BEYROUTH : Des photos de partisans du Hezbollah aperçus dans la région chrétienne du Kesrouan au Mont-Liban ont suscité samedi la méfiance des habitants et d'élus opposés à la milice chiite, rapportent différents média locaux.
L'agence nationale Al Markaziya a fait état d'un camp d'entraînement que la milice chiite a mis en place puis démantelé par la suite. Des habitants ont en outre rapporté que des membres de la milice pro Iran ont installé des caméras de surveillance dans cette zone et arrêté certaines voitures, selon l'agence.
Des informations allant dans ce sens ont également été relayées par le média local al Jadeed et le site d'informations Al Modon.
Cette présence a été critiquée par Chawki Daccache, député membre des Forces Libanaises (FL), dénonçant sur Twitter le "déploiement de membres du Hezbollah dans les hauteurs de Ouyoun el Simane ainsi que l'installation de caméras et de check-points sous la garde de l'armée libanaise". Ce dernier a appelé l'armée à prendre "les mesures nécessaires".
De son côté, l'ancien député Fares Souhaid, fondateur d'un rassemblement politique souverainiste violemment opposé au parti chiite, a dénoncé ce qu'il estime être une connivence des pouvoirs politiques et militaires. "Le déploiement de membres du Hezbollah dans la montagne est bien connu de tout ceux qui connaissent la montagne et de l'ensemble des pouvoirs politiques et militaires", a-t-il avancé.
«Puit artésien»
Selon le moukhtar (édile territorial de l'État) de Kfardebian, Wassim Mehanna, les photos montrant des check-points du Hezbollah sur la route Baalbeck-Kfardebiane font référence au déploiement prévu à l'occasion de la cérémonie d'ouverture d'un puit artésien dans les alentours de Hadath Baalbeck.
Mais d'après l'antenne Radio Liban libre, l'intensification de la présence du Hezbollah serait une réponse aux évènements de Tayouneh à la mi-octobre où des habitants présumés proches ou affiliés aux FL du quartier chrétien de Ain el Remmaneh, dans la banlieue de Beyrouth auraient ouvert le feu sur des protestataires armés du tandem chiite Amal Hezbollah lors d'une manifestation qui a dégénéré en affrontements à l'arme lourde, faisant sept morts.
Le Hezbollah avait en effet appelé ses supporters à manifester pour demander à ce que le juge Tarek Bitar chargé de l'enquête sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth soit dessaisi, tandis que les FL s'y opposent fermement.
Depuis ces affrontements violents, les tensions sont vives entre les FL du leader maronite Samir Geagea et le Hezbollah, qui a mis en garde sans le nommer le chef des FL en évoquant les "100.000 combattants" de la milice chiite.