La Silicon Valley bélarusse en quête d’exil

La Silicon Valley bélarusse en quête d’exil
La Silicon Valley bélarusse en quête d’exil
Short Url
Publié le Mercredi 23 septembre 2020

La Silicon Valley bélarusse en quête d’exil

  • Le Bélarus a signé nombre de succès mondiaux dans l'univers des technologies numériques, comme le jeu World of Tanks ou la messagerie chiffrée Viber
  • Depuis la présidentielle du 9 août, de nombreux employés de l'IT bélarusse ont rejoint les manifestations anti Loukachenko, ce qui a été suivi de représailles gouvernementales

VARSOVIE: Emporté par le tourbillon politique autour d'une élection présidentielle contestée, le puissant secteur des technologies de l'information (IT) bélarusse tourne ses yeux vers les pays voisins qui, eux, le verrait volontiers délocaliser chez eux.

Malgré une économie très contrôlée par l'Etat et dépendante de la Russie, avec un lourd héritage soviétique et centrée sur l'agriculture et l'industrie lourde, le Bélarus a signé nombre de succès mondiaux dans l'univers des technologies numériques comme le très populaire jeu World of Tanks ou, en coopération avec des Israéliens, la messagerie chiffrée Viber. 

Depuis la présidentielle du 9 août, de nombreux employés de l'IT bélarusse ont rejoint les manifestations, des milliers ayant signé une lettre ouverte appelant à une nouvelle élection et à la fin de la répression parrainée par le président autoritaire Alexandre Loukachenko, en poste depuis 26 ans.

« Tel un port assurant la sécurité au business, nous sommes prêts à faire partager notre succès avec nos amis bélarusses », a déclaré Renata Zukowska, une porte-parole de l'Agence polonaise des investissements et du commerce (PAIH).

La PAIH supervise un programme officiel appelé « Poland. Business Harbour » offrant un soutien juridique et logistique aux sociétés et spécialistes de l'IT bélarusses désireux de s'installer en Pologne. 

« Il y a un très grand intérêt pour ce programme », assure Zukowska en évoquant une cinquantaine d'appels quotidiens du côté bélarusse.

L'Agence polonaise indique travailler sur « la délocalisation d'une partie ou de l'ensemble de dix établissements importants et de dizaines de sociétés plus petites », sans dévoiler leurs enseignes.

Silicon Valley bélarusse

Basé sur une culture scientifique héritée de l'URSS et poussé par des avantages fiscaux, le secteur IT bélarusse emploie actuellement quelque 60.000 personnes et représente environ 5% du PIB bélarusse, selon les estimations.

En 2005, Minsk a créé un Parc des Hautes Technologies, surnommé la Silicon Valley bélarusse, une zone d'activité où les entreprises du secteur sont exemptées de taxes et, généralement, à l'abri des problèmes habituels que rencontrent les sociétés dans l'ex-URSS tels que les démêlés judiciaires indus, pressions ou corruption.

L'idylle a été rompue depuis la réélection contestée du président Loukachenko. Des représentants du secteur ont soutenu l'opposition, s'exposant à la répression des autorités.

Mikita Mikado, fondateur de la société de logiciels PandaDoc a proposé d'aider financièrement les membres des forces de sécurité qui souhaitent quitter leurs rangs. Depuis, sa société fut perquisitionnée et des dirigeants arrêtés pour « détournement de fonds ». 

Le géant russe de l'internet Yandex, dont les locaux à Minsk ont été investis brièvement par des hommes masqués en août, a décidé d'évacuer ses employés.

Aussi, des représentants du secteur ont-ils menacé à plusieurs reprises de délocaliser leurs activités. 

D'autres aspirations

« Au milieu des tensions, pressions et violences, il n'est pas possible de se concentrer sur le bon travail », estime Lukasz Czajkowski, responsable de l'Association polonaise des producteurs de logiciels SODA. 

« Ces gens veulent du changement. Ils ont des contacts avec le monde, travaillent pour des clients occidentaux donc ils voyagent, ils gagnent mieux leur vie que la plupart des Bélarusses, ils ont d'autres aspirations », indique-t-il.

Jouissant d'une bonne réputation, ils sont volontiers accueillis dans d'autres pays. Dans un premier temps, il s'agissait de l'Ukraine, la Lituanie et le Kazakhstan. 

« Il semble normal qu'on leur tende la main, d'autant plus que tout le monde y est gagnant », souligne Czajkowski. 

Selon des estimations de la Commission européenne, en 2019 la Pologne avait besoin de 50.000 employés de l'IT. 

Pays baltes

Tout comme la Pologne, les pays baltes, qui ont fait partie de l'URSS mais sont redevenus indépendants et ont rejoint l'UE, ont prévu des mesures d'accueil pour des Bélarusses et particulièrement pour le secteur IT.

Kaspars Rozkalns, directeur de l'Agence lettonne d'investissements et de développement (LIAA), vient d'évoquer « 29 sociétés (bélarusses) qui envisagent sérieusement la délocalisation alors que 12 autres l'ont déjà décidée ».

La Lituanie signale des pourparlers avec plus de 60 sociétés bélarusses, principalement du secteur IT.

La présidente estonienne Kersti Kaljulaid a reçu cette semaine Valéri Tsepkalo, le père du hub IT bélarusse. 

Cet ancien proche du régime, que le pouvoir a empêché de se présenter à la présidentielle du 9 août, a récemment trouvé refuge en Pologne.


Ukraine : Zelensky accuse la Russie de violer le cessez-le-feu qu'elle a pourtant annoncé

Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • « Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques.
  • En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi la Russie de violer le cessez-le-feu que Vladimir Poutine venait d'annoncer pour Pâques et que l'Ukraine s'était engagée à respecter, ce qui constituerait la pause la plus significative dans les combats depuis le début du conflit il y a trois ans.

« Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18 heures (15 heures GMT) à minuit entre dimanche et lundi (21 heures GMT dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré le chef de l'État russe.

« Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté, tout en demandant aux forces russes de se tenir prêtes à une « réponse immédiate et complète » en cas de « violations de la trêve ».

« Si la Russie est prête à vraiment s'engager, l'Ukraine fera de même », a écrit le président ukrainien sur X, ajoutant qu'il proposait « d'étendre le cessez-le-feu au-delà du 20 avril ».

En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

Le gouverneur de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a pour sa part fait état d'attaques de drones russes au même moment.

« Les combats se poursuivent et les attaques russes continuent », a déclaré samedi soir le chef d'état-major de l'armée ukrainienne. « Dans certaines zones de la ligne de front, l'artillerie russe continue d'être entendue, malgré la promesse de silence du dirigeant russe. Des drones russes sont utilisés. »

« Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue volonté de mettre fin aux hostilités. Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles », a mis en garde Andriy Sybiga, le ministre ukrainien des Affaires étrangères. 

Samedi, la Russie a par ailleurs annoncé avoir échangé 246 prisonniers de guerre ukrainiens contre le même nombre de prisonniers russes, ainsi que 31 blessés ukrainiens et 15 blessés russes.

Les Émirats arabes unis, médiateurs dans ce dossier, ont confirmé l'opération dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié samedi soir, saluant « le plus grand échange de prisonniers depuis le début de la guerre ».

La Pâques, l'une des plus importantes fêtes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.

Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.

La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine semblent s'enliser ces derniers jours.

Par ailleurs, la Russie a revendiqué samedi avoir « libéré » 99,5 % de la région russe de Koursk, cible en août 2023 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes.

Une telle progression replacerait à nouveau la totalité du front sur le sol ukrainien, ce qui renforcerait la confiance de la Russie.

À Moscou, Evgeniy Pavlov, 58 ans, a exprimé son scepticisme à l'égard de la trêve annoncée.

« Il ne faut pas donner de répit à l'Ukraine. Si nous insistons, cela signifie que nous devons aller jusqu'au bout », a-t-il dit à l'AFP.


Canada: participation élevée pour le vote anticipé

Un bénévole installe des panneaux de signalisation pour diriger les gens vers un bureau de vote lors du vote anticipé à Montréal, Québec, Canada, le 19 avril 2025. (Photo par ANDREJ IVANOV / AFP)
Un bénévole installe des panneaux de signalisation pour diriger les gens vers un bureau de vote lors du vote anticipé à Montréal, Québec, Canada, le 19 avril 2025. (Photo par ANDREJ IVANOV / AFP)
Short Url
  • Selon les données préliminaires d'Elections Canada envoyées à l'AFP, plus de 2 millions de Canadiens ont voté dès le premier jour du vote par anticipation vendredi, soit une augmentation de 36 % par rapport au même jour lors des élections de 2021.
  • Le pays est confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain.

MONTREAL : L'organisme chargé des élections au Canada a noté samedi une participation anticipée élevée, qui témoigne d'un « engouement pour le vote » à une semaine d'un scrutin législatif dominé par les tensions avec le voisin américain.

Selon les données préliminaires d'Elections Canada envoyées à l'AFP, plus de 2 millions de Canadiens ont voté dès le premier jour du vote par anticipation vendredi, soit une augmentation de 36 % par rapport au même jour lors des élections de 2021.

Les électeurs canadiens peuvent voter par anticipation jusqu'à lundi soir, avant le scrutin du 28 avril. Vendredi, de longues files d'attente se sont formées devant des bureaux de vote dans plusieurs grandes villes du pays et l'attente a duré jusqu'à deux heures, ont rapporté des superviseurs à l'AFP.

« C'est une élection particulière à cause de ce qui se passe avec les États-Unis », explique à l'AFP Josée Fournier, rencontrée devant un bureau de vote à Montréal samedi. 

Le pays est confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain, et « c'est sérieux ce qui se passe », ajoute l'agent de ressources humaines de 60 ans, qui a hésité jusqu'au bout avant de faire son choix.

Raphaël Collomb, 35 ans, a suivi de très près la campagne en « lisant tout dans les médias et les programmes des candidats ». Son souhait ? « Que l'économie aille mieux et qu'il y ait plus de tranquillité pour tout le monde », dit-il à l'AFP.

Donald Trump multiplie les menaces douanières et les attaques contre la souveraineté du pays, ce qui incite de nombreux électeurs canadiens à voter pour le parti perçu comme le plus apte à faire face au président américain.

Selon les derniers sondages, les Libéraux du Premier ministre sortant Mark Carney recueillent environ 44 % des voix, contre 38 % pour les conservateurs. Viennent ensuite le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 8 % des intentions de vote, puis le Bloc québécois (parti indépendantiste qui ne présente des candidats qu'au Québec) avec 5 %.  


Des milliers d'Américains manifestent contre Trump

Une personne crie à côté d'une image du président Donald Trump alors que des gens participent à une manifestation organisée pour « Protéger les migrants, protéger la planète » le 19 avril 2025 à New York. Les organisateurs de la manifestation nationale ont déclaré que les manifestations visaient à dénoncer la « prise de contrôle hostile du gouvernement » par l'administration Trump. Adam Gray//Getty Images via AFP)
Une personne crie à côté d'une image du président Donald Trump alors que des gens participent à une manifestation organisée pour « Protéger les migrants, protéger la planète » le 19 avril 2025 à New York. Les organisateurs de la manifestation nationale ont déclaré que les manifestations visaient à dénoncer la « prise de contrôle hostile du gouvernement » par l'administration Trump. Adam Gray//Getty Images via AFP)
Short Url
  • Des milliers d'Américains sont descendus dans la rue samedi à New York et dans d'autres grandes villes du pays pour une deuxième journée de mobilisation anti-Trump en l'espace de deux semaines.
  • « Les immigrés sont les bienvenus ici », criaient les manifestants réunis devant la bibliothèque de la plus grande ville des États-Unis, à quelques encablures de la célèbre Trump Tower du milliardaire. 

NEW-YORK : Des milliers d'Américains sont descendus dans la rue samedi à New York et dans d'autres grandes villes du pays pour une deuxième journée de mobilisation anti-Trump en l'espace de deux semaines.

« Pas de roi en Amérique » ou « Résistons à la tyrannie » pouvait-on lire sur des pancartes lors de la manifestation new-yorkaise, à côté d'images du président américain affublé d'une moustache à la Hitler.

« La démocratie court un grand danger », a déclaré à l'AFP Kathy Valy, 73 ans, une descendante de survivants de la Shoah, qui affirme que ce que ses parents lui ont raconté à propos de la montée du nazisme dans les années 1930 « est en train de se passer ici ».

« La différence avec les autres fascistes (...) c'est que Trump est trop bête pour être efficace et que son équipe est divisée », se rassurait-elle.

Les manifestants ont particulièrement dénoncé la politique anti-immigration de la Maison Blanche, alors que la Cour suprême a suspendu les expulsions d'immigrés sur la base d'une loi de 1798 sur « les ennemis étrangers ».

« Les immigrés sont les bienvenus ici », criaient les manifestants réunis devant la bibliothèque de la plus grande ville des États-Unis, à quelques encablures de la célèbre Trump Tower du milliardaire. 

Des contestataires se sont aussi rassemblés devant la Maison Blanche à Washington, bien qu'en nombre apparemment inférieur à la précédente mobilisation du samedi 5 avril, qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes.

Benjamin Douglas, 41 ans, a dénoncé : « L'administration Trump mène un assaut contre l'État de droit et le fait qu'il faut empêcher l'État d'empiéter sur les droits des gens qui vivent ici, aux États-Unis. »

M. Douglas, un Américain d'origine palestinienne portant un keffieh sur la tête, tenait une pancarte en soutien à Mahmoud Khalil, un étudiant arrêté le mois dernier à New York et menacé d'expulsion pour avoir organisé des manifestations contre la guerre à Gaza.

L'administration républicaine s'en prend à des personnes « afin de faire monter la xénophobie et d'éroder des protections juridiques bien établies », accuse-t-il. 

Des rassemblements ont également été signalés à l'extérieur de concessions Tesla, la marque automobile propriété d'Elon Musk, milliardaire chargé par Donald Trump de réformer en profondeur la fonction publique.

La mobilisation était organisée par un groupement baptisé 50501, en référence aux 50 États du pays et à l'objectif de 50 manifestations. L'ensemble de ces actions doit aboutir à un mouvement d'opposition unique au milliardaire républicain.

Le mouvement constitue « une réponse décentralisée et rapide aux actes anti-démocratiques et illégaux de l'administration Trump et de ses alliés ploutocrates », explique-t-il sur son site internet.

Selon cette organisation, quelque 400 manifestations étaient prévues dans la journée et 50501 a appelé des millions de personnes à descendre dans la rue.

Toutefois, il est difficile d'obtenir des chiffres précis, de nombreux services de police refusant de fournir des estimations.