PARIS: Plusieurs personnes, dont le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon (LFI), ont saisi la justice lundi notamment pour menaces de mort, après la publication par un groupuscule d'extrême droite d'un photomontage les représentant visés par une arme à feu, selon leurs avocats, confirmant une information de StreetPress.
Le 5 novembre, la chaîne Telegram "Les Vilains Fachos 2.0" publiait un photomontage de neuf portraits ayant tous un viseur d'arme à feu sur le front comme cible, accompagné d'un nombre de points.
Cette publication faisait suite à une enquête de StreetPress, publiée quelques jours plus tôt, sur des membres du groupuscule d'extrême droite la "Famille gallicane", qui milite selon le site en faveur du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour.
StreetPress avait notamment publié des vidéos dans lesquelles des personnes, présentées comme membres de la "Famille gallicane", tiraient à l’arme à feu sur des portraits dans une forêt.
Sur le photomontage des "Vilains Fachos", qui qualifie la "Famille gallicane" d'"amie", on reconnaît notamment M. Mélenchon, le rédacteur en chef de StreetPress, une caricature du prophète Mahomet, Anne Frank, le journaliste Taha Bouhafs et la caricature de la députée LFI Danièle Obono qui a valu au journal Valeurs actuelles une condamnation pour injure publique à caractère raciste.
"Ces menaces racistes de l'extrême droite sont de plus en plus inquiétantes. Ce qui est aussi inquiétant c'est l'absence de réaction du ministère public et du ministère de l'Intérieur, puisque l'absence de réaction favorise toujours le passage à l'acte", a réagi auprès de l'AFP Me Arié Alimi.
L'avocat a déposé plainte lundi à Paris contre X, pour menaces de mort et provocation à commettre des infractions non suivies d'effet au nom de M. Mélenchon et du journaliste Taha Bouhafs.
Dans les plaintes consultées par l'AFP, il souligne que le message donnait le nom d'un site qui "propose" des "armes létales", "sans contrôle et livrées par la poste".
Mme Obono devait également déposer plainte, selon son avocat Me Xavier Sauvignet.
Le rédacteur en chef de StreetPress Mathieu Molard a effectué lundi un signalement auprès du procureur, selon son avocate Me Valentine Rebérioux. Dans un communiqué du 4 novembre, sa rédaction dénonçait "la campagne de cyberharcèlement" dont il était victime après l'enquête sur "les soutiens armés d'Eric Zemmour".
La France insoumise (LFI) a rappelé dans un communiqué qu'il s'agissait de "la deuxième fois en moins de deux mois" qu'elle était "délibérément" prise pour cible "par ce canal d’extrême droite".
Fin septembre, Danièle Obono et Mathilde Panot, une autre députée LFI, avaient été victimes d'insultes sur une boucle Telegram des "Vilains Fachos" d'insultes. Elles avaient déposé plainte pour diffamation publique, injures à caractère sexistes et racistes.
"Nous apprenons avec satisfaction que l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH) a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire", indique LFI dans son communiqué lundi.
Saluant l'ouverture de cette enquête, Me Jade Dousselin, qui avait porté plainte pour elles dans cette affaire, a dit à l'AFP espérer "que les auteurs de propos haineux, menaçants et dégradants par leur nature sexiste et raciste ne puissent plus agir en toute impunité".