Podium, diadèmes et souvenirs de guerre: en Israël, l'élection de «Miss Shoah»

"Merci beaucoup, je suis émue, je n'ai pas de mots", souffle dans le micro tendu par une mannequin longiligne Selina Steinfeld, chevelure rouge, robe dorée et lourd collier de perles. (Photo, AFP)
"Merci beaucoup, je suis émue, je n'ai pas de mots", souffle dans le micro tendu par une mannequin longiligne Selina Steinfeld, chevelure rouge, robe dorée et lourd collier de perles. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Podium, diadèmes et souvenirs de guerre: en Israël, l'élection de «Miss Shoah»

  • Organisé depuis 2012 par l'association caritative israélienne Yad Ezer La-Haver, ce concours de beauté inédit veut «donner aux rescapées de la Shoah un peu de l'enfance qu'on leur on a volé»
  • Ce concours n'a pas manqué de susciter une controverse dès sa création, certaines organisations considérant que le génocide était un sujet trop sérieux pour être célébré sous les paillettes

JERUSALEM, NON DEFINI : Les robes de soirée brillent sous les projecteurs, les brushings sont compacts, les talons hauts, les diadèmes étincelants. Mais sur le podium ce soir-là à Jérusalem, les miss qui défilent ne sont pas comme les autres: elles ont toutes survécu à la Shoah.


"Merci beaucoup, je suis émue, je n'ai pas de mots", souffle dans le micro tendu par une mannequin longiligne Selina Steinfeld, chevelure rouge, robe dorée et lourd collier de perles. Cette rescapée du génocide juif, née en 1935 en Roumanie, a été couronnée mardi soir "Miss Shoah 2021" face à neuf autres concurrentes.


Organisé depuis 2012 par l'association caritative israélienne Yad Ezer La-Haver ("Une main tendue à un ami" en hébreu), ce concours de beauté inédit veut "donner aux rescapées de la Shoah un peu de l'enfance qu'on leur on a volé", explique Shimon Sabag, fondateur de l'organisation. 


"C'est très important. On les habille, on les maquille, on prend soin d'elles. On les met au centre", dit-il à l'AFP.

(Photo, AFP)


Enveloppée dans un châle gris irisé, Kuka Palmon se sent comme "une adolescente". A 87 ans, elle vient de passer l'après-midi à se faire pomponner par des professionnels et trouve que "c'est divin".


Née en Roumanie, elle s'est cachée dans une cave pendant la Seconde Guerre mondiale tandis que son père était jeté dans un train en direction des camps nazis. "Quand il est revenu du convoi de la mort, c'était un squelette", se rappelle Kuka, aux cheveux lourdement laqués et au teint tout aussi poudré. "Quand il est arrivé à la maison, je me suis enfuie, j'ai dit 'ce n'est pas mon père'. Il sautait sur la nourriture. J'avais peur".


Pour cette rescapée à la voix fluette, le concours de reines de beauté, au-delà des strass et des écharpes de miss, est une opportunité "énorme" de "pouvoir raconter (son) histoire au monde".


A tour de rôle sur le podium d'une salle de Jérusalem, les 10 concurrentes sélectionnées par Yad Ezer racontent brièvement leur histoire. Certaines ne veulent pas lâcher le micro, quelques-unes ont la voix éteinte par l'émotion.


Comme dans un concours de beauté ordinaire, les candidates appellent à "la paix dans le monde". Mais la mélodie de "Dancing queen" d'Abba, l'écran géant, le jury composé de mannequins et de femmes d'affaires israéliennes aux robes d'un luxe tapageur, n'éclipsent jamais l'omniprésente Shoah.


Diadème sur la tête, on parle des pogroms, de camps de travail, de la famine et de Josef Mengele, médecin nazi d'Auschwitz surnommé l'"ange de la mort" pour ses expérimentations sur les déportés.

Grotesque ou divertissant?
Organisé quelques semaines avant le concours de Miss Univers prévu en décembre à Eilat dans le sud d'Israël, celui des rescapées n'a pas manqué de susciter une controverse dès sa création, certaines organisations considérant que le génocide était un sujet trop sérieux pour être célébré sous les paillettes.


Pour Colette Avital, présidente d'un regroupement d'organisations israéliennes d'aide aux rescapés, les femmes qui participent au concours ont subi de telles souffrances, "inscrites dans leur chair", qu'"on ne peut pas (leur) faire (faire) des concours de beauté".


"C'est ridicule, c'est grotesque et c'est un manque de respect envers elles", estime-t-elle auprès de l'AFP.


Arrivée à la deuxième place, Marcelle Epstein, 80 ans, rejette les critiques et dit avoir du "plaisir à voir des vieilles qui se font plaisir".


Placée dans un orphelinat du sud de la France pendant la guerre, cette pétulante Marseillaise arrivée en 1948 en Israël s'estime chanceuse d'avoir échappé aux nazis.


"Moi j'ai pas passé (de temps) comme les gens dans les camps", confessait la coquette et dynamique octogénaire quelques jours avant la compétition dans son appartement de Tel-Aviv. De cette période, elle garde surtout des souvenirs de l'après-guerre, lorsqu'elle a retrouvé à la sortie de l'orphelinat des parents qu'elle ne reconnaissait pas et dont elle "ne voulait pas".


"Mais encore maintenant quand j'entends parler de la Shoah ça me fait mal", glissait-elle.


Heureuse d'avoir été choisie première dauphine de Miss Shoah, elle estime que le concours, au-delà de la simple beauté des octogénaires, devrait toujours primer la candidate la plus âgée.


"Donnez-lui le sentiment qu'elle est une reine", lance-t-elle dans un français teinté d'un accent d'hébreu: "Combien de temps peut-elle vivre encore?"


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.