Des migrants quittent le Bélarus, arrestations à la frontière polonaise

Irakiens arrivant à l'aéroport d'Erbil, après avoir été rapatriés de Bélarus, où des milliers de migrants ont campé à la frontière polonaise pendant des semaines dans l'espoir d'entrer dans l'UE. (Photo, AFP)
Irakiens arrivant à l'aéroport d'Erbil, après avoir été rapatriés de Bélarus, où des milliers de migrants ont campé à la frontière polonaise pendant des semaines dans l'espoir d'entrer dans l'UE. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Des migrants quittent le Bélarus, arrestations à la frontière polonaise

Irakiens arrivant à l'aéroport d'Erbil, après avoir été rapatriés de Bélarus, où des milliers de migrants ont campé à la frontière polonaise pendant des semaines dans l'espoir d'entrer dans l'UE. (Photo, AFP)
  • Plusieurs milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, sont bloqués depuis des jours le long de la frontière polonaise, dans l'espoir de gagner l'UE
  • Les grandes puissances du G7 ont «condamné l'orchestration par le régime bélarusse» de cette crise migratoire, sommant Minsk d'y mettre un terme «immédiatement» et d'autoriser l'accès à l'aide humanitaire

SOKOLKA: Un premier avion transportant des migrants irakiens a quitté jeudi le Bélarus, que les grandes puissances accusent d'avoir provoqué un afflux d'exilés à sa frontière avec la Pologne, où Varsovie a procédé à l'arrestation d'une centaine d'entre eux. 

Un appareil de la compagnie Iraqi Airways a décollé dans l'après-midi de Minsk pour Bagdad, où le gouvernement avait annoncé le « rapatriement » de ses ressortissants « volontaires ». Plus de 400 Irakiens se trouvaient à bord, selon l'agence de presse russe Interfax. 

Plusieurs milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, sont bloqués depuis des jours le long de la frontière polonaise, dans l'espoir de gagner l'UE. Mais Varsovie, ainsi que les deux autres voisins européens du Bélarus, la Lituanie et la Lettonie, refusent les laisser passer. 

L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré depuis l'été cet afflux de migrants, en riposte à des sanctions occidentales prises contre le régime d'Alexandre Loukachenko après la répression en 2020 d'un mouvement d'opposition. 

Signe que la situation reste tendue, les forces de sécurité polonaises ont annoncé l'arrestation d'une centaine de migrants qui avaient tenté de franchir la frontière dans la nuit de mercredi à jeudi. 

Minsk a indiqué qu'environ 7 000 migrants se trouvaient sur son territoire, se disant prêt à en « rapatrier » 5 000, « s'ils le souhaitent », au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président bélarusse Alexandre Loukachenko et la chancelière allemande Angela Merkel. 

La présidence bélarusse a aussi assuré que Mme Merkel allait négocier avec l'UE un « corridor humanitaire » pour évacuer les 2 000 migrants restants vers l'Allemagne. Mais Berlin n'avait pas commenté cette affirmation dans l'immédiat. 

Un vol de rapatriement est arrivé à Erbil, au Kurdistan d'Irak

Un appareil irakien parti de Minsk avec à son bord des migrants qui étaient bloqués à la frontière polono-bélarusse a atterri jeudi soir à l'aéroport d'Erbil, au Kurdistan d'Irak, région d'où nombre d'entre eux sont originaires, a constaté un correspondant de l'AFP.  

Au total, 431 personnes se trouvaient à bord du Boeing 747 de la compagnie nationale Iraqi Airways, selon le porte-parole du gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien, Jotiar Adel.   

L'immense majorité des passagers est descendue à Erbil de l'appareil qui doit redécoller dans la soirée pour Bagdad.  

Parmi les passagers se trouvaient de nombreux enfants et femmes. A leur descente d'avion, certains se cachaient le visage afin de ne pas apparaître sur les images retransmises en direct par les télévisions locales.  

Beaucoup d'entre eux portaient leurs biens personnels dans des sacs à dos ou des sacs plastique.  

Ce rapatriement, le premier depuis le début de la crise migratoire à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, se fait « sur la base du volontariat », selon le gouvernement de Bagdad.  

Les Kurdes d'Irak rentrés jeudi faisaient partie d'un groupe de plusieurs milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, qui étaient bloqués depuis des jours le long de la frontière polonaise, dans l'espoir de gagner l'UE.   

Le G7 condamne Minsk 

Jeudi, les grandes puissances du G7 ont « condamné l'orchestration par le régime bélarusse » de cette crise migratoire, sommant Minsk d'y mettre un terme « immédiatement » et d'autoriser l'accès à l'aide humanitaire. 

En attendant, sur le terrain, les tentatives de traversée de la frontière continuaient.  

« Un groupe d'environ cent migrants a été arrêté par les services polonais », a indiqué le ministère polonais de la Défense, accusant les forces spéciales bélarusses d'avoir « forcé les migrants à jeter des pierres sur les soldats polonais afin de détourner leur attention ». 

Une vidéo diffusée par le ministère de la Défense montre des soldats polonais entourant un groupe important de migrants accroupis par terre la nuit dans une forêt, près d'une clôture de fils de fer barbelé. 

L'incident n'a pas pu être vérifié de manière indépendante, car les journalistes sont interdits de la zone frontalière immédiate du côté polonais. 

Lors d'un autre incident, des séquences vidéo diffusées par les gardes-frontières bélarusses montraient un chien garde-frontière lituanien mordant un homme allongé sur le sol dans un sac de couchage. 

Les gardes-frontières lituaniens ont admis l'incident, affirmant qu'ils tentaient de repousser un groupe de migrants au Bélarus et que les gardes-frontières n'avaient pas vu le migrant. 

Enfant mort  

Isolé sur la scène internationale, Minsk a affirmé mercredi que les discussions entre Mme Merkel et M. Loukachenko, qui se sont entretenus à deux reprises cette semaine, avaient abouti à un accord sur l'organisation de pourparlers Bélarus-UE. 

Mais cette annonce a été immédiatement nuancée par Berlin et la Commission européenne, qui ont évoqué une coopération entre Minsk et l'UE pour fournir une aide humanitaire aux migrants coincés à la frontière par des températures glaciales. 

Le gouvernement polonais a, lui, mis en garde contre tout accord sur la crise qui pourrait être conclu « au-dessus de nos têtes ». 

La Russie a salué le dialogue direct entre l'UE et le Bélarus et nié toute implication dans cette crise. 

Au moins 11 migrants sont morts des deux côtés de la frontière depuis l'été, selon des organisations humanitaires.  

Une d'entre elles, le Centre polonais d'aide internationale (PCPM), a déclaré avoir aidé, aux premières heures de jeudi, un couple syrien qui se trouvait dans la forêt frontalière depuis un mois et demi.  

« Leur enfant d'un an est mort dans la forêt », a-t-elle indiqué. 


Deuxième session de discussions entre l'Iran et les États-Unis sur le nucléaire à Rome

Une photo montre l'entrée de l'ambassade d'Oman à Rome, où se tiendra le deuxième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (Photo d'Andreas SOLARO / AFP)
Une photo montre l'entrée de l'ambassade d'Oman à Rome, où se tiendra le deuxième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (Photo d'Andreas SOLARO / AFP)
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  • Iran et États-Unis reprennent ce samedi à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après des échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays
  • « Nous sommes conscients que la voie vers un accord sera semée d'embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. 

ROME : Iran et États-Unis reprennent ce samedi à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après des échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l'envoyé américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, tiendront ces discussions sous la médiation du sultanat d'Oman, comme lors des précédents pourparlers tenus à Mascate.

Les pourparlers doivent débuter à « midi, heure d'Iran », soit 10 h 30 à Rome (8 h 30 GMT), a indiqué depuis l'Italie l'envoyée spéciale de la télévision d'État iranienne.

La délégation iranienne est arrivée à Rome dans la nuit, selon des images diffusées samedi par la télévision d'État iranienne, sur lesquelles on peut voir M. Araghchi descendre d'un avion. Il mènera des discussions « indirectes », a précisé la chaîne.

À la veille des discussions, M. Araghchi a fait part de ses « sérieux doutes » quant aux intentions des États-Unis.

« Nous sommes conscients que la voie vers un accord sera semée d'embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. 

M. Araghchi a de nouveau mis en garde les États-Unis contre « des demandes déraisonnables et irréalistes », après que M. Witkoff a réclamé, en début de semaine, un démantèlement total du programme nucléaire, y compris civil.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont pour leur part exclu toute discussion sur les capacités militaires et de défense, notamment le programme balistique qui inquiète la communauté internationale.

L'influence régionale de l'Iran figure aussi parmi « les lignes rouges » du pays, selon l'agence de presse officielle Irna.

Téhéran soutient dans la région ce qu'il qualifie d'"axe de la résistance", une alliance de groupes armés hostiles à Israël incluant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen, ainsi que des milices chiites en Irak.

Après le lancement des pourparlers irano-américains, Israël a réaffirmé sa détermination à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, disant disposer d'un « plan d'action » pour ce faire.


Une plainte pour racisme et islamophobie a été déposée contre la Ligue italienne d'extrême droite

Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue est contraire à la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'imposer des amendes aux plateformes de médias sociaux qui ne modèrent pas les contenus préjudiciables. (AFP/File)
Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue est contraire à la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'imposer des amendes aux plateformes de médias sociaux qui ne modèrent pas les contenus préjudiciables. (AFP/File)
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  • Les partis d'opposition ont déposé une plainte auprès de l'organisme de surveillance des communications, accusant le parti d'utiliser des images générées par l'intelligence artificielle dans le cadre d'une stratégie d'« incitation à la haine ».
  • Si dénoncer les crimes commis par des étrangers constitue de la « xénophobie », le problème ne serait peut-être pas le mot, mais ceux qui l'utilisent pour censurer le débat », estime le porte-parole de la Ligue.

LONDRES : Le parti italien d'extrême droite, la Ligue, a été renvoyé devant l'organisme de surveillance des communications du pays après que les partis d'opposition ont déposé une plainte concernant des images "racistes, islamophobes et xénophobes" générées par une intelligence artificielle et partagées sur les médias sociaux par le vice -premier ministre et chef du parti, Matteo Salvini.

La plainte a été déposée jeudi auprès de l'Agcom, l'autorité italienne de régulation des communications, par le Parti démocrate de centre- gauche, ainsi que par les Verts et l'Alliance de gauche. Les images publiées par la Ligue contiendraient "presque toutes les catégories de discours de haine", selon The Guardian, qui a été le premier à rapporter l'histoire.

"Dans les images publiées par le parti de Salvini et générées par l'IA, on trouve presque toutes les catégories de discours de haine, du racisme et de la xénophobie à l'islamophobie. Ils utilisent l'IA pour cibler des catégories spécifiques de personnes - les immigrés, les Arabes - qui sont présentées comme des criminels, des voleurs et des violeurs potentiels", a déclaré Antonio Nicita, sénateur du PD.

M. Nicita a également critiqué la décision de flouter les visages des victimes supposées, la qualifiant de "trompeuse" et accusant la Ligue d'induire intentionnellement les utilisateurs en erreur en leur faisant croire que les images étaient réelles.

Emilio Borrelli, député de l'Alliance des Verts et de la Gauche, a déclaré que ces images faisaient "partie de leur stratégie visant à susciter la peur parmi les citoyens" et à "inciter à la haine". 

Au cours du mois dernier, des dizaines d'images apparemment générées par l'IA ont été publiées sur les canaux de médias sociaux de la Ligue, notamment Facebook, Instagram et X. Beaucoup d'entre elles représentent des hommes de couleur, souvent armés de couteaux, attaquant des femmes ou des agents de police.

Un porte-parole du parti de M. Salvini a confirmé que certaines de ces images avaient été générées numériquement, mais il a insisté sur le fait que "le problème n'est pas l'image. L'important, c'est le fait", ajoutant que les posts étaient "basés sur des rapports véridiques de journaux italiens".

Toutefois, des experts en informatique légale ont déclaré que toutes les images en question présentaient des signes évidents d'avoir été générées artificiellement. Ils ont également noté que, bien que les plateformes soient tenues d'étiqueter les contenus générés par l'IA, dans la plupart des cas, les outils de détection automatique n'ont pas réussi à le faire.

Dans l'un des post cités dans la plainte, une mère et un père en tenue islamique semblent crier leur colère à une jeune fille - une représentation qui, selon les plaignants, alimente les stéréotypes raciaux et islamophobes. Le journal cité dans l'article, Il Giorno, ne fait aucune référence à la religion de la famille et n'inclut aucune photographie. Le seul détail donné est que l'enfant a suivi des cours d'arabe.

Comme l'indique le Guardian, l'utilisation d'images générées par l'IA par les partis d'extrême droite en Europe s'est intensifiée ces derniers mois. Les cibles sont souvent des réfugiés de zones de conflit comme la Syrie, le Soudan et l'Afrique subsaharienne, ainsi que des personnes issues d'une autre minorité

 minoritaires. Ces représentations invoquent fréquemment la théorie du complot du "Grand Remplacement", qui a été démentie et qui prétend faussement que l'immigration fait partie d'un complot visant à éroder l'identité et la culture européennes.

Salvini, qui a profité de l'augmentation du nombre de réfugiés en Europe pour conserver un rôle de premier plan dans la politique italienne et plaider en faveur de politiques d'immigration plus strictes, a souvent fait la une des journaux pour des remarques incendiaires, notamment en qualifiant les immigrants - souvent des hommes - de "chiens et de porcs". Fin 2024, il a été acquitté des accusations d'enlèvement et de manquement au devoir, les juges ayant estimé que les preuves présentées par les procureurs étaient insuffisantes pour le condamner. L'affaire découlait d'un incident survenu en 2019, au cours duquel M. Salvini, alors ministre de l'intérieur, avait refusé d'autoriser un navire de sauvetage de migrants espagnols à accoster dans un port italien, laissant les personnes à bord bloquées en mer pendant 19 jours.

Interrogé sur le fait de savoir si la Ligue était consciente que les images pouvaient inciter à la haine, un porte-parole du parti a déclaré : "Nous sommes désolés, mais notre solidarité va aux victimes, pas aux auteurs. Si dénoncer les crimes commis par des étrangers signifie 'xénophobie', le problème n'est peut-être pas le mot mais ceux qui l'utilisent pour censurer le débat. Nous continuerons à dénoncer, avec des mots et des images fortes, ce que d'autres préfèrent ignorer.

Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue enfreint la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'infliger des amendes aux plateformes de médias sociaux qui n'ont pas modéré les contenus préjudiciables.


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.