Des images de Peng Shuai sur internet sèment le trouble

Peng Shuai, 35 ans, ex N.1 mondiale du double et star dans son pays, ne s'est pas manifestée publiquement depuis qu'elle a accusé Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel. (AFP)
Peng Shuai, 35 ans, ex N.1 mondiale du double et star dans son pays, ne s'est pas manifestée publiquement depuis qu'elle a accusé Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel. (AFP)
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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

Des images de Peng Shuai sur internet sèment le trouble

  • Un des clichés montre la joueuse souriante avec un chat dans les bras dans ce qui semble être son domicile. En arrière-plan, des peluches, un trophée, un drapeau chinois et des accréditations sont visibles
  • Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, se sont dit vendredi «préoccupés» par le sort de la joueuse chinoise

PEKIN: Deux vidéos et des clichés: une Peng Shuai souriante a fait son apparition samedi soir sur les réseaux sociaux, au moment où la pression internationale s'accroît sur la Chine pour obtenir des informations sur le sort de la joueuse chinoise.

Peng Shuai, 35 ans, ex N.1 mondiale du double et star dans son pays, ne s'est pas manifestée publiquement depuis qu'elle a accusé Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel.

Dans ce message initial, brièvement posté début novembre sur le compte Weibo officiel de la joueuse avant d'être censuré sur l'internet chinois, était décrite une relation sentimentale contrariée avec M. Zhang, marié, avant qu'il n'occupe de hautes fonctions.

Dans cet écrit attribué à Peng Shuai mais dont l'AFP n'avait pu vérifier l'authenticité, la joueuse expliquait que Zhang Gaoli avait repris contact avec elle lorsqu'il a pris sa retraite en 2018. Un rapport sexuel "forcé" est évoqué. 

Depuis ces affirmations, le sort de Peng Shuai fait l'objet de nombreuses interrogations.

"Ces derniers jours, elle est restée chez elle en toute liberté et ne voulait pas être dérangée", a affirmé samedi Hu Xijin, influent rédacteur en chef du Global Times, un quotidien chinois au ton résolument nationaliste.

Peng Shuai "se montrera bientôt en public", a-t-il écrit en anglais à la mi-journée (heure de Pékin) sur Twitter, bloqué en Chine.

M. Hu, qui revendique une certaine proximité avec le pouvoir, a dans la soirée publié deux vidéos de la joueuse "dînant avec son entraîneur et des amies dans un restaurant" à Pékin et tournées le jour même, selon ses dires.

L'AFP n'était pas en mesure de confirmer le lieu ni les conditions dans lesquelles les images ont été tournées. Et Hu Xijin n'en faisait aucune référence sur son compte Weibo en chinois.

Dîner et convivialité

Sur les images, Peng Shuai est entourée de deux femmes avec lesquelles elle partage un repas et du vin dans un lieu bruyant. Un homme est assis face à la joueuse et la conversation concerne "des matches". 

"Demain c'est le 20 novembre" (samedi), dit-il, avant de se voir interrompre par l'une des convives: "C'est le 21" (demain dimanche). 

L'échange, qui semble mis en scène, est filmé en soirée au téléphone portable par une personne non identifiée. Peng Shuai apparaît détendue. 

Dans un communiqué publié samedi, le président de la WTA Steve Simon a trouvé "positif" de voir l'athlète, mais "la vidéo seule n'est pas suffisante" pour montrer qu'elle est "libre de ses décisions et de ses actions", a-t-il estimé, toujours "préoccupé par la santé et la sécurité de Peng Shuai".

Le Royaume-Uni a exhorté samedi soir la Chine à "fournir de toute urgence des preuves vérifiables de sa sécurité et de sa localisation". 

Affaire Peng Shuai: ce que l'on sait des accusations et de la situation

Voici ce que l'on sait:


L'accusation

Le 2 novembre, un message publié brièvement sur le compte officiel Weibo de la joueuse (équivalent à Twitter en Chine) décrit une relation sentimentale contrariée avec Zhang Gaoli, marié, avant qu'il n'occupe de hautes fonctions.

M. Zhang a été de 2013 à 2018 l'un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine. Mais l'affaire ne concerne pas la période pendant laquelle il était à ce poste.

Dans cet écrit attribué à Peng Shuai, la joueuse explique que Zhang Gaoli a repris contact avec elle en 2018 lorsqu'il a pris sa retraite. Un rapport sexuel contraint est évoqué. 

M. Zhang, aujourd'hui septuagénaire, n'a pas réagi à ces déclarations. 

Il n'est pas clair si le message a été personnellement publié par Peng Shuai.

 

La censure

Le message de la championne a rapidement été effacé mais des captures d'écran ont été faites. Ces dernières ont rapidement été censurées sur l'internet chinois et le sont toujours. 

L'accusation portée par Peng Shuai a cependant été publiée sur Twitter - bloqué en Chine - ce qui lui a permis de connaître un écho mondial. 

En Chine, le nom Peng Shuai apparaît toujours dans les résultats de recherche sur internet, mais l'affaire ainsi que les recherches associant la joueuse et M. Zhang ne donnent aucun résultat.

 

Le tollé

Sur Twitter, le hashtag #WhereIsPengShuai a pris de l'ampleur. Les plus grands joueurs de tennis mondiaux l'ont utilisé pour exprimer leur inquiétude à son sujet. 

L'ancienne N.1 mondiale Naomi Osaka s'est ainsi dite "choquée par la situation". 

"Honnêtement, c'est choquant qu'elle ait disparu", a également déclaré à la presse le N.1 mondial Novak Djokovic.

L'Américaine Serena Williams s'est dite "bouleversée et choquée". "Ça doit faire l'objet d'une enquête et nous ne devons pas rester silencieux", écrit l'Américaine sur Twitter.

"J'espère qu'elle sera bientôt retrouvée, parce que l'on ne parle pas ici d'un match de tennis ou d'une compétition, mais on parle de vie humaine", a pour sa part déclaré l'Allemand Alexander Zverev.

L'organisation Amnesty International fait part de sa "profonde préoccupation" en l'absence d'apparition publique de Peng Shuai.

 

La réponse officielle

La WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis, a appelé à "une enquête approfondie, juste et transparente concernant les accusations de violences sexuelles à l'encontre de Peng Shuai". 

En début de semaine, le patron de la WTA, Steve Simon a dit "avoir reçu confirmation, de plusieurs sources incluant la fédération chinoise, qu'elle est en sécurité et pas menacée physiquement". 

Sollicitée par l'AFP, cette dernière n'a pas souhaité faire de déclarations à ce sujet, tout comme le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le tournant diplomatiquePlusieurs pays dont les Etats-Unis et la France se sont dit vendredi "préoccupés" par le sort de la joueuse chinoise. 

L'ONU a demandé des preuves qu'elle se porte bien.

 

Des clichés

Dans la foulée, quatre clichés de la championne de tennis sont publiés vendredi par le compte Twitter @shen_shiwei, libellé "média affilié à l'Etat chinois" par le réseau social.

Le compte Twitter en question -- réseau social bloqué en Chine -- affirme en anglais que ces photos ont été postées en privé par la joueuse pour souhaiter "bon week-end" à ses contacts. 

Hu Xijin, influent rédacteur en chef du quotidien chinois Global Times, affirme avoir confirmation que ces clichés sont "bien des photos actuelles" de Peng Shuai.

"Ces derniers jours, elle est restée chez elle en toute liberté et ne voulait pas être dérangée", affirme-t-il en anglais sur Twitter, précisant que Peng Shuai "se montrera bientôt en public".

Un email

Mercredi, la télévision publique chinoise CGTN avait publié la capture d'écran d'un courriel attribué à Peng Shuai et qu'elle aurait envoyé personnellement à la direction de la WTA. 

La chaîne de langue anglaise et destinée au public étranger en dévoile son contenu supposé: les accusations "sont fausses" et Peng Shuai affirme qu'elle "se repose". "Tout va bien. Merci encore d'avoir pris de mes nouvelles" conclut l'email.

Le contenu du message et son authenticité laissent perplexe Steve Simon.

L'ONU a aussi demandé des preuves qu'elle se porte bien, et plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, se sont dit "préoccupés", alors que le hashtag #WhereisPengShuai (#OùestPengShuai) s'est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

Quatre clichés prétendument récents de la championne de tennis avaient dans la foulée été publiés par le compte Twitter @shen_shiwei, libellé "média affilié à l'Etat chinois" par le réseau social.

L'AFP n'a pas été en mesure d'établir de manière indépendante à quel moment ces photos ont été prises et les demandes d'explication auprès de l'auteur du compte sont restées sans réponse.

Un des clichés montre la joueuse souriante avec un chat dans les bras dans ce qui semble être son domicile. Une autre photo montre un selfie de Peng Shuai avec une figurine de Kung Fu panda, film d'animation pour enfants.

Le compte Twitter en question affirme en anglais que ces photos ont été postées en privé par la joueuse sur un réseau social pour souhaiter "bon week-end" à ses contacts. 

Perplexité

Twitter est bloqué en Chine et seules des personnes disposant d'un logiciel de contournement type VPN peuvent y accéder. 

Ces dernières années, de nombreux diplomates chinois et médias officiels y ont cependant créé des comptes pour défendre, avec opiniâtreté parfois, le point de vue de la Chine.

Mercredi déjà, la télévision publique chinoise CGTN avait semé le trouble, en dévoilant une capture d'écran d'un courriel attribué à Peng Shuai. 

La chaîne destinée à un public étranger affirmait alors que la joueuse chinoise l'avait personnellement envoyé à la direction de la WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis.

Sur CNN, son patron Steve Simon a fait part jeudi de sa perplexité vis-à-vis du message dans lequel la championne déclare "fausses" ses accusations contre Zhang Gaoli.

"Je ne crois pas du tout que ce soit la vérité", indiquait M. Simon, qualifiant de "mise en scène" l'email en question.

L'affaire Peng Shuai est censurée en Chine et l'entourage de la joueuse n'a souhaité faire aucun commentaire.

L'ancien vice-Premier ministre Zhang Gaoli, qui a été de 2013 à 2018 un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine, n'a jamais réagi publiquement aux accusations. 


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, "tentative de "manipulation" répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

- "accroître la pression sur la Russie"-

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

- Conditions maximalistes de Poutine -

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.