PARIS: Dernier épisode de la décomposition de la droite française: un cadre du parti Les Républicains (LR), Renaud Muselier, a annoncé mercredi qu'il claquait la porte, dénonçant une "dérive" vers l'extrême droite, y compris de candidats à l'investiture à l'élection présidentielle.
A dix jours du congrès LR pour désigner le candidat du parti à l'élection présidentielle de 2022, le parti se déchire sur son positionnement par rapport à l'extrême droite, aiguillonné par menace d'une candidature du polémiste Eric la Zemmour, très haut dans les sondages.
La droite française n'a toujours pas surmonté le traumatisme de son élimination du second tour de l'élection présidentielle 2017, une première sous la Ve République.
Les derniers sondages pour 2022 tablent sur une réédition du second tour d'il y a cinq ans, entre le président sortant Emmanuel Macron et la dirigeante de l'extrême droite, Marine Le Pen.
Tous les candidats à l'investiture du parti ont un discours clairement marqué à droite.
L'épisode du départ de M. Muselier, président de l'importante région Provence-Alpes-Côte d'Azur (sud) a commencé mardi, quand il a exprimé son soutien à l'un des prétendants, le président de la région Hauts-de-France (Nord) Xavier Bertrand.
Ce dernier "respecte nos valeurs, contrairement à certains de nos cadres qui trahissent notre héritage", et il "n'aura jamais la main qui tremble face à l'extrême droite", avait déclaré M. Muselier au journal Le Parisien.
Il s'en était pris au député Eric Ciotti, considéré comme le plus droitier des prétendant à l'investiture LR, lui prêtant "du talent pour envoyer des signaux à l'extrême droite", dont il est le "faux nez", selon lui, ainsi qu'au président LR de l'Association des maires de France (AMF) David Lisnard.
Répliquant sur Twitter, M. Ciotti avait qualifié Renaud Muselier de "petit télégraphiste de Macron" et mis en demeure Xavier Bertrand de dire s'il acceptait un soutien assorti de "telles attaques". Par le passé, M. Muselier avait déjà été accusé par certains de proximité avec le parti d'Emmanuel Macron.
Xavier Bertrand a répondu ne pouvoir "accepter les termes" du soutien de M. Muselier, jugeant les attaques contre Eric Ciotti et David Lisnard "inacceptables".
Deux autres candidats à l'investiture LR, Michel Barnier et Valérie Pécresse avaient ensuite apporté leur soutien à Eric Ciotti.
Après une journée à ferrailler avec ses camarades de parti, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a jeté l'éponge.
"Je vais quitter Les Républicains", a-t-il annoncé sur la chaîne LCI. "Toute ma vie je me suis battu contre le Front national", ancêtre du Rassemblement national de Marine Le Pen, a-t-il affirmé.
Aujourd'hui "la question est simple: quelle est notre porosité avec l'extrême droite? La réponse n'est pas claire du tout", a déploré M. Muselier.