AMIENS: A cinq mois de la présidentielle, Emmanuel Macron a vanté lundi son volontarisme pour obtenir des résultats concrets "dans les territoires" en se rendant de nouveau à Amiens, sa ville natale, où Xavier Bertrand l'a présenté comme un président "hors sol" qui "ne comprend pas bien les Français".
Deux jours après un face à face tendu dans l'Aisne, le chef de l'Etat et le président des Hauts-de-France se sont retrouvés dans la Somme à une semaine de la désignation du candidat LR pour la présidentielle d'avril à laquelle souhaite participer Xavier Bertrand.
Pour Emmanuel Macron, il s'agissait de faire un point d'étape des grands chantiers du département et de leurs progrès depuis le début du quinquennat, du canal Seine-Nord Europe à la ligne SNCF Amiens-Paris en passant par les suites de la fermeture de l'usine Whirlpool.
"Je prends mes responsabilités, je fais puis je viens sur place" pour constater les avancées, a-t-il expliqué, en vantant le "pragmatisme" de son action devant plus d'une centaine d'élus et de responsables économiques.
"Ce n'est pas avec des coups de mentons et des déclarations que l'on fait progresser les choses à l'échelle d'une nation" mais "en prenant les choses de longue haleine, en revenant trois ou quatre ans plus tard, en ayant fait des réformes, et en ayant parfois eu des oppositions dans la rue", a-t-il affirmé dans une critique implicite envers ses adversaires politiques, dont M. Bertrand.
Il a ainsi affirmé que la réforme de la SNCF, votée au début de son quinquennat après avoir été vivement contestée, allait permettre d'améliorer la liaison ferroviaire Paris-Amiens, critiquée pour ses annulations et retards par les usagers. "C'est l'une des pires lignes de France", a dénoncé François Ruffin, député LFI de la Somme.
Etablissant le même constat, Xavier Bertrand a expliqué que la région avait fixé un "ultimatum" à la SNCF: "si la situation ne s'améliore pas, on refusera de payer" car "on met un demi milliard (d'euros) et on n'en a pas pour notre argent".
Face à Emmanuel Macron, il a insisté sur la responsabilité de l'Etat comme actionnaire de la SNCF.
«La maladie du siècle»
Le président de la région, qui n'est plus intervenu dans le débat, a ensuite dénoncé devant la presse "le côté donneur de leçon" d'un président qui "ne comprend pas bien les Français", qui "ne les connaît pas bien" et qui "est hors sol".
"Moi, je vis au milieu des Français, je les connais, c'est mon parcours", a-t-il assuré après avoir déjà égratigné le chef de l'Etat sur France Inter le matin.
"Lui et moi, je pense que nous aurons l'occasion de débattre. Le moment approche", a-t-il ajouté en se projetant vers la campagne présidentielle.
Xavier Bertrand a insisté sur la contestation des éoliennes dans une région qui en compte beaucoup. "Fin juillet", Emmanuel Macron "avait dit: +il y en a trop, notamment dans les Hauts-de-France+. Mais rien n'a changé (...) Il ne fait que des déclarations, il est prisonnier de son +en même temps+ "et le +en même temps+ empêche la France d'avancer".
Le chef de l'Etat a plaidé pour "le pragmatisme" sur ce dossier, en affirmant toutefois que la France avait besoin de développer l'énergie renouvelable au côté du nucléaire.
"Il ne faut pas qu'on tombe dans la maladie du siècle: la démagogie", a-t-il martelé.
Le président de la République avait commencé sa visite par une rencontre matinale avec des anciens du groupe Whirlpool dans un café du centre-ville.
Les salariés, qui ont subi trois plans de licenciements successifs, depuis la décision de Whirlpool en 2017 de délocaliser en Pologne, lui ont raconté leur difficile parcours. Sur les 278 employés initiaux, 43 n'ont toujours pas de solution, a précisé la DRH du groupe.
"La dernière année a été tellement difficile, on nous a tellement menti", lui a dit une ancienne salariée, reconvertie dans l'immobilier.
"Je comprends très bien. Je me suis fait avoir avec vous. Ce n'est pas votre échec à vous. C'est leur échec", leur a répondu le président, en promettant de continuer à aider par des solutions individuelles.