La lanceuse d'alerte de Facebook prône des réseaux sociaux «à échelle humaine»

La lanceuse d'alerte américaine et ancienne ingénieure Facebook Frances Haugen réagit à son arrivée pour témoigner devant les commissions parlementaires, à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 10 novembre 2021. (Photo, AFP)
La lanceuse d'alerte américaine et ancienne ingénieure Facebook Frances Haugen réagit à son arrivée pour témoigner devant les commissions parlementaires, à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 10 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 10 novembre 2021

La lanceuse d'alerte de Facebook prône des réseaux sociaux «à échelle humaine»

  • « Nous pouvons remettre les réseaux sociaux à l'échelle humaine, revenir en arrière jusqu'en 2008 ou 2009, où notre fil d'actualité était constitué de contenus générés par nos amis » et où « on ne parlait pas de détruire la démocratie »
  • « Facebook a mené des expériences là-dessus ces dernières années: si votre famille et vos amis constituent une plus grande partie de ce que vous voyez, vous avez moins de discours haineux, moins de polarisation, moins de nudité, moins de violence »

PARIS : La lanceuse d'alerte de Facebook, Frances Haugen, a plaidé mercredi devant les députés français pour des réseaux sociaux "à échelle humaine", débarrassés des mécanismes "d'hyper-amplification" qui alimentent la désinformation et la propagation de contenus haineux.

"Nous pouvons remettre les réseaux sociaux à l'échelle humaine, revenir en arrière jusqu'en 2008 ou 2009, où notre fil d'actualité était constitué de contenus générés par nos amis" et où "on ne parlait pas de détruire la démocratie", a déclaré Mme Haugen devant les membres de la commission des Lois et de la commission des Affaires économiques.

"Facebook a mené des expériences là-dessus ces dernières années: si votre famille et vos amis constituent une plus grande partie de ce que vous voyez, vous avez moins de discours haineux, moins de polarisation, moins de nudité, moins de violence", a-t-elle dit.

Frances Haugen a notamment pris pour cibles les grands groupes sur Facebook, qui peuvent compter des millions de membres.

Selon elle, Facebook pousse délibérément les utilisateurs à rejoindre ces grands groupes, parce qu'ils permettent un renouvellement infini des contenus, pour river l'utilisateur à son fil d'actualité.

Or, ces groupes sont comparables à de véritables "usines à variants", où les "plus extrêmes" des contenus sont sélectionnés pour être poussés vers des millions de personnes, a-t-elle regretté.

Frances Haugen, qui s'est déjà exprimée en Europe, notamment au Web Summit de Lisbonne et au Parlement européen, a plaidé une fois de plus pour que Facebook soit contraint de rendre publiques les données qu'il détient sur l'utilisation de son service.

"Facebook nous dit qu'il est au courant des problèmes" d'hyper-amplification de contenus problématiques, "mais nous n'avons jamais accès aux données qui nous permettraient d'estimer les progrès qui sont faits" pour y remédier, a-t-elle déploré.

Facebook devrait être contraint de les fournir "toutes les semaines", à "10 000 paires d'yeux", à des chercheurs ou des spécialistes des algorithmes qui pourraient évaluer les choses, a-t-elle dit.

La lanceuse d'alerte de Facebook a par ailleurs salué la volonté des députés français de renforcer la protection des lanceurs d'alerte, dans une proposition de loi.

"Toute forme de soutien que vous donnerez aux lanceurs d'alerte sera bénéfique", a-t-elle dit.

Ce texte, adopté mercredi en commission, doit venir en première lecture dans l'hémicycle le 17 novembre.

La proposition de loi prévoit de mieux définir le statut des lanceurs d'alerte et orienter leurs démarches, mieux les protéger ainsi que ceux qui les assistent, faciliter leur soutien financier et psychologique, entre autres.

Interrogée sur le soutien dont elle avait pu bénéficier, elle a notamment cité sa mère qui a pu lui apporter un robuste soutien psychologique quand elle préparait son offensive.

"J'ai eu la chance incroyable de vivre avec ma mère l'an dernier, à cause du Covid", a-t-elle expliqué.

"Elle est pasteur, et j'ai bénéficié d'innombrables d'heures de conseils et de thérapie" de sa part, a-t-elle dit.

"J'ai parlé à d'autres lanceurs d'alerte qui n'ont pas bénéficié du même soutien, et ils ont vraiment souffert", a-t-elle dit.

 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.