En Jordanie, le métier menacé du «roi des chaussures»

Jamil al-Kopti, 90 ans, le plus vieux cordonnier d'Amman dans son atelier de la capitale jordanienne le 2 novembre 2021. (Photo, AFP)
Jamil al-Kopti, 90 ans, le plus vieux cordonnier d'Amman dans son atelier de la capitale jordanienne le 2 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 22 novembre 2021

En Jordanie, le métier menacé du «roi des chaussures»

  • Environ 200 paires par jour étaient autrefois produites dans l'atelier de M. Kopti, notamment pour la famille royale, des hommes politiques et des gradés militaires du royaume, avec du cuir de France, d'Italie ou d'Allemagne
  • Seulement 10 sont désormais fabriquées quotidiennement, obligeant le cordonnier à se lancer dans la production de chaussures médicales et pour enfants

AMMAN : Il a chaussé pendant des décennies les hauts dignitaires du royaume de Jordanie et même le général Charles de Gaulle. Jamil Kopti, 90 ans, voit aujourd'hui son savoir-faire artisanal menacé par l'importation de chaussures bon marché.

"Nous avons commencé à perdre des clients les uns après les autres, jusqu'au moment où nous avons fermé trois magasins", raconte M. Kopti, appelé autrefois le "roi des chaussures" par ses pairs dans l'industrie et considéré comme le plus ancien cordonnier de Jordanie.

Dans son atelier du quartier populaire d'Al-Jofeh à Amman, les moules, désormais inutilisés, sont couverts de poussière. Des 42 ouvriers qu'il employait, il n'en reste que cinq.

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L'un des cinq employés restants sur 42 travaillant pour Jamil al-Kopti, le plus ancien cordonnier d'Amman, vérifie les moules de chaussures dans l'atelier de la capitale jordanienne, le 2 novembre 2021. (Photo, AFP)

"Ces cinq dernières années, notre profession a subi un déclin dramatique en raison de l'importation de chaussures peu chères qui inondent le marché", regrette celui qui s'est vu décerner la "médaille de l'Indépendance" en hommage à son travail.

Environ 200 paires par jour étaient autrefois produites dans l'atelier de M. Kopti, notamment pour la famille royale, des hommes politiques et des gradés militaires du royaume, avec du cuir de France, d'Italie ou d'Allemagne. 

Seulement 10 sont désormais fabriquées quotidiennement, obligeant le cordonnier à se lancer dans la production de chaussures médicales et pour enfants. 

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Jamil al-Kopti, 90 ans, le plus vieux cordonnier d'Amman, montre une photo sur un téléphone illustrant sa rencontre en 1961 avec feu le roi Hussein lorsqu'il lui a offert quatre paires de chaussures faites à la main lors d'un spectacle à l'Université de Jordanie. (Photo, AFP)

Entré dans la profession en 1949 à seulement 18 ans, M. Kopti a rencontré en 1961 l'ex-roi Hussein et lui a offert quatre paires de ses chaussures. Les premières d'une longue série.

"Après cela, j'ai fabriqué pendant 35 ans des chaussures pour le roi", se rappelle fièrement le cordonnier, montrant deux photos de lui et du monarque décédé en 1999.

Invité régulier du palais, M. Kopti se plaît à raconter qu'il lui a été demandé de faire des chaussures pour le président français Charles de Gaulle. 

Lors d'une visite du roi Hussein à Paris en 1964, le général français a "demandé" au monarque jordanien d'où provenaient ses chaussures et le roi "m'a demandé de faire deux paires de chaussures pour de Gaulle" dont la "pointure était très grande", se souvient-il.

«Au bord de l'extinction»

Ce déclin touche tous les artisans du secteur. D'après l'association jordanienne des cordonniers, l'âge d'or de la chaussure artisanale en cuir dans les années 1980 et 1990 est révolu.

"Aujourd'hui, il y a environ 100 ateliers et moins de 500 ouvriers", déclare son dirigeant Nassr al-Ziyabat alors que le pays comptait autrefois jusqu'à 5 000 personnes employées dans plus de 250 ateliers et usines.

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L'un des cinq employés restants ajoute une semelle à une chaussure dans l'atelier de la capitale jordanienne, le 2 novembre 2021. (Photo, AFP)

"Cet artisanat est au bord de l'extinction", dit-il en déplorant le manque de soutien du gouvernement.

Dans le quartier d'Achrafyeh, trois cordonniers travaillent le cuir, affinent les semelles et ajoutent les talons, sous le regard de leur patron Zouhair Chiha, qui employait auparavant vingt ouvriers.

"Le déclin a commencé en 2015 quand le marché a été inondé par des chaussures chinoises, vietnamiennes, syriennes et égyptiennes", se souvient l'homme de 71 ans.

Selon le syndicat jordanien du textile, de l'habillement et des chaussures, l'import de chaussures représentait annuellement environ 62 millions de dollars avant la pandémie de Covid-19.

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L'un des cinq employés restants travaillant pour Jamil al-Kopti, le plus ancien cordonnier d'Amman, coupe des semelles de chaussures dans l'atelier de la capitale jordanienne, le 2 novembre 2021. (Photo, AFP)

"Nous fabriquions entre 60 et 70 paires par jour, contre moins de 12 aujourd'hui et nous faisons peu de bénéfices", se lamente-t-il, tenant dans la main une paire à 20 dollars.

Penché sur sa machine à découper le cuir, l'un de ses ouvriers, Youssef Abou Sariya, 64 ans et cinquante ans de métier, est "triste". 

"La plupart des ateliers ont fermé et les ouvriers sont partis. Je suis certain que nous aurons le même destin, je ne sais juste pas quand."


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).