement prêt à toute escalade" avec le voisin russe.
"Nous devons compter sur nous-mêmes, sur notre armée, elle est puissante", a insisté M. Zelensky, interrogé sur le soutien potentiel de l'Occident à Kiev en cas d'attaque.
Il a aussi appelé son homologue russe Vladimir Poutine à "dire publiquement" qu'il n'a pas l'intention d'envahir l'Ukraine, ce qui serait "un signal important".
Le chef du service de renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a assuré dimanche que la Russie avait massé près de 92.000 soldats aux frontières de l'Ukraine, anticipant une offensive fin janvier ou début février.
Cette hypothétique attaque pourrait impliquer des frappes aériennes et d'artillerie, suivies d'assauts aéroportés et amphibies, notamment contre Marioupol ainsi qu'une plus petite incursion au nord via le Bélarus voisin, a soutenu M. Boudanov auprès du média américain Military Times.
Soutien occidental
Moscou dément pour sa part tout plan en ce sens et accuse en retour Kiev, l'Otan et les Occidentaux d'aggraver les tensions en menant des manoeuvres militaires près des frontières russes.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a encore répété vendredi à la presse que Moscou n'avait aucune velléité d'"ingérence" en Ukraine.
En 2014, la Russie avait, en réaction à l'arrivée de pro-occidentaux au pouvoir à Kiev, annexé la péninsule ukrainienne de Crimée après une opération militaire suivie d'un référendum de rattachement dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux.
Elle est également accusée de soutenir militairement et financièrement les séparatistes prorusses de l'Est de l'Ukraine, avec lesquels les forces ukrainiennes sont en guerre depuis 2014, un conflit ayant fait 13.000 morts.
Un précédent pic de tensions entre les deux pays avait eu lieu en avril, lorsque la Russie avait déployé des dizaines de milliers de militaires aux frontières ukrainiennes pour des "exercices militaires" et en réaction à des activités "menaçantes" de l'Otan.
L'Ukraine s'était alors déjà alarmée d'une possible invasion imminente, alors que les incidents armés se multipliaient parallèlement entre forces de Kiev et séparatistes.
Après plusieurs semaines de tensions, Moscou avait finalement retiré ses troupes de la frontière.
Alors que l'armée ukrainienne était dépassée en 2014, elle paraît désormais plus confiante, forte de l'expérience du combat accumulée et mieux équipée, notamment grâce à l'aide de ses alliés occidentaux.
L'Ukraine a notamment reçu des Etats-Unis des munitions, des navires, des dispositifs de missiles antichar américains Javelin et du matériel médical. Elle a également récemment utilisé un drone de fabrication turque contre les séparatistes dans l'Est.
M. Zelensky a assuré vendredi avoir reçu des assurances de ses alliés occidentaux "qu'ils seront de notre côté quoi qu'il arrive et qu'ils nous soutiendront".