BERLIN : Plus de contaminations et plus de malades à l'hôpital: l'épidémie de Covid-19 s'emballe en Allemagne, où la barre des 50.000 nouvelles infections quotidiennes a été franchie, forçant le futur chancelier Olaf Scholz à sortir de sa réserve.
Appelé à succéder à Angela Merkel, le social-démocrate affronte sa première crise alors même qu'il ne devrait pas entrer en fonction avant le mois de décembre et la conclusion des négociations entre son parti SPD, les écologistes et les libéraux.
Le futur gouvernement allemand est rattrapé par une nouvelle vague de contaminations qui enfle depuis la fin de l'été et touche des pays européens où le taux de vaccination est encore insuffisant. Comme l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas ou la Suisse sont confrontés à une envolée du nombre de cas.
L'épidémie submerge aussi depuis plusieurs semaines la Bulgarie et la Roumanie qui ont le plus faible taux de vaccination de l'UE.
A contrario, l'Espagne, championne de la vaccination sur le continent, est épargnée par ce rebond.
L'Allemagne a enregistré jeudi un nombre record de nouvelles infections avec 50.196 cas supplémentaires en 24 heures.
"Les politiciens auraient dû réagir beaucoup plus tôt aux analyses claires de la science et introduire une réglementation cohérente à l'échelle nationale", a déploré jeudi le président de l'institut scientifique Max Planck, Martin Stratmann.
Réunion d'urgence
Olaf Scholz tente de désamorcer les critiques sur l'impréparation du pays. Pour donner un cap, les futurs partenaires de coalition ont soumis jeudi au parlement un paquet de mesures misant sur une nouvelle campagne de vaccination, le retour des tests gratuits, l'imposition de restrictions pour les personnes non vaccinées.
"Nous devons prendre de très nombreuses mesures nécessaires pour passer cet hiver", a exhorté devant les députés M. Scholz, ministre des Finances dans le gouvernement sortant d'Angela Merkel.
"Un très grand nombre de ceux qui ne sont pas vaccinés seront infectés (...) C'est la situation qui nous attend", a-t-il mis en garde, souhaitant la réouverture des centres de vaccination.
Les propositions, si elles sont adoptées, devraient entrer en vigueur à la fin du mois.
Les trois partis ont, en revanche, exclu d'imposer la vaccination obligatoire, même pour les soignants.
Une réunion d'urgence entre l'Etat fédéral et les régions a été convoquée pour jeudi prochain.
La flambée est en partie attribuée au taux de vaccination relativement faible de la population en Allemagne, un peu plus de 67%.
Le ministre de la Santé Jens Spahn avait récemment qualifié cette nouvelle vague de "pandémie des non vaccinés".
Carnavaliers insouciants
Le taux d'incidence sur sept jours, qui mesure le nombre de nouvelles infections pour 100.000 habitants, s'élève désormais à 249, au plus haut depuis le début de la pandémie, avec des situations alarmantes dans les Länder de Saxe (521), de Thuringe (469,2) ou en Bavière (427).
Le nombre de décès en 24 heures grimpe, s'élevant jeudi à 235.
La pression est croissante sur les unités de soins hospitaliers, même si le nombre de malades du Covid hospitalisés en soins intensifs, actuellement de 2.739, est encore loin du record de décembre dernier (5.762).
L'Allemagne a dû commencer à transférer des patients des régions les plus touchées vers des établissements hospitaliers pouvant les accueillir.
Angela Merkel avait jugé mercredi "dramatique" la reprise des infections dans le pays.
Plusieurs Etats touchés ont pris les devants et commencé à serrer la vis aux personnes non vaccinées ou ne pouvant prouver qu'elles sont guéries de la maladie.
A compter de lundi, Berlin va leur interdire l'accès aux restaurants sans terrasse, aux bars, aux salles de sport et aux salons de coiffure.
Ce type de dispositif dit "2G", pour "geimpft" (vacciné) ou "genesen" (guéri), est déjà entré en vigueur cette semaine en Saxe.
Des élus appellent à une nouvelle annulation des traditionnels marchés de Noël dans les régions les plus touchées.
Mais la flambée de l'épidémie n'a pas empêché la grande ouverture du carnaval de Cologne jeudi dans une ambiance festive pour un public vacciné ou guéri.
"Le risque est raisonnable", a assuré à l'AFP Uwe Schörnig, trésorier d'une association de carnavaliers, au milieu de la foule, rassemblée sans masque au coeur de la vieille ville.