PARIS: "Même si on redoutait des attaques d'ampleur, je pense qu'en réalité on n'était pas préparés" aux attentats du 13-Novembre, a expliqué mercredi l'ancien procureur de Paris François Molins devant la cour d'assises spéciale.
Témoignant assis en raison d'une sciatique, François Molins qui occupe depuis novembre 2018 le poste de procureur général près la Cour de cassation, a rappelé qu'il avait vécu les attentats du 13-Novembre comme "un échec".
"Cet attentat terroriste n'a pas été évité. J'ai toujours vécu ce type de situation comme un échec. Tout n'a pas été parfait, loin s'en faut, mais nous avons donné le meilleur de nous-mêmes", a dit le haut magistrat qui a témoigné à la suite de l'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Dès 2012, a souligné M. Molins, "on a assisté à une augmentation phénoménale de la menace" avec le départ de jeunes Français en Syrie pour rejoindre la rébellion contre Bachar Al-Assad mais aussi des groupes jihadistes comme le Front al-Nosra ou l'Etat islamique. De 10 dossiers pour affaires terroristes ouverts en 2012, on est passé à 239 en 2016, a-t-il rappelé.
"On a assisté à une montée en puissance de Daech (acronyme de l'Etat islamique, ndlr) avec la proclamation du califat en juin 2014 et, en septembre 2014, avec l'appel de Daech au meurtre pour tuer les Français mécréants où qu'ils se trouvent".
L'année 2015 a été "particulièrement dure", a insisté l'ancien procureur de Paris. "Ce fut une année dramatique ponctuée d'attaques terroristes lourdes et au cours de laquelle les services de renseignement nous disaient régulièrement que la menace n'avait jamais été aussi élevée".
"La question n'était plus si mais quand, où, comment", a-t-il souligné.
L'ancien procureur de Paris est également longuement revenu sur les "nombreuses difficultés et dysfonctionnements" rencontrés lors de cette "tuerie de masse", en ce qui concerne notamment la médecine légale et les erreurs dans l'identification des corps, un "sujet épineux" pour les parties civiles.