PARIS : Après l'affaire Benalla, un nouveau dossier sensible à l'Élysée ? Un militaire de l'état-major particulier de la présidence, accusé par une autre de l'avoir violée le 1er juillet, fait l'objet d'une enquête et a été placé le 12 juillet sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
Dans son article révélant l'affaire, Libération affirme que les faits se seraient produits dans des locaux de l'état-major particulier de l'Élysée le 1er juillet, en marge d'un pot de départ de trois collaborateurs, et bien après le départ du chef de l'État Emmanuel Macron qui avait prononcé un discours en début de soirée.
"Une jeune militaire, qui assistait auparavant au pot de départ, dit s'être vue imposer des violences sexuelles par un homme, lui aussi militaire" et "sous-officier". "Les deux militaires sont affectés à l'état-major particulier, travaillent ensemble au quotidien et se connaissent", selon le quotidien.
La jeune femme aurait déposé "dans les heures qui ont suivi" une main courante au commissariat du VIIIe arrondissement, ajoute Libération.
Contactée, une source judiciaire a confirmé l'information du quotidien selon laquelle un juge d'instruction parisien a été saisi le 12 juillet d'une information judiciaire pour "viol".
Cette source a précisé que "les investigations sont toujours en cours" et le militaire mis en cause "a été placé" le 12 juillet à l'issue de son interrogatoire devant le juge d'instruction "sous le statut de témoin assisté", un statut moins incriminant que celui de mis en examen.
Comme à Libération, l'Élysée a indiqué ne "jamais" commenter "les affaires judiciaires en cours".
La présidence d'Emmanuel Macron a été marquée par d'autres agissements fautifs reprochés à l'un des collaborateurs du chef de l’État, le chargé de mission Alexandre Benalla.
L'affaire avait déclenché un séisme politique dont les répliques avaient secoué pendant de longs mois le sommet de l’État, de révélations de presse en commissions parlementaires.
«Zone protégée»
Et l’Élysée s'était vu reprocher un supposé manque de diligence à le sanctionner.
Très rapidement, l’Élysée a précisé à Libération puis à l'AFP vendredi que "dès que les faits ont été portés à la connaissance des autorités, des mesures ont immédiatement été prises : écoute, soutien et accompagnement de la victime, affectation immédiate, loin de l'Élysée, de la personne incriminée".
Comme à Libération également, une source proche du dossier a souligné que "Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, se veut depuis l’affaire Benalla intransigeant, intraitable et fulgurant dès qu’il y a un comportement inapproprié d’un collaborateur de l’Elysée".
Alors que Libération indique qu'une "enquête administrative" a été déclenchée à l'encontre du militaire suspecté, le ministère des Armées n'a pas souhaité commenter dans l'immédiat.
Une source proche du dossier, sans s'exprimer sur le fond d'une "affaire de mœurs qui aurait pu se produire partout ailleurs", a estimé que "le problème, c'est que cela se passe dans une zone protégée, à savoir les bureaux mêmes de l'état-major particulier", qui sert d'interface entre le président de la République et les forces armées.
"On ne fait pas la fête à l'EMP si le chef n'est pas là!", s'est alarmée cette source.
"Ce genre d'événement, l'instinct naturel de l'armée est d'essayer de le cacher, ajoute encore cette source. Or depuis plusieurs années on a des cellules de soutiens, d'écoute, qui marchent pas trop mal. La conclusion que j'en tire est qu'on a assez peu appris à gérer ce type de crise, notamment du point de vue de la communication."