IMA: Inauguration de l’exposition Mémoires partagées

L’exposition Mémoires partagées, photos et vidéos de Claude et France Lemand, a été inaugurée le 17 septembre à l’Institut du monde arabe. (Photo Fournie)
L’exposition Mémoires partagées, photos et vidéos de Claude et France Lemand, a été inaugurée le 17 septembre à l’Institut du monde arabe. (Photo Fournie)
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Publié le Jeudi 24 septembre 2020

IMA: Inauguration de l’exposition Mémoires partagées

  • «Claude et France Lemand ont souhaité faire don au musée de l’Institut du monde arabe de photographies et de vidéos d’art»
  • L’exposition, programmée du 17 septembre au 20 décembre 2020, propose aux visiteurs, des œuvres de des photographies et de vidéos de nombreux artistes

PARIS: L’exposition Mémoires partagées, photos et vidéos de Claude et France Lemand, a été inaugurée le 17 septembre à l’Institut du monde arabe, en présence d’un public nombreux.

La donation des œuvres d’art de Claude et France Lemand au musée de l’Institut du monde arabe (IMA) est importante, elle s’enrichit et de se diversifie au fil des années. À ce jour, plus de plus de 1 500 donations de 94 artistes ont été attribuées à l’IMA. Des dons composés de peintures, de sculptures, de dessins, d’estampes et de livres d’artistes. Cette donation, assortie du Fonds Claude & France Lemand – IMA, a plusieurs objectifs: l’organisation d’expositions, l’étude des œuvres, la publication des catalogues, l’enseignement et la diffusion des connaissances autour des arts.

«Claude et France Lemand ont souhaité faire don au musée de l’Institut du monde arabe de photographies, et de vidéos d’art, parmi lesquelles des œuvres d’artistes depuis longtemps ‘suivis’ par eux – Dahmane, Ridha Zili, plus récemment François Sargologo (…), ses œuvres sont aujourd’hui à découvrir, et avec elles le regard original des deux collectionneurs sur le monde qu’ils se sont choisi: celui de leur choix raconte les artistes, à la plume, au pinceau, au crayon… ou depuis l’objectif d’une caméra», précise Jacques Lang, le président de l’IMA.

L’exposition, programmée du 17 septembre au 20 décembre 2020, propose aux visiteurs, des photographies et des vidéos de nombreux artistes comme Steve Sabella, François Sargologo, Bissane al Charif, Ridha Zili, Randa Maddah, Halida Boughriet, Nassouh Zaghlouleh et Dahmane.

Des photographies, des œuvres d’arts

«J’ai longtemps perçu la photographie comme une estampe: une œuvre sur papier, dont la caractéristique est loin reproductible (…). Peu à peu, surtout à partir des années 1970, la photo a été promue au statut d’œuvre d’art. Il y a une trentaine d’années, j’ai entre autres découvert le travail de Dahmane, le fils d’Abdallah Benanteur» , explique Claude Lemand.

Le généreux donateur affirme que les œuvres, les portraits et les photomontages de Dahmane «sont époustouflants», reconnaissant, en lui, «un vrai artiste photographe».

Constituée de sept photomontages orientalistes, comme Yasmine, Eugène Fromentin, Vanessa, Théodore Chassériau, cette série, consacrée à la femme, suggérée ou dévoilée, est l’élément essentiel de ce travail de création. « Il y a quelques années encore, mes modèles demeuraient inextricablement liés aux endroits dans lesquels je les avais photographiés. Mais, à partir de 2001, tout devient possible, grâce aux avancées technologiques: voici mes amies projetées comme par magie dans les villes les plus populeuses, les plus glaciales ou les plus hostiles à la féminité sans en paraître autrement troublées», précise l’artiste.

« La photographie avait contribué à construire, depuis des années, des images souvent fantasmées du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient. Au cours des trois dernières décennies, de nombreux artistes du monde arabe se la sont appropriée – d’autres adoptaient la vidéo – afin de déconstruire ces clichés et bâtir une vision personnelle », explique Éric Delpont, directeur du musée de l’Institut du monde arabe.

La Tunisie de jadis

La collection Au souk, une œuvre de Rhida Zili (Tunisie, 1943-2011), et une des donations du couple Lemand, relate la Tunisie de jadis. Elle se compose de trente photographies qui captent des moments de vie dans les villages, campagnes et souks tunisiens. Hatem Bourial, dans l’ouvrage Le Territoire envoûtant de nos nostalgies, préfacé par Rhida Zili, décrit le travail de l’artiste: «Avec beaucoup de tendresse, Rhida Zili retrouve ce tumulte intime de nos médinas. De Monastir au Cap Bon, de Sfax à Tunis, de Djerba au Sahel, ce sont des dizaines de bribes d’éternité qu’il capture.»

Parmi les exposants: Halida Boughriet, une artiste franco-algérienne, diplômée des Beaux-Arts de Paris avec Mémoire dans l’oubli, une série de photographies qui explorent un large éventail de médias à travers des œuvres figurant dans la collection Nouveaux Médias du Centre Pompidou, du Musée public national d’art moderne et contemporain d’Alger (Mama) et du musée de l’Institut du monde arabe.

Interrogée par Arab News en français lors de l’inauguration de l’exposition, Halida Boughriet, nous explique que cela a été possible «grâce un coup de cœur de Lemand, qui avait beaucoup lu sur l’histoire de l’Algérie». Mémoire dans l’oubli, constituée de six  séries de quatre photographies, est, selon l’artiste, une œuvre qui n’est pas destinée à la vente. «Elles sont destinées à constituer des archives. D’ailleurs, pour l’anecdote, j’étais extrêmement ravie et fière qu’elles aient été programmées lors de l’exposition organisée au Mama d’Alger», nous confie Halida Boughriet

«La série Mémoire dans l’oubli utilise également le principe du détournement. Le référent esthétique orientaliste de L’Odalisque est alors déconstruit pour transformer le corps-objet de l’imaginaire colonial en sujet actif et revendicatif. Des anciennes Moudjahidates sont photographiées assoupies sur le sofa d’un salon contemporain de style oriental», analyse l’historienne de l’art, Émilie Goudal. «Ces femmes âgées, montrées dans le confinement d’un intérieur domestique, conservent un savoir mémoriel dont la présence est matérialisée par la lumière nimbant les contours de leurs visages», poursuit-elle. «Dans ses œuvres, l’esthétique orientaliste et le référent colonial attachés à la figure féminine algérienne semblent nécessaires à exorciser pour rentrer dans l’histoire sociale du pays ».

L'artiste Halida Boughriet
L'artiste Halida Boughriet

L’engagement par l’art

François Sargologo, un artiste plasticien, s’interroge sur l’identité et l’exil. Dans son travail, il évoque les questions sociales introspectives de sa ville natale, Beyrouth. Son processus créatif dans la série Au-delà de la mer, composé de seize photographies, est inspiré d’une combinaison de photographie, de texte et de matériel d’archives.

Directeur artistique, il a conçu différentes collections de livres pour des éditeurs comme les Éditions du Seuil, les Presses universitaires de France (PUF) et la fondation Martin Bodmer en Suisse. Lauréat de l’European Print Award of Excellence par Print Magazine for Progress, un livre d’artistes édité en Grande Bretagne, François Sargologo a aussi été publié dans des magazines comme Étapes, en France, et Page Magazine, en Allemagne.

Bissane al-Charif, née à Paris de parents syro-palestiniens, architecte, scénographe et plasticienne, s’intéresse, quant à elle, à la scénographie de l’espace. L’artiste, qui a été faite chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, en mars 2016, pour son travail Mémoire (S) de femmes, participe à l’exposition avec son film, Sans ciel.  Elle y montre, avec le dessinateur et sculpteur Mohamad Omran, la destruction progressive et l’anéantissement des villes syriennes : Alep, Hama, Homs, Idlib, Kobané, Palmyre et Raqqa.

Randa Maddah, diplômée du département des Beaux-Arts de l’université de Damas en 2005, a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives, notamment au centre culturel Fateh al-Mudarres du Golan, à la galerie Mada de Damas et à la galerie M3 de Berlin. Dans sa vidéo de sept minutes, Light Horizon, Randa Maddah est filmée sur les ruines d’une maison dans le village d’Ain Fit, sur le plateau du Golan, sa ville natale. De son ancien foyer, seuls demeurent quelques inscriptions en arabe et des murs criblés de balles ; elle y pénètre, nettoie, contemple l’horizon de la vallée du Golan et se projette dans la création de l’œuvre Light Horizon.

«À travers ses œuvres, Randa Maddah tente de réparer le mal provoqué par l’occupation du Golan, de combler la perte de la terre, de l’histoire, de la langue et de la culture arabes, la perte de la mémoire et de la liberté. Light Horizon est une œuvre poignante», commente Claude Lemand.


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.


Le Gray fait son grand retour à Beyrouth : symbole d’espoir et de renouveau

Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
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  • Cinq ans après l’explosion du port, Le Gray rouvre ses portes en novembre 2025, devenant un symbole fort de relance pour le centre-ville de Beyrouth et l’hospitalité libanaise
  • Sous la direction de Charles Akl et du chef étoilé Alan Geaam, l’hôtel incarne l’alliance du luxe, de la mémoire et du renouveau culturel, gastronomique et économique de la capitale

BEYROUTH: Cinq ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth et la fermeture qui s’en est suivie, l’hôtel Le Gray s’apprête à rouvrir ses portes en novembre 2025, marquant un tournant symbolique pour la capitale libanaise. Situé sur la place des Martyrs, au cœur du centre-ville, cet établissement iconique, membre du réseau Leading Hotels of the World (LHW) retrouve son éclat d’antan et incarne l’espoir d’un renouveau pour l’hospitalité et la culture libanaises.

Un nouveau souffle pour Beyrouth

La réouverture de Le Gray intervient dans un contexte d’effort de relance économique. Depuis l’arrivée d’un nouveau gouvernement en janvier 2025, le Liban semble s’engager dans une phase de stabilisation et de redressement. L’ouverture des Beirut Souks plus tôt en octobre a déjà insufflé un vent d’optimisme dans une ville meurtrie, encore marquée par les séquelles de la guerre de 2024.

« C’est un retour à la vie et une réaffirmation de notre engagement envers Beyrouth, » déclare Charles Akl, directeur général de Le Gray.

« Le Gray a toujours été plus qu’un hôtel : c’est un symbole, un lieu de rencontre, une part de l’âme de la ville. Aujourd’hui, il revient pour redonner espoir et dynamisme au centre-ville. »

La gastronomie au cœur du renouveau

Symbole fort de ce retour : la cuisine. Le chef franco-libanais Alan Geaam, seul chef libanais étoilé au Guide Michelin, prend les commandes des restaurants de l'hôtel. Après vingt-sept ans en France, il signe ici un retour aux sources empreint d’émotion et d’ambition.

« Mon objectif est de porter encore plus haut le nom du Liban sur la scène gastronomique internationale, » confie le chef. « C’est un honneur de revenir à Beyrouth, de former de jeunes talents et de faire rayonner notre cuisine. »

Alan Geaam introduit à cette occasion Qasti Beyrouth, déclinaison locale de son restaurant emblématique présent à Paris et dans d’autres grandes villes, ainsi que Padam, une adresse signature au sein de l’hôtel.

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Qasti Beyrouth : la cuisine d’Alan Geaam au cœur de Le Gray. (Photo: ANFR)

Une redécouverte d’un joyau urbain

À l’occasion du pre-opening de l’hôtel, un groupe de journalistes a été invité à redécouvrir les lieux. L’expérience a été décrite comme un moment d’émotion et de redécouverte, dans un cadre où se mêlent raffinement, art et mémoire.

Avec plus de 100 chambres et suites repensées sous la direction artistique de l’architecte Galal Mahmoud, l’hôtel allie élégance contemporaine et références subtiles à l’histoire et à la culture libanaises. Plus de 600 œuvres d’art ornent les espaces communs et les chambres, transformant l’hôtel en véritable galerie.

Le Gray propose également des espaces événementiels et de conférence modulables, capables d’accueillir aussi bien des événements professionnels que des célébrations privées.

Un lieu au carrefour du passé et de l’avenir

À quelques pas des Beirut Souks, du front de mer et de Zaitouna Bay, Le Gray se trouve à la croisée de l’histoire, de la culture et du renouveau économique. Il se veut désormais moteur du redéploiement touristique du centre-ville.

Pour Charles Akl, cette réouverture dépasse le simple acte économique : « C’est une responsabilité collective : celle de redonner de l’élan à la ville, de raviver les talents, et de réaffirmer la place de Beyrouth sur la carte mondiale de l’hospitalité et de la culture. »

Avec cette réouverture très attendue, Le Gray ne se contente pas de retrouver sa place dans le paysage hôtelier. Il incarne la résilience d’un peuple et la volonté d’un pays de se reconstruire, avec élégance et conviction.