En Irak, les agriculteurs peinent sous l’effet des phénomènes météorologiques extrêmes

Ces dernières années, les moyens de subsistance des agriculteurs et des pêcheurs qui vivent le long des rives du Tigre, fleuve autrefois puissant, se sont évaporés. (Photos AN/Kareem Botane)
Ces dernières années, les moyens de subsistance des agriculteurs et des pêcheurs qui vivent le long des rives du Tigre, fleuve autrefois puissant, se sont évaporés. (Photos AN/Kareem Botane)
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Publié le Mercredi 10 novembre 2021

En Irak, les agriculteurs peinent sous l’effet des phénomènes météorologiques extrêmes

  • Le long du fleuve Tigre, des communautés autrefois florissantes affrontent une crise qui menace leur existence en raison des températures élevées qui sont devenues la norme
  • Le président irakien, Barham Salih, qualifie le changement climatique de menace la plus préoccupante sur le long terme pour son pays

MOSSOUL/BOGOTA: Couvert de la fine poussière jaunâtre que dégage sa planteuse tirée par un tracteur, Farman Noori Latif descend pour observer le résultat de son travail. Ce matin, il a semé du blé dans sa ferme au bord du fleuve Tigre, au sud de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak.

La saison des semis de blé tire à sa fin, mais ce jeune homme de 30 ans a dû attendre les pluies d'automne indispensables à la culture du blé. Sous le soleil brûlant, la terre est encore desséchée. Il est pourtant nécessaire d’agir vite pour que les cultures prennent racine avant l'arrivée de l'hiver.

«Nous sommes le 2 novembre et il fait chaud. Le temps est trop chaud pour cette période de l'année», explique M. Latif à Arab News en inspectant la terre qu’il cultive avec sa famille depuis quatre générations. «Les températures actuelles sont habituellement ressenties au mois de septembre.»

Farman Noori Latif n'est pas le seul à mener une bataille désespérée contre le climat. Le sixième rapport de l'Organisation des nations unies (ONU) sur l'avenir de l'environnement mondial publié en 2019, a classé l'Irak en cinquième position sur la liste des pays les plus vulnérables en termes de quantité d'eau et de nourriture disponibles ou encore de températures extrêmes.

Ces dernières années, les moyens de subsistance des agriculteurs et des pêcheurs qui vivent le long des rives du Tigre, fleuve autrefois puissant, se sont évaporés. Bon nombre des habitants des zones rurales ont été contraints d'abandonner leurs terres pour aller chercher du travail dans les villes.

«Nous avons tout perdu en raison du manque de pluie et des fortes chaleurs», confie à Arab News Ameer Khthr Yousif (30 ans), un agriculteur et pêcheur qui vend sa pêche au bord d'une route de la ville de Qayyarah.

«Nos récoltes dépendent du fleuve du Tigre. Si cette situation se prolonge, tout le monde ici va abandonner l'agriculture et chercher d'autres sources de revenus.»

Au cours du siècle dernier, les températures moyennes en Irak ont augmenté d'au moins 0,7°C, et les vagues de chaleur extrême sont devenues plus fréquentes. La Banque mondiale prévoit une augmentation de 2 °C des températures annuelles moyennes en Irak d'ici à 2050, et une baisse de 9 % de la moyenne des précipitations par an.

C'est en 2020-2021 que l'Irak a connu la deuxième saison la plus pauvre en pluie en quarante ans, selon les Nations unies; les aquifères du pays ne se sont pas remplis et la salinité des eaux souterraines résiduelles a augmenté.

«Les eaux souterraines se sont taries dans cette région», explique M. Latif. «Mon puits, d’une profondeur de 30 mètres, est désormais vide. Tous les puits ici se sont asséchés. Si l'on trouve encore de l'eau dans ces puits, elle sera rougeâtre ou salée.»

 

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Hazim Mahamad Ebrahim (60 ans), agriculteur originaire de Hoot al-Fouaqni, dans la ville de Qayyarah, à Mossoul. (AN Photo/Kareem Botane)

 

Du fait de la dégradation des sols, les tempêtes de poussière se font de plus en plus intenses et fréquentes. Entre 1951 et 1990, l'Irak a enregistré une moyenne de vingt-quatre jours de tempêtes de poussière par an. En 2013, il y en a eu cent vingt-deux, selon les Nations unies.

Dans une tribune publiée dans le Financial Times le 31 octobre, à l'occasion du début du sommet des Nations unies sur le climat COP26 à Glasgow, le président irakien, Barham Salih, a qualifié les conséquences économiques et environnementales du changement climatique de «menace la plus préoccupante sur le long terme» pour l'Irak.

«Les températures extrêmes et les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes et les tempêtes de poussière plus violentes», souligne M. Salih. «La désertification touche 39 % de la superficie de l'Irak et la salinisation accrue met en péril les activités agricoles sur 54 % de nos terres.».

Le même scénario de sécheresse et de hausse des températures s'applique aux pays voisins, ce qui entraîne des conflits régionaux autour de l'eau. Cette année, le ministère irakien de Ressources en eau a signalé une baisse de 50 % du débit d'eau en provenance d'Iran et de Turquie au cours de l'été.

«Les barrages installés sur les cours supérieurs et les affluents du Tigre et de l'Euphrate – fleuves historiques qui alimentent notre pays – ont réduit le débit d'eau et entraîné des pénuries», ajoute le président irakien. «Selon le ministère irakien des Ressources en eau, notre pays risque de connaître en 2035 un déficit annuel pouvant atteindre 10,8 milliards de m³ d'eau ».

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Farman Noori Latif (30 ans), agriculteur et entrepreneur du village de Muhssin, dans la région de Qarach, à Makhmur, Qayyarah, Mossoul. (Photo AN/Kareem Botane)

M. Salih est conscient de la menace que le changement climatique fait peser sur ce pays qui dépend entièrement des revenus du pétrole et où la jeune population n'arrive pas à refouler sa frustration. 

«La population irakienne est appelée à doubler, passant de 40 millions d'habitants actuellement à 80 millions d'ici à 2050. Dans le même temps, nos revenus, largement tributaires du pétrole, baisseront considérablement, à mesure que le monde renoncera aux combustibles fossiles en faveur des énergies durables et propres», précise-t-il.

«La perte de revenus risque de provoquer une migration vers les villes dont les infrastructures ne suffisent pas à subvenir aux besoins des populations qui y vivent aujourd'hui. On pourra assister, en raison de cette migration, à une montée de l'extrémisme et de l'insécurité, car les jeunes ne trouveront pas d'emploi leur assurant un niveau de vie décent.»

 

FAITS MARQUANTS

* La température moyenne en Irak a augmenté d'au moins 0,7 °C depuis 1921.

 

* En 2020-2021, l'Irak a connu la deuxième saison la plus pauvre en pluie en quarante ans.

 

* En 2013, l'Irak a connu au moins cent vingt-deux jours de tempêtes de poussière.

 

Mohammed Abdallah Ibrahim cultive sa parcelle de terre à Qayyarah depuis des dizaines d’années. Il nous parle des bouleversements climatiques auxquels il a assisté au cours de sa vie.

«Je suis agriculteur depuis les années 1970 et je n'ai jamais rien vu de pareil», déclare cet homme de 64 ans à Arab News.

Les pénuries d'eau ont contraint les agriculteurs de la région à renoncer à cultiver plusieurs types de fruits et de légumes gourmands en eau. Les variétés qui continuent à être cultivées donnent une récolte deux fois moins importante, selon M. Ibrahim.

«L'agriculture constituait une source de revenus suffisante», ajoute-t-il. «La culture nous suffisait et nous procurait des bénéfices. Nous ne travaillions autrefois que dans l'agriculture, sans avoir besoin de salaire. Mais la situation a changé. Nous sommes obligés de chercher un autre emploi pour subsister.»

«Si cette situation perdure, un avenir sombre nous attend. La jeune génération sera confrontée au chômage.»

Pour Hilal Faraj Mohamoud, le voisin d'Ibrahim, le climat du pays a énormément changé. «L'année dernière, le pays a connu une canicule inédite», raconte-t-il à Arab News. «J'ai 56 ans et je n'ai jamais ressenti une telle chaleur auparavant.»

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Hilal Faraj Mohamoud, 56 ans, un agriculteur de Hoot al-Fouaqni, Qayyarah, Mossoul. Crédit : (Photo AN /Kareem Botane)

«Nombre de fermiers ont quitté leurs terres et abandonné l'agriculture. Si la situation perdure, je crains que nous soyons tous obligés de migrer vers les villes et de renoncer à l'agriculture; nous quitterons les villages qui n'auront plus rien à nous offrir.»

Les agriculteurs ne sont pas les seuls à souffrir de la chaleur accablante. Les pâturages peu abondants, le fourrage insuffisant et la pénurie d'eau douce ont contraint les éleveurs de bétail à vendre voire à abattre leurs animaux.

«La sécheresse et des pluies insuffisantes ont tué nos animaux», raconte à Arab News Jamal Ali (49 ans), un berger de Makhmur. 

«L'élevage de bétail constitue désormais une activité coûteuse. Nous devons acheter du fourrage pour nos moutons et nos vaches: nos terres ne produisent plus suffisamment de nourriture en raison de la saison des pluies tardive et de la sécheresse. Nous avons donc vendu nos moutons pour pallier cette perte. Le changement climatique nous a fait perdre 50 % des revenus provenant des animaux et de l'agriculture.»

En outre, la déshydratation a provoqué de sérieux problèmes de santé parmi le bétail, ce qui a affecté leur capacité de reproduction.

«Les animaux sont victimes de nombreuses maladies liées au changement climatique», explique Jamal Ali. «La plus répandue concerne les malformations congénitales. Tous ces problèmes sont imputables à la pénurie de pluie et d'eau.» 

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Rayid Khalaf al-Wagaa (51 ans), agriculteur et maire de Hoot al-Foqani, Qayyarah, Mossoul. (AN Photo/Kareem Botane)

Rayid Khalaf al-Wagaa, maire de Hoot al-Foqani, un village de Qayyarah, déclare que le gouvernement fédéral de Bagdad a peu agi pour subventionner l'agriculture et prévenir les déplacements ruraux liés au climat.

«La pénurie de pluie et d'eau nous a fait perdre plus de cent mille hectares de terres. Nous possédons moins d'animaux que par le passé, en particulier des moutons», indique-t-il.

«Près de cinquante à soixante agriculteurs ont quitté la région à ce jour. Nous avons besoin du soutien des organisations internationales car les capacités du gouvernement sont limitées. Nous espérons qu'ils pourront nous aider, sinon il y aura moins d'animaux et d'agriculteurs dans les années à venir.»

En dépit du plan national d'adaptation que le gouvernement irakien a initié avec le soutien des Nations unies pour renforcer la résilience du pays au changement climatique, les communautés agricoles qui vivent sous le soleil brûlant le long du Tigre n'en ont guère profité.

Agenouillé dans la terre poudreuse pour arracher une petite plante jaune, M. Latif avertit que les fermiers irakiens ont urgemment besoin d'une aide étrangère pour maintenir leur mode de vie dans un contexte de changements climatiques impitoyables.

«Nous avons perdu tout espoir dans le gouvernement irakien; nous exhortons les pays étrangers à nous secourir», lance-t-il. «C'est le seul moyen qui nous permette de gagner notre vie. Notre seul espoir, c'est l'agriculture et sans elle, il est difficile de prévoir quel avenir nous attend.» 

 

Twitter: @kareem_botane / @RobertPEdwards

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
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  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".


Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
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  • Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël
  • "Si l’acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin"

GENEVE: Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël.

"Si l'acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin pour poursuivre bon nombre des programmes qu'il mène à Gaza", souligne le CICR  dans un communiqué.

"Les autorités doivent permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. Les otages doivent être libérés. Les civils doivent être protégés. Il faut agir de toute urgence, faute de quoi Gaza s'enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir", met en garde l'organisation basée à Genève.

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains.

"Pour les civils à Gaza, chaque jour est une lutte acharnée pour survivre aux dangers des combats et supporter les conséquences des déplacements incessants – tout cela sans pouvoir compter sur une aide humanitaire d'urgence", déclare Pascal Hundt, directeur adjoint des opérations du CICR, cité dans le communiqué.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette situation déjà critique s'aggrave davantage", insiste-t-il.

Jeudi, Mike Ryan le directeur général adjoint de l'OMS avait dénoncé ce qui se passe à Gaza comme "une abomination".

Obligation d'aider 

Or si le blocus se poursuit, des programmes tels que les cuisines collectives du CICR – qui fournissent à de nombreuses personnes leur unique repas quotidien – ne pourront pas être maintenus plus de quelques semaines, précise le communiqué.

Depuis l'instauration du blocus, l'ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine.

Le Programme alimentaire mondial a annoncé il y a quelques jours qu'il "avait épuisé tous ses stocks".

Le CICR rappelle aussi que conformément au droit international humanitaire, Israël a l'obligation, dans toute la mesure de ses moyens, de veiller à ce que les besoins essentiels de la population civile placée sous son contrôle soient satisfaits.

La situation à l'hôpital de campagne de l'organisation est également critique, certains médicaments et produits de santé étant épuisés.

"Les hôpitaux et autres structures de santé réorganisent leurs réserves et établissent des priorités pour pouvoir continuer à fonctionner. Sans réapprovisionnement rapide, ils risquent de ne plus être en mesure de prodiguer des soins vitaux aux patients", souligne le CICR, qui dénonce aussi "les attaques répétées qui empêchent le personnel de santé de faire son travail".

La guerre de représailles menée par Israël depuis le 7-Octobre a fait plus de 52.400 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, sur le territoire israélien, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Parmi les 251 personnes enlevées ce jour là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.

 


Israël bombarde près du palais du président syrien accusé de «génocide» des Druzes

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  • Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie
  • L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables"

DAMAS: Israël a mis vendredi sa menace à exécution contre la Syrie en bombardant les abords du palais présidentiel à Damas après que le chef de la minorité druze, protégée par le pouvoir israélien, eut accusé le pouvoir du nouveau président syrien Ahmad al-Chareh de "génocide".

Le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajrin, venait de dénoncer jeudi soir une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils" de sa communauté, après des affrontements confessionnels en début de semaine qui ont fait plus de 100 morts selon une ONG.

Le chef religieux druze alors réclamé "une intervention immédiate de forces internationales" et Israël -- voisin de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre et qui a pris fait et cause pour les Druzes -- avait aussitôt menacé de répondre "avec force" si Damas ne protégeait pas cette minorité religieuse.

Quelques heures après, à l'aube vendredi, "des avions de combat ont frappé les environs du palais" présidentiel à Damas, a annoncé l'armée israélienne sur Telegram.

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont martelé dans un communiqué, publié en anglais par le journal Times of Israel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz.

Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement de son prédécesseur Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement. (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, en prétendant que ce sont des éléments incontrôlés", avait dénoncé le cheikh druze.

"Rhétorique incendiaire" 

L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables".

Des combats cette semaine à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des Druzes, ainsi qu'à Soueïda, ville à majorité druze, ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dans l'ouest du pays.

Ces violences avaient été déclenchées par des attaques de militants pro-Assad contre les forces de sécurité du nouveau pouvoir.

Mercredi déjà, l'armée israélienne avait frappé près de Damas, en forme "d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya", selon M. Netanyahu.

Les Druzes sont une minorité de l'islam chiite. Ses membres sont répartis entre le Liban, la Syrie et Israël.

"Nous sommes une partie inaliénable de la Syrie", a souligné un porte-parole du rassemblement des autorités religieuses, chefs traditionnels et groupes armés druzes à Soueïda, ajoutant que la communauté rejetait "toute division" du pays.

Les combats en Syrie ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un Druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les autorités syriennes ont accusé des éléments échappant à son contrôle d'avoir provoqué les violences.

102 morts 

Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ces affrontements ont fait 102 morts, dont 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés, 21 combattants druzes et 11 civils à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda, 40 combattants druzes ont péri, dont 35 dans une embuscade, d'après l'ONG.

A Jaramana, des accords entre représentants des Druzes et du pouvoir avaient permis de rétablir le calme mardi soir, de même mercredi soir à Sahnaya à 15 km au sud-ouest de Damas où des forces de sécurité ont été déployées.

Et le pouvoir syrien avait réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les Druzes, cherchant, selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, à se ménager des alliés dans le sud syrien à un moment où l'avenir de ce pays reste incertain.