Grands importateurs, les Emirats veulent leur propre industrie de défense

Un jet Yakolev au Dubai Air Show. (AFP).
Un jet Yakolev au Dubai Air Show. (AFP).
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Grands importateurs, les Emirats veulent leur propre industrie de défense

  • Les Emirats sont à l'offensive pour développer des "capacités nationales" pour leur industrie de défense et moins dépendre de leurs énormes importations d'armements
  • Edge, un groupe public, basé dans la capitale Abou Dhabi, a été créé il y a deux ans et regroupe 25 sociétés d'armements émiraties

DUBAI: Des drones, des missiles guidés, des simulateurs: les Emirats sont à l'offensive pour développer des "capacités nationales" pour leur industrie de défense et moins dépendre de leurs énormes importations d'armements, explique à l'AFP un responsable du consortium émitari de défense Edge.


Ce groupe public, basé dans la capitale Abou Dhabi, a été créé il y a deux ans et regroupe 25 sociétés d'armements émiraties, marquant "la maturité de notre industrie de défense", estime Khalid Al Breiki, président d'une des cinq divisions d'Edge.


Edge s'est hissé l'an dernier parmi les 25 plus importantes entreprises de défense au monde avec un chiffre d'affaires de plus de 5 milliards de dollars (plus de 4,4 milliards d'euros), une première pour un pays du Moyen-Orient, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).


"Nous avons réalisé que nous devions regrouper nos capacités sous un même toit pour nous concentrer sur ce que nous voulons fabriquer dans le pays, et nous pouvons désormais le faire à l'échelle mondiale", explique Khalid Al Breiki.


"Nous avons une mentalité de start-up, mais avec les économies d'échelle" permises par une grosse structure, plaide-t-il.


Le groupe compte 13.000 salariés "venus du monde entier" mais veut embaucher davantage d'Emiratis, notamment en nouant des accords avec les universités du pays ou à l'étranger.


Au salon aéronautique de Dubaï, l'un des septs émirats qui composent le pays avec entre autres Abou Dhabi, l'énorme stand de l'industriel expose une panoplie de produits fabriqués aux Emirats, des bombes guidées aux systèmes de cybersécurité. 


Et il fait feu de tout bois, multipliant les contrats, quasi exclusivement au profit des forces armées émiraties, notamment pour l'entretien des avions militaires de l'armée de l'air (près de 4 milliards de dollars, soit plus de 3,5 milliards d'euors) ou la fourniture de munitions guidées (880 millions de dollars ou plus de 707 million d'euros).

Coopération avec Israël

Comme leur voisins saoudien et qatari, les Emirats arabes unis, riches de leur pétrole, figurent parmi les tout premiers importateurs mondiaux d'armements et cherchent à diversifier leur économie.


Dans la défense, cela commence par les "offsets", ces compensations industrielles de plus en plus exigées quand un pays acquiert un matériel à l'étranger, afin de développer son économie et ses compétences.


"Nous avons déjà 20 produits réalisés dans le cadre de l'initiative +Made in the UAE+ (fabriqué aux Emirats arabes unis, ndlr) et 13 ont été annoncés cette année", s'enorgueillit Khalid Al Breiki.


"Nous aspirons à disposer de capacités nationales, mais nous n'avons pas un degré de maturité suffisante pour nous passer de partenaires", convient-il. 


L'industriel multiplie donc les accords, avec les américains Lockheed-Martin et Raytheon par exemple, ou le brésilien Embraer, et "fait partie de l'écosystème Airbus".


Si certains partenariats consistent en l'attribution de licences de production à Edge, l'entreprise en conclut d'autres plus ambitieux, dans lesquels le partenaire "achète nos produits et les vend pour nous", selon lui.


L'établissement de relations diplomatiques officielles avec Israël l'année dernière a ouvert de nouvelles opportunités avec les industriels de défense de l'Etat hébreu, présents en nombre pour la première fois au salon de Dubaï.


"Nous discutons et signons des contrats avec eux", confie Khalid Al Breiki, "nous suivons la politique de notre gouvernement".


Le géant israélien de l'armement de pointe Elbit Systems, qui conçoit notamment des drones, a ainsi annoncé dimanche la création d'une filiale aux Emirats destinée notamment à "diriger le transfert de technologies vers les partenaires locaux".


Edge, qui a glané une vingtaine de contrats à l'export pour des services ou des munitions, espère bien s'imposer sur la scène internationale. EPI, l'une de ses entités spécialisée dans l'ingénierie de précision pour l'aéronautique, exporte ainsi plus de 60% de sa production.


"L'export est important, pas simplement du point de vue économique" mais aussi la démonstration de la qualité des armements émiratis, explique-t-il: "si nous avons un bon produit, nous devrions pouvoir le vendre à l'étranger".


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
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  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
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  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
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  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.