Les mesures «snapback» des États-Unis pour rétablir les sanctions sur 24 cibles liées aux armes iraniennes

Les États-Unis sanctionnent lundi plus de deux douzaines de personnes et d’entités impliquées dans les programmes nucléaires et les programmes de missiles et d’armements conventionnels de l’Iran. (AFP)
Les États-Unis sanctionnent lundi plus de deux douzaines de personnes et d’entités impliquées dans les programmes nucléaires et les programmes de missiles et d’armements conventionnels de l’Iran. (AFP)
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Publié le Lundi 21 septembre 2020

Les mesures «snapback» des États-Unis pour rétablir les sanctions sur 24 cibles liées aux armes iraniennes

  • L’administration Trump soupçonne l’Iran de chercher à se doter d’armes nucléaires
  • Les mesures punitives de lundi sont les dernières d’une série qui vise à contrecarrer le programme atomique de l’Iran

WASHINGTON : Selon un haut responsable américain, les États-Unis vont sanctionner lundi plus d’une vingtaine de personnes et d’entités impliquées dans les programmes de l’Iran portant sur le nucléaire, sur les missiles et sur les armes conventionnelles. Malgré l’opposition de ses alliés comme de ses adversaires, Washington a repris ses mesures contre Téhéran, donnant ainsi plus de poids aux sanctions de l’ONU.

Sous couvert d’anonymat, le responsable américain a déclaré que l’Iran pourrait disposer de matière fissile suffisante pour construire une arme nucléaire d’ici à la fin de l’année. Selon lui, Téhéran a repris la coopération en matière de missiles à longue portée avec la Corée du Nord qui est elle-même dotée de l’arme nucléaire. Cependant, il n’a pas fourni de preuves précises concernant ces deux affirmations.

En outre, les nouvelles sanctions s’inscrivent dans le cadre des efforts du président américain, Donald Trump, dont l’objectif est de limiter l’influence régionale de l’Iran. Ces sanctions surviennent une semaine après les accords conclus sous l’égide des États-Unis pour normaliser les liens des Émirats arabes unis et du Bahreïn avec Israël ; des accords qui pourraient engendrer une coalition plus large contre l’Iran tout envoyant un signal aux électeurs américains pro-Israël, à la veille de l’élection présidentielle du 3 novembre.

Dans ce contexte, ces nouvelles sanctions ont également mis en garde les alliés européens, la Chine et la Russie. Bien qu’ils soient enclins à ignorer la volonté des États-Unis de maintenir les sanctions de l’ONU contre l’Iran, les entreprises basées dans leurs pays respectifs sentent la menace sous-jacente d’être pénalisées.

Un décret, qui sera dévoilé lundi par l’administration Trump et dont Reuters avait déjà évoqué la préparation, constitue la marque la plus évidente de la volonté américaine: il cible ceux qui achètent ou vendent des armes conventionnelles à l’Iran.

L’administration Trump soupçonne l’Iran de chercher à se doter d’armes nucléaires – ce que nie Téhéran – et les mesures punitives de lundi sont les dernières d’une série qui vise à contrecarrer le programme atomique iranien, qu’Israël, l’allié américain, considère comme une menace existentielle.

«L’Iran fait clairement tout son possible pour garder la maîtrise de sa capacité virtuelle à revenir à l’armement au moment opportun, s’il le souhaite», a déclaré le responsable américain à Reuters

Le fonctionnaire estime que l’Iran cherche à s’assurer une capacité d’armement nucléaire ainsi que les moyens de la mettre en œuvre, malgré les accords de Vienne sur le nucléaire iranien de 2015 qui visaient à empêcher le programme atomique iranien d’accéder au marché mondial.

En mai 2018, M. Trump s’est retiré de ces accords au grand désarroi des autres parties – la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne et la Russie – et a rétabli les sanctions américaines qui ont paralysé l’économie iranienne.

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran, à son tour, a progressivement dépassé les limites imposées par cet accord, notamment en ce qui concerne la taille de son stock d’uranium faiblement enrichi ainsi que le niveau de pureté de l’uranium enrichi qui lui était autorisé.

«En raison de l’escalade nucléaire provocatrice de l’Iran, ce pays pourrait disposer de suffisamment de matière fissile pour une arme nucléaire d’ici à la fin de cette année», déclare le fonctionnaire sans donner plus de détails. Pourtant, il affirme qu’il se fonde sur «la globalité» des informations dont disposent les États-Unis, y compris celles de l’AIEA.

Pour l’agence basée à Vienne, l’Iran a commencé à enfreindre de manière significative les limites de l’accord de 2015 après le retrait des États-Unis et il continue à enrichir l’uranium jusqu’à 4,5 % seulement, bien en dessous des 20 % qu’il avait atteint avant cet accord, sans parler de la pureté d’environ 90 % qui est considérée de qualité militaire, appropriée pour fabriquer une bombe atomique.

«L’Iran et la Corée du Nord ont repris leur coopération sur un projet de missiles à longue portée, dont le transfert de pièces critiques», a-t-il ajouté, sans préciser quand ce travail conjoint a commencé, s’est interrompu, puis a repris.

Interrogé sur les nouvelles sanctions américaines imminentes et les autres déclarations du responsable américain, un porte-parole de la mission iranienne aux Nations unies les a qualifiées de propagande et a déclaré qu’elles isoleraient davantage les États-Unis.

«Le spectacle de pression maximale des États-Unis, qui comprend la communication sur de nouvelles mesures quasiment chaque semaine, a échoué lamentablement. L’annonce de nouvelles mesures ne changera pas cette réalité», a déclaré le porte-parole de la mission, Alireza Miryousefi, à Reuters dans un email.

«Le monde entier comprend que ces mesures font partie de la prochaine campagne électorale américaine et qu’elles ignorent les prétentions absurdes que les États-Unis ont divulguées aux Nations unies aujourd’hui. Cela ne fera que rendre les États-Unis plus isolés dans les affaires internationales», a-t-il déclaré.

La Maison-Blanche s’est abstenue de tout commentaire avant l’annonce de lundi.

Snapback des sanctions de l’ONU ?

Le responsable américain a confirmé que M. Trump publierait un décret qui permettra aux États-Unis de punir par des sanctions collatérales ceux qui achètent ou vendent des armes conventionnelles à l’Iran, les privant ainsi de l’accès au marché américain.

La cause immédiate de cette décision est l’expiration imminente de l’embargo imposé par les Nations unies sur les armes à destination de l’Iran. Cette décision est un signal d’avertissement pour les acteurs étrangers – les entités américaines sont déjà exclues de ce commerce – : s’ils achètent ou vendent des armes à l’Iran, ils seront soumis aux sanctions américaines.

Dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015, l’embargo des Nations unies sur les armes conventionnelles arrive à échéance le 18 octobre.

Les États-Unis déclarent avoir déclenché un «retour en arrière», ou une reprise, de pratiquement toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran, y compris l’embargo sur les armes, qui doit entrer en vigueur à 20 heures samedi.

Pour les autres parties de l’accord nucléaire et la plupart des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis n’ont pas le droit de réimposer les sanctions de l’ONU, et la décision américaine n’est pas juridiquement valide.

Vendredi, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont informé le Conseil de sécurité que la levée des sanctions de l’ONU contre l’Iran – convenues dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015 – se poursuivrait au-delà de dimanche, malgré l’affirmation de Washington.

Dans des lettres adressées samedi au Conseil de sécurité, l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun, et l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, ont tous deux qualifié la décision américaine d’«illégitime» et déclaré que l’allègement des sanctions de l’ONU contre l’Iran serait maintenu.

Samedi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a également informé le Conseil de sécurité qu’il ne pouvait pas valider la déclaration des États-Unis selon laquelle les sanctions des Nations unies avaient été réimposées, car il n’était pas certain qu’elles aient été levées.

«Il n’appartient pas au Secrétaire général de faire comme si cette incertitude n’existait pas», a-t-il déclaré.

Les cibles comprennent les programmes de l’Iran portant sur le nucléaire, sur les missiles et sur les armes conventionnelles

«Le nouveau décret définira les armes conventionnelles au sens large comme tout élément pouvant avoir une utilisation militaire. Par conséquent, il pourrait concerner par exemple les bateaux rapides que l’Iran renouvelle pour harceler les navires dans les eaux internationales», a déclaré le responsable américain à Reuters.

Il comprendrait également les planches de circuits imprimés conventionnels qui peuvent être utilisés dans les systèmes de guidage des missiles balistiques, a-t-il ajouté.

Les cibles visées par les sanctions annoncées lundi, estimées à plus de deux douzaines, comprennent les pays et entités qui sont impliqués dans les programmes de l’Iran portant sur les armes conventionnelles ou nucléaires ainsi que sur les missiles, a déclaré le fonctionnaire. Dans ce contexte, il a précisé que certaines entités sont déjà sanctionnées dans le cadre d’autres programmes américains.

Toutefois, la décision américaine pourrait être critiquée et qualifiée de redondante et conçue à des fins de relations publiques pour paraître stricte envers l’Iran ; une critique récurrente à propos des sanctions américaines.

Parmi les cibles figureront les «organisations d’armement les plus infâmes» de l’Iran, une douzaine de hauts fonctionnaires, de scientifiques et d’experts du complexe nucléaire iranien, les membres d’un réseau d’approvisionnement qui fournit des biens à double usage militaire pour le programme iranien de missiles, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires impliqués dans le programme de missiles balistiques de l’Iran, a déclaré le responsable américain

Il a refusé de révéler les noms des cibles, affirmant qu’ils seront révélés lundi. Il a de plus souligné que les États-Unis veulent empêcher les compagnies étrangères de coopérer avec eux, même si les gouvernements estiment que c’est légalement permis.

«Vous pourriez avoir une scission dans certains pays où un gouvernement étranger peut prétendre que les sanctions de l’ONU ne reviennent pas mais que leurs banques et entreprises respecteront les sanctions américaines parce qu’elles veulent s’assurer qu’elles ne sont pas une cible future», a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Des dizaines de milliers de Libanais sur la route du retour, après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Des automobilistes passent devant un bâtiment détruit dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 novembre 2024, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (AFP)
Des automobilistes passent devant un bâtiment détruit dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 novembre 2024, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (AFP)
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  • Des dizaines de milliers de Libanais chassés par les hostilités entre le Hezbollah et Israël rentrent chez eux mercredi, après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu
  • La trêve, depuis 04H00 (02H00 GMT), suspend le conflit enclenché il y a 13 mois, qui a fait des milliers de morts et 900.000 déplacés au Liban

BEYROUTH: Des dizaines de milliers de Libanais chassés par les hostilités entre le Hezbollah et Israël rentrent chez eux mercredi, après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu qui met fin à deux mois de guerre ouverte entre l'armée israélienne et le mouvement libanais armé allié de l'Iran.

La trêve, depuis 04H00 (02H00 GMT), suspend le conflit enclenché il y a 13 mois, qui a fait des milliers de morts et 900.000 déplacés au Liban, chassant également de chez elles des dizaines de milliers de personnes en Israël.

Les habitants déplacés du sud du Liban, de la banlieue sud de Beyrouth et de la Békaa (est), des bastions du Hezbollah, ont immédiatement pris la route du retour.

La banlieue sud de Beyrouth, encore bombardée mercredi à l'aube, est sillonnée de partisans du Hezbollah, brandissant le drapeau jaune du parti ou des portraits de leur chef tué fin septembre par Israël, Hassan Nasrallah, au son de tirs de célébration.

"Nous revenons dans cette banlieue héroïque" qui a "vaincu, nous sommes fiers", affirme à l'AFP Nizam Hamadé, un ingénieur.

Voitures et camionnettes surchargées formaient de longues files sur l'axe vers le sud du pays, des conducteurs klaxonnant et chantant.

Tout juste rentrée dans son village méridional de Zebqine, Hawraa Beizh, une professeure d'université découvre "des destructions énormes". Mais elle se dit à l'AFP bien décidée à se réinstaller dans sa maison familiale, "car c'est notre terre et nous allons y rester".

L'armée israélienne a toutefois averti les habitants de la région de ne pas s'approcher des positions où elle reste déployée, ou des localités dont elle a ordonné l'évacuation. Elle y a fait état de plusieurs escarmouches dans la matinée, indiquant avoir tiré sur des "suspects".

Le Hezbollah avait ouvert un front "de soutien" au Hamas contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

Après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers, Israël a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs visant le Hezbollah, et déployé le 30 des soldats dans le sud du Liban, à sa frontière nord.

- "Nouvelle page" -

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a annoncé mercredi que l'armée allait "renforcer son déploiement" dans le sud du pays, dans le cadre de l'accord qui prévoit le retrait progressif du secteur des troupes israéliennes.

M. Mikati a exprimé l'espoir d'"une nouvelle page" pour le Liban, appelant à l'élection rapide d'un président de la République, dont le pays est privé depuis plus de deux ans par ses divisions politiques.

Selon les autorités libanaises, au moins 3.823 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils sont morts en 13 mois, selon les autorités.

D'après le président américain Joe Biden, l'accord doit conduire à un arrêt permanent des hostilités, et empêcher "ce qui reste du Hezbollah" et d'autres groupes de "menacer à nouveau la sécurité d'Israël".

A la manoeuvre diplomatique depuis des semaines, Washington, grand allié d'Israël, et Paris se sont engagés à une mise en oeuvre de l'accord "dans son intégralité".

La diplomatie internationale s'est appuyée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et stipule notamment que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a souligné que son pays se réservait "une totale liberté d'action militaire" au Liban, "si le Hezbollah viole l'accord et tente de se réarmer".

Si la formation libanaise n'a toujours pas réagi, le président du Parlement, Nabih Berri, qui a négocié la trêve en son nom, a aussi appelé mercredi à "l'unité" nationale et à une élection rapide d'un chef de l'Etat.

Devenu ces dernières années une force politique incontournable au Liban, le Hezbollah sort considérablement affaibli du conflit, sa direction largement décimée.

- "Pression" sur le Hamas et l'Iran -

M. Netanyahu a fait valoir que la trêve permettra à Israël de "se concentrer sur la menace iranienne", et d'"intensifier" sa pression sur le Hamas palestinien.

Des engagements sur lesquels les éditorialistes israéliens exprimaient leurs doutes: "pourquoi n'a-t-il pas fait à Gaza ce qu'il a fait au Liban", interrogeait notamment le grand quotidien du centre  Yediot Aharonot.

Israël compte "faire tous les efforts nécessaires pour créer les conditions d'un nouvel échange d'otages", a déclaré mercredi le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

Ennemi juré d'Israël, l'Iran a salué "l'arrêt de l'agression" israélienne au Liban", son ambassade à Beyrouth félicitant "la Résistance" pour sa "glorieuse victoire", dans un message sur X.

Un membre du bureau politique du Hamas s'est félicité d'une "réussite majeure pour la résistance", affirmant à l'AFP que le mouvement palestinien était lui aussi "prêt à un accord de cessez-le-feu" dans la bande de Gaza.

Médiateur dans ce conflit, le Qatar a dit espérer "un accord similaire" pour faire taire les armes dans le territoire palestinien assiégé, dévasté et en proie à une catastrophe humanitaire.

En Cisjordanie occupée, l'Autorité palestinienne a émis l'espoir que la trêve "contribue à arrêter la violence et l'instabilité" dans la région.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.207 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 44.282, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Cessez-le-feu au Liban: le Hamas «prêt» lui aussi à une trêve à Gaza 

Un haut responsable du Hamas a salué mercredi le cessez-le-feu conclu au Liban et affirmé que le mouvement islamiste palestinien était lui aussi "prêt" à une trêve avec l'armée israélienne dans la bande de Gaza. (AFP)
Un haut responsable du Hamas a salué mercredi le cessez-le-feu conclu au Liban et affirmé que le mouvement islamiste palestinien était lui aussi "prêt" à une trêve avec l'armée israélienne dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Nous avons informé les médiateurs en Egypte, au Qatar et en Turquie que le Hamas est prêt à un accord de cessez-le-feu et un accord sérieux pour échanger des prisonniers", a-t-il ajouté, en accusant toutefois Israël d'entraver tout accord
  • Plus de 44.000 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, majoritairement des civils

GAZA: Un haut responsable du Hamas a salué mercredi le cessez-le-feu conclu au Liban et affirmé que le mouvement islamiste palestinien était lui aussi "prêt" à une trêve avec l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

"L'annonce du cessez-le-feu au Liban est une victoire et une réussite majeure pour la résistance", a déclaré à l'AFP ce membre du bureau politique du Hamas, après l'entrée en vigueur, avant l'aube, de la trêve au Liban, où l'armée israélienne combattait le Hezbollah.

"Nous avons informé les médiateurs en Egypte, au Qatar et en Turquie que le Hamas est prêt à un accord de cessez-le-feu et un accord sérieux pour échanger des prisonniers", a-t-il ajouté, en accusant toutefois Israël d'entraver tout accord.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque surprise lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas dans le sud d'Israël.

Cette attaque a entraîné la mort de 1.207 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Ce jour-là, 251 personnes avaient été enlevées sur le sol israélien. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

Une trêve en novembre 2023, la seule depuis le début de la guerre, avait permis la libération de plus de 100 otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Depuis, sept autres otages ont été libérés en vie dans des opérations de l'armée israélienne.

Plus de 44.000 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.


Offensive israélienne tous azimuts sur Beyrouth

Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, après une frappe israélienne, vue de Baabda (Liban), le 26 novembre 2024. (Reuters)
Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, après une frappe israélienne, vue de Baabda (Liban), le 26 novembre 2024. (Reuters)
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  • Les attaques se multiplient peu avant que les autorités israéliennes ne discutent de l'approbation de l'accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah, qui prendrait effet à 6 heures du matin mercredi
  • La population craint qu'Israël n'ait l'intention de déverser sa colère sur le Liban en menant des attaques incessantes tout au long de la dernière journée avant l'accord de paix

BEYROUTH : Les attaques israéliennes sur le Liban ont connu une escalade inattendue mardi, environ deux heures avant une réunion prévue du cabinet de sécurité israélien pour discuter et éventuellement approuver un accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah qui, s'il est ratifié, prendrait effet à 6 heures du matin mercredi.

Des missiles lourds, dont certains contenaient des bombes à fragmentation, ont été tirés par des avions de guerre volant à basse altitude sur Beyrouth et sa banlieue sud, après que les habitants eurent été invités à évacuer les lieux. Des villes du sud du Liban et des parties de la Bekaa ont également été visées au même moment.

Une alerte israélienne demandant aux habitants de Naqoura de quitter immédiatement la zone et de se déplacer au nord de la rivière Awali a fait craindre que l'intention soit de détruire des quartiers de la ville frontalière qui avaient échappé aux dommages causés par les précédentes frappes aériennes.

À Beyrouth, sans avertissement préalable, une frappe aérienne a touché un bâtiment du quartier de Nowayri abritant des personnes déplacées. Il se trouvait à proximité d'un centre médical affilié à la mosquée Khatam Al-Anbiya. Alors que les équipes de secours s'efforçaient de sauver les survivants piégés dans les décombres, les premiers chiffres du ministère de la santé indiquaient qu'au moins trois personnes avaient été tuées et 26 blessées dans le bâtiment visé, qui s'est partiellement effondré, et dans les propriétés avoisinantes.

Quelques minutes après cette attaque, les autorités israéliennes ont lancé 24 avertissements aux habitants de la banlieue sud de la ville. Dans les dix minutes qui ont suivi ces alertes, des avions de guerre ont simultanément attaqué les quartiers de Haret Hreik, Burj Al-Barajneh, Bir Al-Abed, Chiyah, Ghobeiry, Hay Madi, Jamous, Sfeir, Tayouneh, Old Saida Road et Ouzai. Les cartes qui accompagnaient les avertissements indiquaient que la plupart des lieux visés contenaient des immeubles résidentiels, des cafés, des restaurants et des écoles.

Une source de sécurité a déclaré que les raids ont détruit ou endommagé plus de 100 bâtiments résidentiels, ce qui représente la plus grande destruction en une seule série d'attaques depuis l'escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah il y a 64 jours.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé "sept cibles de gestion et de stockage de fonds du Hezbollah, ainsi que des centres de commandement du Hezbollah et des succursales de Qard Al-Hassan (institution financière)".

D'autres attaques ont visé le gouvernorat de Baalbek-Hermel, où des avions de guerre ont frappé Bouday, Yamouneh, Al-Ansar et Taraya. Un raid a visé la zone autour d'un avant-poste de l'armée libanaise à Douris, près de l'hôpital universitaire Dar Al-Amal, qui a été touché la semaine dernière. Le directeur de l'hôpital et un certain nombre de médecins figureraient parmi les morts.

Les Libanais ont publié des messages sur les réseaux sociaux pour exprimer leurs craintes que les autorités israéliennes n'aient l'intention de déverser leur colère sur le Liban en menant des attaques incessantes tout au long de la dernière journée précédant l'entrée en vigueur d'un accord de cessez-le-feu.

Face à cette escalade sans précédent, on ne sait toujours pas si un accord de paix sera conclu ou si les négociations échoueront, ce qui pourrait entraîner une nouvelle escalade.

La chaîne de l'armée israélienne a rapporté que "le ministre de la défense Israël Katz et le chef de l'état-major général des forces de défense israéliennes Herzi Halevi ont approuvé les plans visant à poursuivre les opérations d'attaque sur le front nord".

À la suite d'une réunion avec la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, M. Katz a publié une série de déclarations fermes dans lesquelles il affirme qu'Israël "agira contre toute menace, à tout moment et en tout lieu" et que "nous demanderons à la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) d'appliquer effectivement l'accord (de cessez-le-feu)".

Il a ajouté : "Toute maison reconstruite dans le sud du Liban qui contient une base terroriste sera détruite, tout armement sera attaqué, toute tentative de contrebande d'armes sera déjouée, et toute menace contre notre pouvoir et les citoyens d'Israël sera immédiatement détruite".

Les médias israéliens ont déclaré que tout accord approuvé mardi "ne sera pas la fin de la guerre mais un cessez-le-feu qui sera évalué quotidiennement".

Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, a déclaré que "l'ennemi israélien pourrait agir de façon malhonnête pour imposer des amendements à l'accord de cessez-le-feu ... afin de mettre fin à l'efficacité de la résistance".

Il a ajouté : "Toute modification, qu'il s'agisse d'ajouter ou de retirer du texte de la résolution 1701, est quelque chose qu'aucune personne rationnelle n'accepterait".

La résolution 1701 a été adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en 2006 dans le but de résoudre le conflit qui opposait cette année-là Israël et le Hezbollah. Elle appelle à la cessation des hostilités, au retrait des forces israéliennes du Liban, au retrait du Hezbollah et d'autres forces des parties du pays situées au sud du fleuve Litani, et au désarmement du Hezbollah et d'autres groupes armés.

L'Autorité israélienne de radiodiffusion a rapporté : "Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accepté un accord de cessez-le-feu à la suite de l'assurance donnée par les États-Unis de fournir à Israël des armes interdites.

Il a déclaré que "l'appel lancé aux habitants des villes du nord pour qu'ils retournent chez eux interviendra deux mois après la mise en œuvre de l'accord" et que "toute menace indirecte non traitée par les forces de la FINUL sera traitée par Israël lui-même, qui contrecarrera toute tentative de contrebande d'armes vers le Hezbollah".

Dans un rapport citant des informations fournies par un fonctionnaire anonyme, la chaîne d'information israélienne Channel 12 a déclaré : "L'accord est maintenant entré dans sa phase de mise en œuvre : "L'accord est maintenant entré dans la phase d'affinage de la formulation et de clarification des détails sans altérer les termes essentiels, dans l'attente de l'approbation officielle.

Selon d'autres médias, l'accord prévoit "un retrait progressif des forces israéliennes des zones où elles sont entrées au Sud-Liban dans les 60 jours" afin de permettre le déploiement de l'armée libanaise, tandis qu'un comité de cinq membres, composé de représentants des États-Unis, de la France, du Liban, d'Israël et de la FINUL, supervisera la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Pendant ce temps, la radio de l'armée israélienne a rapporté que "les forces de la Brigade Golani ont atteint la zone de la rivière Litani, qui est située à 10 kilomètres de profondeur dans le sud du Liban". L'armée a également déclaré avoir tué "Ahmad Sobhi Hazima, le commandant des opérations dans le secteur côtier du Hezbollah".

Les frappes aériennes israéliennes sur le sud du Liban mardi auraient fait un grand nombre de victimes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Parmi elles, un berger de 91 ans, Qadduh, originaire de Nabatieh, a été tué après avoir choisi de rester dans sa maison plutôt que de la quitter.

Le Hezbollah, quant à lui, a déclaré que ses forces avaient attaqué "les colonies de Kiryat Shmona, Avivim et Al-Manara".

Le groupe a également pris pour cible "le site de Habushit au sommet du mont Hermon dans le Golan syrien occupé, et a attaqué la caserne Ma'ale Golani avec des drones suicides".