MANAMA : Les Emirats arabes unis et Bahreïn mènent leurs premières manœuvres navales conjointes avec Israël, un an après la normalisation des relations de ces pays du Golfe avec l'Etat hébreu et dans un contexte de "menace" face à l'Iran, ont indiqué jeudi des sources militaires.
Les manœuvres, qui ont commencé mercredi et dureront cinq jours, se déroulent dans la mer Rouge, adjacente au stratégique canal de Suez et dont les rives sont notamment partagées par l'Egypte, l'Arabie saoudite et le Yémen en guerre, a indiqué dans un communiqué la marine américaine qui mène l'exercice.
"C'est passionnant de voir les forces américaines s'entraîner avec des partenaires régionaux pour améliorer nos capacités collectives de sécurité maritime", a déclaré le vice-amiral Brad Cooper, le chef du Commandement central des forces navales américaines (Navcent), cité par le communiqué.
"La collaboration maritime aide à préserver la liberté de navigation et les flux libres commerciaux, qui sont essentiels pour la stabilité et la sécurité régionales", a-t-il ajouté.
Il s'agit de la première collaboration militaire en mer entre les Emirats, Bahreïn et Israël depuis l'établissement de liens diplomatiques entre ces pays arabes et l'Etat hébreu en septembre 2020.
L'an dernier, Israël et les Emirats avaient participé à un exercice aérien en Grèce. Et le mois dernier, le chef de l'aviation émiratie, le général Ibrahim Nasser Mohammed al-Alawi, s'est rendu dans le sud israélien pour assister à "Blue Flag", le plus important exercice aérien organisé par Israël.
Outre renforcer la coopération avec de nouveaux partenaires régionaux, l'exercice en mer Rouge vise à préserver les mers de l'influence de l'Iran, ennemi numéro un de l'Etat hébreu, a commenté un responsable de l'armée israélienne sous le couvert de l'anonymat.
L'Iran dans la mire?
Cet exercice "va accroître notre coopération et la sécurité en mer, et pas simplement en mer Rouge, car nous sommes aux prises avec le terrorisme de l'Iran qui s'est manifesté il y a quelques mois avec le Mercer Street", a déclaré ce responsable, évoquant la "menace" de l'Iran.
Le 29 juillet, le MT Mercer Street, un pétrolier géré par une société appartenant à un milliardaire israélien, a été la cible d'une attaque au drone au large d'Oman, fatale à un agent de sécurité britannique et un membre d'équipage roumain.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël ont très rapidement pointé du doigt l'Iran, qui a démenti toute implication, sur fond d'attaques et de sabotages en série dans les eaux de la région.
"L'enchâssement de l'Iran (dans la région) ne se fait pas qu'avec des guérillas qui oeuvrent par procuration (...) mais se joue aussi en mer", a ajouté ce responsable israélien, en citant les manoeuvres iraniennes en début de semaine dans le détroit d'Ormuz, stratégique pour le transport d'hydrocarbures.
Les Emirats, Bahreïn et Israël ont comme préoccupation commune l'Iran, accusé d'avoir orchestré des attaques contre des navires dans la mer Rouge et dans le détroit d'Ormuz, qui relie le Golfe à la mer d'Oman.
"Les Israéliens peuvent déclencher (une attaque contre l'Iran) mais c'est nous qui déciderons de son issue", a dit le général iranien Amirali Hajizadeh, chef de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.