BAGDAD : L'Irak pourrait connaître une chute de 20% de ses ressources en eau d'ici 2050 avec le changement climatique, prévient mercredi la Banque Mondiale, pointant les répercussions négatives notamment sur la croissance et l'emploi.
Le dossier de l'eau représente un enjeu de taille pour ce pays de 40 millions d'habitants, riche en hydrocarbures mais confronté à une crise énergétique aiguë, aggravée par des sécheresses de plus en plus sévères et une baisse des précipitations.
"Sans action, les contraintes en matière d'eau vont conduire à des pertes importantes dans de multiples secteurs économiques et vont affecter de plus en plus de personnes vulnérables", a regretté le directeur Mashreq de la Banque mondiale, Saroj Kumar Jha, dans un communiqué accompagnant un nouveau rapport de l'institution.
"D'ici 2050, une hausse de température d'un degré celsius et une baisse des précipitations de 10% causerait une baisse de 20% de l'eau douce disponible" en Irak, avertit le rapport.
"Dans ces circonstances, près d'un tiers des terres irriguées n'auront pas d'eau", poursuit le rapport.
Le PIB réel pourrait connaître une chute allant jusqu'à 4%, ou 6,6 milliards de dollars, par rapport au niveau de 2016.
Il y aurait également une baisse de 11,8% de la demande pour les travailleurs non qualifiés dans le secteur agricole et de 5,4% dans les activités non agricoles.
La "rareté de l'eau" entraîne déjà des "déplacements forcés à petite échelle", met en garde l'institution internationale, notamment dans le sud du pays.
Dans un pays aux infrastructures ravagées par les guerres à répétition, où la reconstruction tarde après les offensives contre le groupe Etat islamique (EI), il faudrait consacrer 180 milliards de dollars sur vingt ans pour construire de nouvelles infrastructures, des barrages et développer des projets d'irrigation.
Mais en 2018, le budget du ministère des Ressources hydrauliques représentait moins de 0,2% du budget total, avec 15 millions de dollars.
"L'Etat actuel des infrastructures a entraîné une salinisation qui affecte 60% des terres cultivées et une baisse entre 30% et 60% du niveau des récoltes", ajoute le rapport.
Une bonne nouvelle sur le court terme: avec le rebond des prix du pétrole au court mondial, le PIB irakien devrait croître de 2,6% en 2021 à plus de 6% en 2022-2023.